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Cameroun: le téléphone portable, au-delà de la valeur d'usage, la mort



  • Par: Agnès Béatrice BIKOKO

    Ils sont plus de quatre milliards dans le monde et envoisinent le chiffre de 17 millions au Cameroun. Ne pas avoir un téléphone aujourd’hui au Cameroun fait de vous un homme digne de l’Age de la pierre taillée.

    Classé dans la catégorie des technologies de l’information et de la communication (TIC), le téléphone portable est devenu un outil indispensable voir incontournable. Il réduit les distances, permettant ainsi un gain en temps et en argent. La marque de téléphone utilisée va jusqu’à devenir un indicateur de votre classe sociale, même si au Cameroun ce sont les plus pauvres qui utilisent les téléphones les plus coûteux. Quel paradoxe, n’est-ce pas ? D’où leur proviennent ces ressources ? Allez donc le savoir. Seulement, même si le téléphone présente un grand avantage, celui de rapprocher des personnes et de faciliter la communication, son usage et son impact sur le plan sanitaire et environnemental nous font peur.

    Prenons le cas des composantes du téléphone : Les piles et les batteries des mobiles contiennent des matériaux extrêmement polluants pour l'environnement. Par ailleurs, leur production et leur utilisation consomment beaucoup d'énergie et donnent lieu à d'importantes émissions de CO2. Le recyclage de ces composantes devient donc une activité très importante et très indispensable. Malheureusement force est de constater qu’au Cameroun, jusqu’à ce jour, aucune politique allant dans ce sens n’est mise en place. À l’avenue Kennedy par exemple, un des boulevards de la capitale politique du Cameroun très connu, vous serez surpris de constater ce qui s’y passe. Sans aucune précaution, les téléphones sont éventrés, dépecés et balancés dans les égouts, dans les bacs à ordures ou même dans la rue à ciel ouvert, comme si cela était normal. Ces composantes polluantes déversées dans la nature, polluent l’environnement, affectant ainsi la santé des populations et particulièrement celles des enfants qui, inconscients des dangers, ne mesurent pas toujours les risques qu’ils encourent quand ils s’amusent avec ces appareils usités. Ils sont ainsi exposés à plusieurs maladies et personne n’en parle. C’est vrai qu’à ce jour des études sur les effets néfastes de ces composantes sur les populations sont faites mais elles restent muettes.

    Au-delà de cette pollution de l’environnement, le téléphone portable présente plusieurs autres risques pour la santé de son utilisateur et de son entourage. C’est ici le cas de relever les dangers encourus en raison de l'exposition fréquente aux radiofréquences. Certains chercheurs évoquent à ce sujet des problèmes auditifs, des risques de cancer. Un autre risque serait aujourd’hui à l’origine de plusieurs décès : l’utilisation du téléphone portable au volant de son véhicule. Des études l’ont souligné et dans plusieurs pays des mesures ont été prises pour enrayer ce phénomène et des sanctions prévues. Hélas dans nos pays, c’est encore un phénomène d’exhibition qui continue de détruire des vies. Le risque de dépendance conduisant à la paresse n’est pas à négliger. Des jeunes gens et des jeunes filles passent le plus clair de leur temps à pianoter leur clavier au lieu de mettre leur temps à profit pour des activités plus rentables. De nombreux cas d’accidents de la rue, d’électrocution et d’incendie ne sont pas à négliger et permettent d’affirmer sans conteste que le téléphone portable bien que très utile doit être utilisé avec modération. Il est aussi urgent dans le contexte du développement durable, que nos gouvernants définissent et mettent en place des politiques de recyclage des différentes composantes des téléphones portables pour limiter leurs effets polluants sur l’environnement et la santé des populations. Ces mesures créeraient des emplois décents aux jeunes et réduiraient à coup sûr le chômage et par-delà la pauvreté.

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