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Débit du fleuve et biodiversité



  • La Commission mixte internationale (CMI) propose des plans de gestion des niveaux d’eau à l’heure des préoccupations pour la biodiversité des zones humides.

    La CMI qui a été créée en 1909 a adopté sa dernière ordonnance sur la gestion des niveaux d’eau en 1952. Elle n’a jamais été révisée. Le traité de 1909 qui veille à la régulation des eaux limitrophes canado-étasuniennes avait des préoccupations autres qu’environnementales au début du siècle : production d’électricité, usage domestique de l’eau ou navigation. Aujourd’hui, la CMI entend faire de l’adoption du plan un exercice moins «conséquent» que celle de l’ordonnance de 1952. Il ne s’agirait que d’une étape temporaire comprise dans un processus itératif avec les acteurs concernés. Les préoccupations de la CMI sont aussi plus «vertes» depuis quelques années et l’objectif environnemental actuel de la démarche de révision est notamment de restaurer les zones humides riches en diversité biologique.

    Nature Québec, qui s’intéresse à la protection des milieux humides entourant le Fleuve Saint-Laurent depuis, lançait récemment sur le portail de Médiaterre un appel à la population qui peut encore intervenir dans le processus de consultation entourant l’adoption du plan.

    La population peut encore intervenir dans le dossier. La CMI reçoit les commentaires et répond aux questions des citoyens par écrit d'ici le 11 juillet 2008 ou en personne, à l'une des 10 audiences publiques qui auront lieu en juin 2008. On demande en somme aux intéressés de se prononcer sur deux scénarios de gestion des niveaux d’eau à même cet immense écosystème. Le premier est le scénario du statu quo dans lequel les variations naturelles des niveaux d’eau restent peu élevées. L’autre – de loin plus favorable à la biodiversité - est celui préconisé à demi-mots par la CMI, celui d’un retour à des variations plus naturelles. Naturellement ce scénario implique des coûts que les collectivités devraient assumer et, pour cette raison, le statu quo est une solution qui s’avère populaire et plus facile. Parmi ces coûts, la réfection de certaines infrastructures ou l’imposition de règles plus rigides concernant la construction dans les plaines inondables.

    Médiaterre a obtenu aujourd’hui les réactions de Peter Bridgewater, Secrétaire exécutif sortant de la Convention Ramsar sur les zones humides et présentement président du Comité conjoint de conservation de la nature du Royaume-Uni. Il explique que «trouver l’équilibre entre solutions au bénéfice de l’environnement et solutions au bénéfice du développement économique font partie des plus grands défis du siècle». Il ajoute que «le cas de la révision des niveaux d’eau de la région est un exemple d’école». En fait les experts en hydrologie des systèmes fluviaux à travers le monde font face aux mêmes défis que ceux de la CMI en tentant d’assurer la variabilité des flux hydrologiques dans les écosystèmes fluviaux. Peter Bridgewater parle de «flux environnementaux» pour décrire les besoins écologiques en eau dans un écosystème, il s’agit pour lui du besoin le plus pressants des systèmes fluviaux.

    Le processus consultatif entourant le plan de la CMI est une «démarche bienvenue» pour l’expert en zones humides. Ce qui l’est d’autant plus c’est l’engagement de la Commission en rapport à l’étude des manières de réguler les flux environnementaux et ce, peut importe, le scénario qui sera retenu à la fin des consultations actuelles. Peter Bridgewater ajoute espérer «que de nombreuses autorités de gestion des cours d’eau prennent acte de cette démarche à travers le monde dans le but d’améliorer les processus de restauration des flux fluviaux naturels».
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