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CDD-14 - Débat Général : Intervention de M. Mohamed Sofiane BERRAH - Algérie.



  • A l'instar des autres délégations, l'Algérie attache une grande importance à la réalisation des objectifs convenus lors de la Conférence de Rio et du Sommet de Johannesburg.New York, le 1er mai 2006

    Monsieur le Président,

    Ma délégation s'associe à la déclaration faite par l'Afrique du Sud au nom du Groupe des 77 et de la Chine et vous félicite ainsi que les membres de votre bureau pour votre élection.

    A l'instar des autres délégations, l'Algérie attache une grande importance à la réalisation des objectifs convenus lors de la Conférence de Rio et du Sommet de Johannesburg et cette session d'examen est pour nous l'occasion d'évoquer devant cette illustre assemblée les actions entreprises dans la mise en?uvre des cadres d'actions auxquels l'Algérie a adhère volontairement et en toute responsabilité.

    Mais d'abord, permettez-moi de formuler quelques observations préliminaires :

    1. En termes de démarche, l'approche intégrée dans l'examen des quatre domaines à l'étude dans le cadre de ce cycle de mise en?uvre devrait refléter l'équilibre fragile mais toujours possible entre, d'une part, les facteurs du développement et de la croissance et, d'autre part, les conséquences parfois dommageables, qui accompagnent leur utilisation. Or les travaux de préparation des rapports de cette session ont été grandement influencés par des facteurs conjoncturels marqués par une tendance haussière des prix des hydrocarbures ce qui, à notre sens, a affecté la pertinence et l'objectivité de certaines analyses.

    2. Rien n'illustre mieux le caractère complexe des schémas de développement que la question du choix du modèle énergétique. Je rappellerai à ce propos les acquis du Sommet de Johannesburg qui, il y a quatre ans, a permis de jeter les bases sur lesquelles nous travaillons tous aujourd'hui.

    Sur un plan très général, le Sommet a permis de replacer l'énergie au c?ur du débat sur le développement durable. En second lieu, il a permis de définir dans les grandes lignes ce que doit être un développement énergétique durable qui doit à la fois :

    § assurer un meilleur accès à l'énergie à la grande majorité de la population en garantissant une offre énergétique de qualité qui soutient la croissance à long terme et qui crée des emplois, et § respecter les équilibres sociaux et environnementaux.

    Lors de ce Sommet, un consensus a émergé également sur le triptyque « énergie - environnement -développement » et autour d'objectifs quantifiables comme celui de réduire de moitié le nombre de personnes sans possibilité d'accès aux services énergétiques de base.

    Force est de constater que, depuis, les engagements n'ont pas tous été tenus particulièrement à l'égard de l'Afrique où, comme n'importe quel secteur de développement, ceux de l'énergie et de l'industrie souffrent de la modicité des financements et de capacités techniques insuffisantes.

    Monsieur le Président,

    Les hydrocarbures, au même titre que les autres énergies primaires telles que le bois et le charbon, constituent le socle de ressources naturelles sur lequel reposent les conditions de notre existence et de notre développement à tous. Leur exploitation, d'abord par les pays développés puisque, eux seuls, avaient et pendant longtemps le monopole de la connaissance et des moyens technologiques, a permis aux pays en développement de renouer avec la croissance et de se positionner progressivement dans la sphère économique mondiale.

    Le secteur de l'énergie dans les pays en développement est un secteur très intensif en investissements réalisés dans la plupart du temps avec le concours et sur la base de l'expertise des entreprises issues de pays développés. Les revenus tirés de ce secteur ont permis à des pays comme l'Algérie de mener d'ambitieux projets industriels et, partant, de créer des emplois, de bâtir des infrastructures sociales pour répondre aux besoins croissants de sa population et lui assurer bien être et prospérité.

    Au stade actuel des connaissances et de la demande en produits énergétiques, les limites techniques à l'offre d'énergies non fossiles se confirment de plus en plus en raison, d'une part, de la portée réduite de la plupart des technologies modernes et, d'autre part, des besoins mondiaux pressants et croissants en énergie. Notre intention, vous le constaterez plus loin, n'est pas de faire la promotion des formes actuelles d'énergie mais de présenter en l'état la situation des options alternatives.

    Celles-ci se résument à quelques modèles énergétiques et je citerai, à ce propos, quelques chiffres :

    § Selon un rapport publié en 2005 par le Réseau d'Action pour les Energies Renouvelables (RAER), il a été établi qu'en 2004, 30 milliards de dollars avaient été investis dans le secteur des énergies renouvelables pour couvrir l'équivalent seulement de 4% de la capacité énergétique mondiale ; § Le développement des biocarburants est une autre option qui a aussi ses mérites et ses limites intrinsèques. En effet, on estime que sur la base des consommations de 2004, il faudrait des surfaces de production couvrant six fois la surface de la terre si l'on veut remplacer tous les carburants fossiles par des biocarburants. Aussi, cette option ne peut qu'être limitée et ponctuelle pour répondre aux besoins d'un nombre limité de pays sans compter ses implications en termes de déforestation. Quelles conclusions doit-on en tirer ?

    § D'abord, il n'est pas réaliste de faire croire en l'existence de formes nouvelles d'énergies capables de remplacer, à court ou à moyen termes, les énergies fossiles et de répondre dans le même temps aux objectifs d'accessibilité, de disponibilité et d'acceptabilité notamment pour les pays en développement ; § Ensuite, bien qu'il existe plusieurs raisons politiques, économiques et sociales en faveur du développement accéléré des énergies renouvelables, le secteur est aux prises avec de nombreuses difficultés qui, qu'on le veuille ou non, ne permettent encore ni leur large utilisation dans les marchés du Nord ni l'extension de leur application dans les pays du Sud dans des proportions significatives et compatibles avec les objectifs de croissance et de développement durables.

    De plus, nous partageons l'avis de ceux qui pensent qu'il n'y a pas d'approche unique pour relever le défi de la réduction des gaz à effet de serre et de la pollution de l'air mais plutôt d'une combinatoire d'options, y compris celles utilisant des combustibles fossiles moins polluants tel que le gaz naturel.

    De notre point de vue aussi, le développement énergétique durable pour répondre à la demande mondiale croissante en énergie, exigera des investissements importants en infrastructures énergétiques pour remplacer les capacités déclassées. De façon concrète, il est aussi important d'améliorer l'utilisation des sources d'énergie existantes que de promouvoir de nouvelles sources nécessaires pour le futur.

    Monsieur le Président,

    Prenant conscience que l'adaptation au changement est un processus dynamique et actif, l'Algérie a fait les choix appropriés notamment dans les secteurs moteurs de son économie que sont l'énergie et l'industrie, en tenant compte de trois impératifs ; la satisfaction de ses besoins propres, les nécessités de son développement et la protection de l'environnement.

    Dans l'objectif de relever ce défi du 21ème siècle, une stratégie nationale de développement durable à été initiée et mise en place depuis quelques années. Dans ce cadre, des actions concrètes ont été entreprises et ce, à deux niveaux :

    Au niveau global, une stratégie nationale de maîtrise de l'énergie a été mise en place et des institutions et agences ont été créées dans le but de veiller au respect de l'environnement.

    Permettez-moi à cet égard de citer la dotation du secteur de l'énergie d'une autorité pour la mise en?uvre du Mécanisme de Développement Propre et la création de deux Agences spécialisées dans la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie et les changements climatiques comme exemples qui reflètent l'engagement résolu de l'Algérie sur la voie du renouveau et du modernisme et traduisent la mise en?uvre sur le terrain de ses obligations internationales.

    Au niveau opérationnel, outre la promotion du Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) avec des prix subventionnés par l'Etat afin d'éviter le phénomène de déforestation et introduire l'énergie dans les foyers les plus pauvres, des efforts ont été engagés particulièrement dans les secteurs de l'énergie et de l'industrie lesquels ont permis de réduire de manière substantielle les émissions de gaz à effet de serre et les rejets liquides. L'on citera à cet égard, l'expérience pilote acquise par l'Algérie dans le domaine de la récupération des gaz torchés grâce, notamment, au concours de la Banque mondiale et du gouvernement de la Norvège. L'autre motif de grande satisfaction et de fierté pour l'Algérie est le taux de pénétration de l'énergie électrique grâce à un programme massif d'électrification entrepris dès les années 1970 portant le taux de couverture des besoins en électricité de 40% en 1969 à 96% aujourd'hui avec un taux d'électrification dans les zones rurales avoisinant les 85%. Cette capacité énergétique, il est utile de le rappeler, est produite essentiellement à partir du gaz naturel et ce, à hauteur de 95%. Il convient également de citer la prise en charge par l'Etat de la réalisation des projets d'électrification des régions isolées du Sahara algérien grâce, notamment, à l'investissement dans des équipements fonctionnant à l'énergie solaire.

    Dans le même souci de lutte contre la pollution atmosphérique, diverses actions ont été prises tendant à mettre sur le marché national et international des carburants moins polluants et d'améliorer la qualité de ceux qui existent ainsi que la promotion d'un partenariat tous azimuts, notamment avec des pays africains, dans le domaine de l'approvisionnement en gaz naturel.

    Je vous remercie.

    Source : Mission Permanente d'Algérie auprès des nations-Unies.

    http://www.algeria-un.org

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