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Le développement européen des CSR tiré par la réduction de la mise en décharge

Du déchet au combustible : quelle place pour les CSR en France ? Actu-Environnement.com - Publié le 09/02/2015

Le marché européen des CSR est mal connu, compte tenu notamment des différentes définitions utilisées. La réduction de la mise en décharge des déchets, et en particulier le plastique, est le principal moteur du développement des CSR.

Du déchet au combustible : quelle place...  |    |  Chapitre 3 / 6
Le développement européen des CSR tiré par la réduction de la mise en décharge
Environnement & Technique N°344 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°344
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Relativement peu de chiffres précis sont disponibles concernant le marché européen des CSR et les chiffres fournis par l'Organisation européenne des combustibles de récupération (Erfo) datent des années 2010 et 2011. Surtout, compte tenu du flou qui entoure la définition exacte des CSR, les chiffres peuvent varier sensiblement selon les sources.

Cependant, de grandes tendances se dégagent permettant d'identifier les leaders ainsi que les politiques publiques ayant soutenu le développement de ces marchés.

L'Allemagne, leader européen

En 2010/2011, le marché européen des CSR représentait 12 millions de tonnes. L'Allemagne se détachait sensiblement avec une consommation de l'ordre de 6,1 millions de tonnes en 2010, dont 3,5 millions de tonnes consommées dans des centrales énergétiques dédiées, 1,9 million de tonnes utilisées en cimenterie et 750.000 tonnes brûlées en co-incinération dans des centrales au charbon. Le marché allemand atteindrait aujourd'hui 7 à 8 millions de tonnes. Détail important, l'Allemagne disposait au début des années 2010 de plus de 100 sites de production de CSR, contre seulement une trentaine pour la Finlande qui se classait alors en deuxième place selon ce critère.

Suivent l'Italie (830.000 tonnes en 2010), le Royaume-Uni (760.000 en 2009) et la Finlande (700.000 tonnes en 2010). Cependant, ces chiffres sont difficiles à interpréter, compte tenu des lacunes. Sur les 830.000 tonnes produites en Italie, 150.000 sont consommées en cimenterie, aucune précision n'est donnée sur les autres usages, sachant qu'il n'y a, selon Erfo, aucune exportation. Même constat pour le Royaume-Uni qui ne précise que la consommation en cimenterie (200.000 tonnes) et les exportations (70.000 tonnes). La Finlande, quant à elle, se distingue par la faible part des cimentiers (60.000 tonnes) compensée par l'usage en centrale énergétique dédiée (450.000 tonnes) et un recours important aux CSR pour combler les "vides de four" de ses incinérateurs (300.000 tonnes).

La Pologne présente une situation particulière puisque sa production est de 590.000 tonnes (chiffre de 2009) pour une consommation en cimenterie de 850.000 tonnes. Si les importations comblent probablement l'écart, l'Erfo ne le précise pas. La situation suédoise est similaire, puisque le pays ne produit que 280.000 tonnes, pour une consommation de 430.000 tonnes en centrale énergétique dédiée et 60.000 tonnes en cimenterie. Le solde de 210.000 tonnes est importé.

La France, avec 200.000 tonnes produites et 50.000 importées en 2011, apparaît parmi les pays ayant peu recours aux CSR. La consommation se partage en deux parts de 100.000 tonnes entre les cimenteries et les unités de combustion dédiées. Cependant, ces chiffres sont surprenants puisque, selon l'Ademe, la Fnade et Federec, aucune unité de combustion dédiée n'existe en France. En revanche, le comblement des vides de four des incinérateurs français - un usage non renseigné dans les chiffres de l'Erfo - consommerait de gros volumes de CSR, selon les derniers chiffres de l'Ademe.

Quant aux perspectives, elles sont florissantes, avec un objectif européen compris entre 24 et 43 millions de tonnes d'ici 2020. Selon l'Erfo, la demande serait de 4 à 8 millions de tonnes (Mt) en co-combustion dans les centrales au charbon, de 5 à 10 Mt pour les cimenteries et de 15 à 25 Mt pour les unités de combustion dédiées.

La loi TASI a lancé le modèle allemand

L'Allemagne, qui se détache très nettement, est le modèle qui inspire le plus fréquemment les acteurs défendant les développements des CSR en Europe. Que nous apprend ce modèle ? Tout d'abord, c'est principalement le contenu énergétique des déchets qui a donné naissance au marché des CSR. Le grand virage a été la directive technique sur la gestion des déchets municipaux (loi TASI) de 2005 qui a notamment interdit la mise en décharge des déchets à haut pouvoir calorifique. Dans la foulée, la valorisation des déchets plastique a doublé entre 2005 et 2009, avec une hausse de 50% du recyclage et un bond de 300% de la valorisation énergétique, explique Plastics Europ. En l'occurrence, les plastiques ont joué un grand rôle puisque leur pouvoir calorifique, particulièrement élevé, permet de "doper" le pouvoir calorifique des CSR et d'ouvrir les marchés. Dans ce contexte, les cimentiers allemands ont investi et adapté leurs sites de production aux CSR. Aujourd'hui, ils incorporent jusqu'à 30% de CSR (et jusqu'à 65% tous déchets confondus) dans leur mix énergétique contre 10% environ en France (et 30%, tous déchets confondus). Si le cas de l'Allemagne est emblématique, d'autres pays disposent de législations similaires : l'Autriche et l'Italie ont adopté des restrictions d'enfouissement des déchets à haut PCI, la Finlande interdit tout enfouissement de déchets municipaux.

Autre constat : les grandes lignes du classement Eurostat des Etats membres ayant recours à l'incinération pour l'élimination des déchets recoupe celui des pays utilisant le plus les CSR. Le Danemark (54% des déchets municipaux incinérés), la Suède (51%) et l'Allemagne (37%) confirment ce point. D'ailleurs, en Allemagne, des soutiens financiers directs sous forme d'aide à l'investissement ont permis la construction d'une trentaine de centrales énergétiques dédiées aux CSR. Des centrales qui dans leur conception s'apparentent à des incinérateurs adaptés au PCI élevé des CSR. Ces unités auraient brûlé quelque 5,2 millions de tonnes de CSR en 2010, selon Plastics Europe (ce chiffre incorpore probablement les CSR et d'autres déchets plastique, ndlr). La Belgique (42% des déchets municipaux incinérés), les Pays-Bas (38%), et l'Autriche (35%) confirment aussi ce point. Bien qu'ils n'apparaissent pas en tête des pays européens, leur production de CSR est très élevée si on tient compte de la taille des pays concernés : 580.000 tonnes produites et 100.000 tonnes importées en Autriche en 2011, 465.000 tonnes produites en Belgique en 2010 et 120.000 tonnes produites aux Pays-Bas en 2010.

Philippe Collet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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