Y'a plus de saison ! Voilà le titre de la plus récente publication d'un météorologiste passionné par les phénomènes météorologiques extrêmes. Guillaume Séchet explique: " C'est après mes études au Québec et un rude hiver en 1994 que j'ai eu la première envie de faire partager mon intérêt pour les grandes variations climatiques ".
Son plus récent ouvrage est intitulé : " Y'a plus de saison ! Chronique des grandes variations climatiques et phénomènes extrêmes ". Il s'agit d'un clin d'oeil à l'importance que recèle la météorologie dans la vie de tous les jours. Dans l'argot français, l'expression à laquelle le titre se réfère était utilisée pour exprimer un ébahissement face à un événement inhabituel. On l'utilise aujourd'hui avec ironie lorsque l'on veut critiquer une personne dépassée par les événements. " Y'a plus de saison " a pourtant toujours la même signification pour les amateurs de météo. Les phénomènes météorologiques extrêmes seront d'ailleurs de plus en plus fréquents selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Vrai ou faux? Dans le bon vieux temps l'hiver c'était l'hiver!
En fait, les changements climatiques devraient accroître la fréquence de ces phénomènes (fortes pluies, vagues de chaleur, tornades, etc.). Pour Guillaume Séchet, " il faut être très prudent en établissant des liens entre augmentation de la température due aux activités de l'homme et événements météo (...) des événements météo, il y en a toujours eu, même si les tempêtes qu'a connues la France en décembre 1999 et la canicule de l'été 2003 sont des phénomènes vraiment atypiques et inquiétants ". Membre de la Société canadienne de météorologie et d'océanographie (SCMO), Jean-Guy Cantin, météorologue Canadien explique que " l'intensité et la fréquence des grosses tempêtes est en croissance au Canada comme partout ailleurs sur la Terre ". Il ajoute que " les modèles continuent d'évoluer et qu'il y a bon espoir de prévenir davantage la population des effets néfastes de ces événements ". Pour Guillaume Séchet, les phénomènes climatiques font partie d'un cycle normal. Pour lui, " la médiatisation des changements climatiques est source de confusion, on met tout dans le même panier par sensationnalisme : y'a plus de saison, c'est la faute au climat ! "
Le livre de Guillaume Séchet traite de records météo. L'ouvrage, richement illustré, liste une série impressionnante de records climatiques à travers le monde, mais en ciblant surtout ceux répertoriés en France. Pour Jean-Guy Cantin, ce livre grand public sera un " outil utile pour mettre en contexte les aléas climatiques ". Jean-Guy Cantin trouve " formidable qu'une passion personnelle se transforme en document de vulgarisation grand public ". Comme ancien formateur, c'est ce qu'il aimait secrètement voir poindre chez ses étudiants.
Le travail monacal de Guillaume Séchet est remarquable. Il représente des centaines d'heures dans des librairies de presse ancienne, à la Bibliothèque de Météo France ainsi que des milliers de notes personnelles et un travail de classification byzantin. En tout, 10 années de recherche combinées à des observations personnelles qu'il compile depuis 25 ans. " J'ai même des traces de mon passage au Québec. En 1995, le 6 février il faisait -25° l'après-midi" raconte-t-il.
Son travail était désintéressé. C'est le propre du passionné. Emmanuel Le Roy Ladurie, un des plus grands historiens de France et un pionnier dans l'Histoire du climat, décrit l'auteur : " un archiviste, au sens le plus complet du terme. La richesse de ses fouilles dans les vieux papiers, en provenance d'observateurs du temps de jadis, n'a d'égale que sa perspicacité, son coup d'oeil généralement infaillible ".
La passion de Guillaume Séchet pour la météorologie est en soi une histoire qui mériterait un livre. À l'âge de 10 ans, il construit sa propre station météo en banlieue parisienne et il affiche ses prévisions sur le grillage du jardin de ses parents. Dans cette banlieue tranquille de l'Ouest parisien, une centaine de personnes les lisent quotidiennement. Il finira par présenter la météo à TF1 à l'heure de grande écoute un soir de mars 1983. Il avait 14 ans. Après des études en Sciences de l'environnement, il se joint à l'équipe de la Chaîne Météo comme présentateur et prévisionniste. Il y restera 12 ans. Il est maintenant propriétaire de 11 sites Internet de météo (portails sur les principales villes de France) et est météorologiste pour MétéoNews, une entreprise basée en Suisse.
Plus qu'un livre des records, l'ancien présentateur météo explique chaque aléa. Il vulgarise la situation météo particulière dans laquelle on doit se trouver pour revivre un tel événement. Le livre sera donc également un ouvrage de référence pour les lecteurs qui veulent des informations pour comprendre les événements météo actuels.
Guillaume Séchet, qui possède la plus grande banque d'information existante sur les phénomènes météorologiques hors du commun en France partage certains fleurons avec ses lecteurs. 10 000 documents ; une banque de données unique. Parmi ces fleurons, la crise du verglas de janvier 1998 dans le sud du Québec. L'auteur remonte toutefois bien plus loin dans le temps jusqu'en janvier 1795. Ce fut le mois le plus froid de 1781 à nos jours. L'année suivante, janvier fut très chaud. En fait, il n'y aurait pas fait aussi chaud au mois de janvier en France jusqu'en 2007. Et encore ! On parle ici d'une différence de 0,1 °C
Guillaume Séchet explique qu'" à l'avenir les périodes chaudes et froides continueront de se succéder à n'importe quel moment de l'année ". La mise en contexte faite par l'auteur peut rassurer sur la situation climatique ou bien nous angoisser. De quoi parlerons-nous dans avec les voisins, dans l'ascenseur ou à la cafétéria du bureau s'il n'y a jamais vraiment eu de saisons telles qu'on les représentait dans nos livres d'enfants ?
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