Le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique et la représentation du Programme des Nations unies pour le développement au Congo ont organisé le 28 mars 2024 à Brazzaville (Congo), un atelier de lancement des travaux pour l’élaboration d’un Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique (PDIDE) en République du Congo. L’activité vise à fédérer toutes les parties prenantes autour d’une vision stratégique, afin de permettre au Congo de surmonter les défis et de tirer profit de ses ressources naturelles. Y ont pris part : les représentants du Ministère du Plan, de la Statistique et de l’Intégration régionale et des ministères impliqués dans la mise en œuvre du PND 2022-2026, les agences du système des Nations unies et les autres partenaires techniques et financiers, le secteur privé, la société civile et les universités.
L’atelier a été précédé d’une série de consultations avec les autorités congolaises pour discuter des objectifs de la réunion ainsi que des enjeux et opportunités d’un PDIDE pour le Congo, tenue les 26 et 27 mars 2024. « Nous sommes au premier pas d’un escalier de mille pas pour initier des consultations d’étapes qui vont permettre de dégager des consensus devant aboutir à un produit qu’est le plan de diversification économique », a indiqué le chef de la section des initiatives sous-régionales au bureau de la CEA, Dr. Adama Ekberg Coulibaly.
Les consultations vont ainsi être engagées aux niveaux local, provincial et national avec toutes les parties prenantes pour créer les meilleures conditions afin de mettre en place un cadre conjoint de dialogue durable. « Il s’agit de lancer un processus qui va être itératif, pour que personne ne soit laissée aux bords de la route. L’enjeu est de prendre en compte toutes les aspirations des parties prenantes. Cela permettra de positionner désormais le Congo sur la trajectoire d’une économie qui va s’éloigner de l’exportation des matières premières brutes », soutient l’économiste senior à la CEA.
Une démarche multi-acteurs soutenue par la CEA et le PNUD
L’objectif de cette réunion de réflexion pour laquelle la CEA et le PNUD ont travaillé main dans la main, était d’identifier des actions pratiques pouvant conduire à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un PDIDE pour la réalisation des différents objectifs de développement du Congo. Les partenaires ont en outre échangé sur les voies et moyens d’accélérer la diversification économique, l’industrialisation et la transformation structurelle en République du Congo. L’enjeu pour le Congo est de disposer d’une boussole pour transformer son vaste potentiel forestier, sa potasse, ses ressources halieutiques, entre autres.
Il était davantage question, pour les participants, d’identifier les domaines d’intervention clés pour l’élaboration de stratégies orientées vers la diversification économique et le développement d’un tissu industriel compétitif pour la transformation structurelle du Congo. In fine, le résultat attendu est la définition d’une feuille de route énonçant des actions et des rôles clairs pour guider la formulation, la mise en œuvre et le suivi du PDIDE, en vue d’accélérer la diversification économique, l’industrialisation et la transformation structurelle du pays. Dans cette logique, le plan d’industrialisation est un véritable outil pour opérationnaliser les visions et les stratégies. Mieux, c’est un concentré d’outils qui est mis à la disposition des pays pour transformer en profondeur les économies.
Le Tchad, pionnier dans la mise en œuvre de son PDIDE dans la CEEAC
Il faut préciser qu’après le Sommet de Niamey du 25 novembre 2022, les chefs d’Etat avaient demandé aux différents Etats de passer à l’action et d’accélérer la mise en œuvre des plans de diversification économique. Or, à l’occasion de ce Sommet de Niamey, il a été constaté que les pays de l’Afrique centrale ne sont pas encore sur les rails. « Pour bon nombre de ces pays, la contribution du secteur manufacturier au PIB est de moins de 10%. Or, pour être industrialisé, il faut déjà se mesurer aux pays asiatiques appelés aujourd’hui les nations industrialisantes et qui sont autour de 20 à 25%. Il s’agit du Vietnam, de la Malaisie, de la Thaïlande…qui sont à une structure déjà transformée pour la contribution du secteur manufacturier à la transformation structurelle de leurs économies », analyse le Dr. Adama Ekberg Coulibaly.
Jusqu’à présent, le Tchad était le seul pays qui a demandé l’appui de la CEA pour élaborer un PDIDE dans la CEEAC. Le Tchad a pu, avec l’accompagnement de la CEA, s’armer pour capitaliser les opportunités qui vont s’ouvrir dans le contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), considéré comme le plus grand marché jamais construit au monde. Certains pays de la sous-région sont encore dans les visions et stratégies, indique-t-on à la CEA. Aujourd’hui, le Tchad a réussi à mettre en place une zone économique spéciale dans le secteur de la viande, pour capitaliser son cheptel d’environ 130 millions de têtes de bétail, afin de commencer à transformer de la viande d’origine Made in Tchad. « Avec l’accompagnement de la CEA, le Tchad est dans la bonne voie pour s’inscrire très prochainement dans le club des économies miracles. Malgré ses ressources limitées, le pays a pris l’engagement de financer son propre plan d’industrialisation sous ressources propres, sans attendre des partenaires étrangers. Vu sous cet angle, le Tchad est un pays exemplaire pour avoir pris la décision de s’engager dans la diversification de son économie, pour s’inscrire résolument sur une stratégie d’industrialisation », se réjouit l’économiste senior Adama Ekberg Coulibaly. Autant dire que le pays met en œuvre son PDIDE en le finançant à travers sa loi de finances.
Le secteur industriel, opportunité de développement
Selon le Système des Nations unies au Congo, le nouveau Plan national de développement (PND) 2022-2026 identifie le développement de l’industrie comme un des six piliers stratégiques. Le secteur industriel constitue une composante essentielle de la transformation structurelle de l’économie, pour diversifier et moderniser l’économie tout en créant des emplois. Pour le Dr. Adama Ekberg Coulibaly, le secteur manufacturier est l’un des moteurs qui tire vers le haut la productivité des économies.
Le fait de disposer d’un Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique permettrait donc d’accroître la contribution du secteur industriel dans le PIB congolais, tout en tirant le meilleur parti de la ZLECAf, pour laquelle le Congo s’est doté d’une stratégie de mise en œuvre. La stratégie en question s’inscrit dans la perspective d’accroître les exportations du pays vers un marché continental de plus d’1,3 milliards de consommateurs et de stimuler la diversification horizontale et verticale de son économie.
Le système des Nations unies croit aussi dur comme fer qu’il est nécessaire d’accompagner le Congo vers un idéal de performance en matière de productivité, compétitivité et de prospérité pour tous. Lequel idéal est en adéquation avec les 17 Objectifs de développement durable du Programme 2030 des Nations unies et les 20 objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.