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Une expo durable pour une ville durable



  • Par Claude Gauvreau

    En 2009 et 2010, plus de 26 000 personnes ont vu l'exposition Habiter une ville durable à l'Écomusée du fier monde et dans différents quartiers de Montréal. À compter de 2012, l'exposition sera présentée dans quatre autres villes du Québec - Longueuil, Laval, Sherbrooke et Québec - grâce à l'appui financier du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Si son contenu sera adapté aux réalités de ces villes, ses  objectifs, eux, demeurent les mêmes: susciter une réflexion globale sur le développement durable en milieu urbain et, surtout, aider les citoyens à acquérir des connaissances dans ce domaine pour qu'ils agissent individuellement et collectivement en vue d'améliorer l'équilibre entre leur qualité de vie et celle de l'environnement.

    Chargé de cours à l'Institut des sciences de l'environnement et commissaire de l'exposition, Normand Brunet insiste sur l'originalité de l'événement. "Évolutive et itinérante, l'exposition constitue un outil d'éducation populaire, favorise la participation citoyenne et se veut éco-responsable en respectant dans sa forme et dans sa conception la logique même du développement durable."   

    Né en 2008, le projet Habiter une ville durable est le fruit d'un partenariat entre l'Écomusée du fier monde et le Centre d'écologie urbaine de Montréal, auxquels se sont joints le Service aux collectivités de l'UQAM et l'Institut du Nouveau monde. S'inscrivant à l'origine dans les activités des Rendez-vous sur le développement durable Jeanne-Mance, l'exposition traitait plus particulièrement de la réalité de ce secteur urbain qui regroupe les arrondissements Plateau-Mont-Royal et Ville-Marie. "Le territoire Jeanne-Mance, qui compte 140 000 habitants, présente un taux de chômage élevé et abrite plusieurs familles monoparentales, ainsi que de nombreuses personnes vivant sous le seuil de la pauvreté", rappelle le chercheur.

    Une vision globale

    L'exposition comportait trois volets présentés en trois temps : Constater le présent (juin 2009); Se donner des outils (novembre-décembre 2009); Rêver le possible (avril-juin 2010). Les thèmes de la consommation, du logement et du transport traversaient chacun des volets. En matière de transport, une carte montrant la distribution des piétons et des cyclistes blessés sur le territoire montréalais rappelait l'importance de la sécurité, alors qu'un autobus rempli de soixante voitures miniatures illustrait en un coup d'oeil l'impact de l'utilisation du transport en commun sur la diminution de la circulation.

    "Le développement durable n'est pas un enjeu strictement écologique, souligne Normand Brunet. Nos façons de nous loger, de nous déplacer et de consommer influencent profondément la viabilité urbaine. Vivre dans une ville durable, c'est pouvoir disposer entre autres d'un lieu d'habitation salubre et abordable, c'est aussi pouvoir compter sur des logements sociaux en quantité suffisante."

    Participation citoyenne

    L'exposition invitait les citoyens à livrer des témoignages et à proposer des idées, qu'il s'agisse de la création de toits et d'espaces verts, de la présence de marchés saisonniers dans les quartiers, ou d'aménagements paysagers autour des arrêts d'autobus. La création d'un stand ambulant, sorte de condensé de l'exposition, que l'on transportait dans des marchés publics, sur des rues piétonnières et dans des parcs à l'aide d'une remorque tirée par un vélo, a permis par ailleurs de rejoindre des groupes de citoyens fréquentant peu ou pas du tout les musées. "Ces derniers pouvaient déposer un message dans une trappe à courrier intégrée au stand et étaient invités à identifier un problème sur une carte du territoire Jeanne-Mance ou encore à imaginer une solution à un endroit précis dans leur quartier", précise le chargé de cours.

    Soucieux de laisser une empreinte écologique aussi minime que possible, les responsables de l'exposition ont développé l'approche dite de l'"éco-conception" qui privilégie, entre autres, l'utilisation de matières recyclées, de matériaux usagés et de produits locaux. Une partie du mobilier employé - socles, vitrines, cadres ou éclairage - avait déjà servi lors d'expositions antérieures, de même que certains objets, documents, photographies et affiches provenant d'organismes communautaires du secteur Jeanne-Mance. Bref, l'exposition était en partie recyclée et recyclable!

    Collaborateur de longue date du Centre d'écologie urbaine de Montréal, Normand Brunet est le co-auteur d'un chapitre dans l'ouvrage Musées et développement durable (La Documentation française), qui décrit la démarche citoyenne se trouvant au coeur de l'exposition. Le chercheur y défend l'idée que la dimension sociale doit occuper une place majeure dans le développement durable. "Je travaille dans une perspective d'écodéveloppement, dit-il. Celle-ci fait référence au développement par et pour les communautés, dans un esprit de solidarité sociale."

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    Source : Journal L'UQAM, vol. XXXVIII, no 8 (9 janvier 2012)


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