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Contribution de la Francophonie à Pékin+10 (Commission de la femme, ONU)



  • La Francophonie a mis à profit l’évaluation décennale de la mise en oeuvre du programme d’action de la quatrième conférence mondiale des femmes (Pékin - 1995), organisée lors de la 49e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies, à New York, du 28 février au 11 mars 2005, pour réaffirmer que la promotion des femmes, l’égalité des chances et l’élimination de toute forme de discrimination à l’encontre de la moitié féminine de l’humanité sont indispensables pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.

    Cette position ferme de la Francophonie en faveur des engagement pris à Pékin prend appui sur le consensus dégagé lors de la conférence des femmes de la Francophonie en février 2000 au Grand-duché de Luxembourg et réaffirmé par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement à Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2004.

    Organisée à l’initiative de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, une concertation présidée par la France, en la personne de Mme Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l’Égalité professionnelle, a réuni les ministres et chefs de délégations francophones présents à New York le 28 février 2005. Le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, M. Abdou Diouf, y avait dépêché, comme représentante spéciale, Mme Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat de Belgique.

    La concertation de New York a abouti à l’adoption de la contribution de la Francophonie à l’évaluation décennale de la mise en oeuvre du programme d’action de Pékin. Par ce texte, la Francophonie s’est exprimée à la tribune mondiale des Nations unies pour dire l’engagement unanime de ses pays membres à consolider les acquis de Pékin et sa détermination a étendre l’analyse différenciée selon les sexes à l’ensemble de la coopération francophone.

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    Concertation ministérielle de la Francophonie
    sur la promotion des femmes et l’égalité des genres

    Nations unies, New York, États-unis, 28 février 2005

    Contribution de la Francophonie
    à l’examen décennal de la mise en oeuvre du programme d’action de Pékin
    49e session de la Commission de la femme des Nations unies
    28 février – 11 mars 2005


    Nous, Ministres et Chefs de délégation représentant les Etats et gouvernements des pays ayant le français en partage, réunis à New York dans le cadre de l’examen décennal de la mise en oeuvre du programme d’action de Pékin et des mesures complémentaires décidées en 2000 lors de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies,

    nous fondant sur le consensus francophone en faveur du renforcement de la participation des femmes à la prise de décision et de l’égalité entre les femmes et les hommes tel que dégagé dans la Déclaration de Luxembourg, adoptée lors de la première conférence des femmes de la Francophonie en février 2000, et réaffirmé par le Xe Sommet de la Francophonie en novembre 2004,

    dans l’esprit de la déclaration des chefs d’État et de gouvernement adoptée lors du IXe Sommet de la Francophonie consacré au dialogue des cultures, nous confirmons notre attachement à la diversité des pratiques sociales et culturelles, notamment en ce qui concerne les femmes et leur place dans la société, et nous affirmons qu’elles ne doivent pas faire obstacle au respect intégral des valeurs, normes et principes consacrés par la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la Convention internationale pour l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes,

    reconnaissant que d’importantes avancées ont été réalisées depuis la conférence de Pékin il y a dix ans, nous sommes cependant conscients que de nombreux défis subsistent, tels la réduction de la féminisation de la pauvreté, la pandémie du VIH/SIDA, la persistance des stéréotypes et représentations néfastes à l’égalité des femmes et des hommes, l’élimination des violences qui touchent les femmes et les petites filles, les discriminations à leur égard notamment en ce qui concerne l’accès à l’éducation dans toutes ses phases, ainsi que d’autres violations des droits fondamentaux, qui empêchent leur participation pleine et égale à la vie politique, économique, sociale et culturelle.

    Soucieux de faire pleinement admettre par tous les segments de nos sociétés que l’égalité entre les femmes et les hommes ne doit plus être l’objectif des seules femmes, que les hommes et les garçons ont également un rôle dans la promotion de l’égalité, de même que tous les autres acteurs sociaux, nous voulons partager notre conviction que le développement durable ne peut être atteint que si les femmes y sont présentes en tant que partenaires égales, décideuses et bénéficiaires.

    Nous réaffirmons nos engagements pris lors de la Conférence de Luxembourg en février 2000 dans les deux domaines liés au pouvoir et au développement.

    « Partenaires pour Pékin + 10 », nous réaffirmons pleinement, sans équivoque et unanimement notre engagement en faveur de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin, adoptés en 1995 par la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, ainsi que de la déclaration politique et du document final adoptés en 2000 par la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, pour procéder à un examen et à une évaluation des progrès réalisées depuis Pékin et Pékin+5, pour identifier les obstacles et les défis actuels et pour convenir des prochaines actions et initiatives à adopter en vue de poursuivre la mise en oeuvre de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes.

    Nous réitérons notre détermination à poursuivre notre action pour l’élimination des obstacles à la pleine réalisation des engagements pris en 1995 à Pékin lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, dans les douze domaines prioritaires qui ont été retenus, ainsi que les mesures complémentaires identifiées en 2000.

    Nous affirmons notre détermination à intensifier nos efforts dans la mise en oeuvre des engagements pris tant au niveau de la Francophonie qu’au plan international jusqu’à aboutir à l’égalité de droit et de fait entre les femmes et les hommes, convaincus que nous sommes que l’égalité est au centre des enjeux du développement et des exigences du XXIe siècle.

    Nous sommes décidés à contribuer activement au succès de l’examen mondial de la mise en oeuvre du programme d’action de Pékin après dix ans, qui doit marquer une étape importante vers la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire.

    Nous recommandons au Secrétaire général de la Francophonie de :

    * poursuivre et de renforcer son soutien à la mise en place et au développement des mécanismes institutionnels de nos États et gouvernements membres, chargés de veiller à l’application des politiques en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, par des mesures spécifiques pour corriger des situations de discrimination à l’égard des femmes et par le renforcement des capacités nationales pour prévenir les inégalités en appliquant l’analyse différenciée selon les sexes ;

    * prendre les mesures nécessaires pour mettre en place une stratégie qui allie l’intégration systématique de l’analyse différenciée selon les sexes dans l’ensemble de sa programmation, dès la phase d’élaboration, et la planification d’activités spécifiques en faveur des femmes dans des secteurs particulièrement stratégiques pour l’atteinte de l’égalité des genres ;

    * assurer la prise en compte systématique de l’approche du genre dans l’ensemble de la coopération francophone et de mettre en évidence les liens qui existent, d’une part entre les engagements internationaux en faveur des femmes et les recommandations de Luxembourg et, d’autre part, le Cadre stratégique décennal de la Francophonie adopté par nos chefs d’Etat et de gouvernement lors de leur Xe Sommet à Ouagadougou en novembre 2004 ;

    * mettre en place des indicateurs de suivi de l’intégration effective de l’analyse différenciée selon les sexes dans les quatre missions assignées à la Francophonie par le Cadre stratégique décennal, à savoir :
    - promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique,
    - promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l\'Homme,
    - appuyer l\'éducation, la formation, l\'enseignement supérieur et la recherche,
    - développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité.

    * consolider la politique d’actions positives en faveur du pouvoir d’action des femmes et de l’égalité des genres, en accordant une attention particulière à l’élimination de toutes les entraves à la pleine participation des femmes à tous les aspects de la vie publique et privée et aux défis qui les touchent plus particulièrement, tels la féminisation de la pauvreté, les entraves à la liberté d’expression et de décision et les violences à l\'égard des femmes et des filles, en ce compris les mutilations génitales féminines, les crimes d’honneur et les mariages forcés. Cette politique devra être poursuivie aussi longtemps que nous n’aurons pas atteint l’égalité de droit et de fait entre les femmes et les hommes.

    Nous,

    Ministres et Chefs de délégation des Etats et gouvernements des pays ayant le français en partage,

    adoptons la présente contribution de la Francophonie à l’examen décennal de la mise en oeuvre du programme d’action de Pékin au plan mondial,

    demandons au Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie de s’en faire l’interprète lors de la 49e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies.

    Siège des Nations unies, New York, (États-unis), 28 février 2005

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