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Tchad : L'Arche de Zoe' ou le bateau de l'esclavage moderne des jeunes tchadiens



  • Etre jeter en vie, au milieu des hommes et femmes sans âmes et en furie comme des requins affamés de chair et de sang ; constitue la dernière torture en date, infligée aux enfants tchadiens , qui osent fuir l’enfer transformé de leur pays natal , en quête de la terre promise , lieu ou les hommes blancs apportent des soins qui manquent au Tchad.

    La tragédie du Darfour et du Tchad au cours de laquelle plus de 103 enfants ont failli traversé la frontière du continent africain , sous l’emprise de l’aventure morbide et courageuse de la nature humaine est une épisode sinistre qui illustre à la fois deux réalités cyniques, les unes plus sordides que les autres, somme toute en étroite corrélation. D’une part, la résistance a l’aspect participatif de notre système politique, et de l’autre, la source même de ce phénomène inhumain, la politique de la pauvreté.

    La destruction progressive des capacités de production du peuple tchadien suit un long cheminement, aux noms des tyrannies sclérosées de géopolitique et de géoéconomique. L’histoire dira peut-être un jour combien de contrat secret nos gouvernants ont-ils signé avec les dirigeants étrangers ou locaux en guise de contre partie à l’exploitation servile de la main d’œuvre tchadienne ou des enfants exploités et sexuellement abusé ? De la dérive du petrole, aux tactiques des marchés publics , en passant par les constructions ; la machine stratégique fait ses preuves dans sa mission tacite de faire du Tchad et du peuple tchadien ce qu’ils sont aujourd’hui, une nation sous le choc psychologique constant, c’est-à-dire sur le qui-vive, à la merci des caprices et des intempéries et du voyage lointain rappelant celui de leurs parents quittant ligottés pour le Congo-Océan.
    Au delà du sensationnalisme effroyable des caméras de l’ONU, rien de substantiel n’est avancé sur ce spectacle honteux. Le comment, le pourquoi d’une telle épouvante, les causes racines d’une telle horreur semblent déranger plus d’un.

    Quel est donc le sens de notre pauvreté ? A-t-elle une personnalité ? Quels sont les rapports entre une tragédie catastrophique et une structure sociale calibrée ? Ne serait-il pas enfin temps que les faits soient connus, que les philosophies de la mise a l’écart, du complexe soient mises à nues afin de transiter d’une culture fatale, résignée, à une orientation consciente partagée.

    Pour tenter de comprendre l’étendue immense des dégâts causés à ces enfants et au pays par les 17 ans du régime des Itno , il faut une simple analyse comparative pour comprendre. En effet, jusque vers la fin des années 90, le Tchad ne souffrait pas de carence d’énéergie et alimentaire aigues. Cependant, le déclin a connu une escalade phénoménale en moins d’une décade sur fond de renouveau d’une dictature déjà vieille de 17 ans. Le début de cette caricature révolutionnaire, entraîna avec elle, la dépendance totale des ventres du pays par les intérêts exogènes et l’abandon systématique de la jeunesse en tant que force principale de production nationale. Cette position du régime tyrannique s’explique en partie par les absences notoires de légitimité nationale, de consensus sectoriel et surtout par un besoin urgent de consolider son pouvoir face aux menaces des dinosaures.

    L’absence d’infrastructure industrielle liant les regions du Tchad fait du monde rural, grenier principal de la nation, une cible facile aux manoeuvres de subtilisation. Cet état de fait n’offre donc aucune résistance à la désintégration sociale, la dilapidation de l’économie et l’aliénation des paysans par les forces de la capitale, avides de bonne grâce et de pitié de l’étranger.

    Il faut nous faire une raison en introduisant les nouveaux logiciels de la conscience politique et du progrès social. Nous devons tous comprendre que le temps est venu pour que cesse la perception avilissante et répugnante que certaines couches de notre société soient indifférentes ou opposées à la participation de la population. C’est notre devoir à tous d’exiger le control rationnel des ressources publiques. Mais il est également de notre responsabilité sociale et humaine d’œuvrer et d’insister pour que les services adéquats soient offerts à toute la population. Qu’elle soit accompagnée et écoutée. Au lieu de faire peur, nous devons tous rassurer. A ce compte, la population attend de l’Etat et de ses nouveaux partenaires sociaux un revirement de conscience, la fin des complexes et des discriminations. Elle s’attend à devenir un partenaire à part entière pour produire et aider la nation à réussir. C’est là l’idée d’un Etat légitime, engagé sur la route de la modernité et de progrès.Le combat de la dignité et de l’honneur passe inévitablement par la fin des spectacles abominables de nos compatriotes exhibés en haillons sur les caméras étrangers comme des extra-terrestres.

    Les voyages clandestins sont un reflet de nous-mêmes, de notre société. Ce sont les vestiges d’un temps d’esclavage interne et externe. Ils mettent en évidence la dénaturation de notre vertu et expose la pauvreté de notre univers et de notre esprit.

    Que revient-il à notre civilisation, si nos paysans sont trop pauvres pour planter en Mai, brûlés en Mars , affamés en Juillet et crucifiés en Aout ?
    La punition du peuple tchadien et du pays a trop duré. Le Tchad mérite des changements.

    Félix Ngoussou
    info@tchadforum.com
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