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Voyage d'échanges d'expériences à Abidjan en République de Côte d'Ivoire auprès du Réseau Ivoirien pour la Promotion de l'Education Pour Tous (RIP-EPT)



  • Dans le cadre des activités du Fonds de la Société Civile pour l'Education, une délégation de la Coalition Nationale pour l'Education Pour Tous du Burkina Faso (CN-EPT/BF) a effectué du 1er au 7 septembre 2018 une visite d'échanges d'expériences à Abidjan en République de Côte d'Ivoire auprès du Réseau Ivoirien pour la Promotion de l'Education Pour Tous (RIP-EPT).

    Une visite qui aura permis à la CN-EPT/BF de disposer d’informations sur l’organisation du système éducatif ivoirien avec un focus sur ses performances dans les domaines de l'accès, de l'inclusion, de l'équité, de la qualité, du financement et du pilotage de l'éducation dans le cadre de la mise en œuvre de l’ODD4 mais aussi de dégager des pistes de collaboration entre les deux structures en vue d’une participation active à la réalisation efficace de l'ODD4 et de la Stratégie Continentale de l'Education en Afrique.   

    Composée des membres du conseil d’administration, des Groupes thématiques Participant au cadre partenarial de l’éducation et de l’équipe de la Coordination, la délégation a durant son séjour, eu des séances de travail avec différents acteurs du système éducatif ivoiriens notamment le Réseau Ivoirien pour la Promotion de l’Education Pour Tous (RIP-EPT), la Direction Générale des Lycées et écoles de Côte d'Ivoire, la Sous-direction de l'EPT et le bureau UNESCO.

    Comprendre le système éducatif en Côte d’ivoire

    Le système éducatif ivoirien est structuré en 3 cycles: le cycle primaire, le cycle secondaire, et le cycle supérieur.

    Le cycle primaire comprend six niveaux allant du cours préparatoire au cours moyen 2e année. A cela s’ajoute le niveau préscolaire. 

    Le cycle secondaire lui comprend l'enseignement secondaire général et l’enseignement technique et la formation professionnelle.

    Quant à l’enseignement supérieur, il est essentiellement sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et comprend les universités publiques et une université virtuelle au nombre de six, les grandes écoles publiques au nombre de 14 et les grandes écoles de types BTS et universités privées dont le nombre est estimé à 282.

    On note également que trois ministères sont chargés des questions éducatives. Il s’agit du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation de Base (MENFB), du Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP) et du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS).

    Lastructuration du système éducatif a été accompagnée de multiples reformes politiques traduites par l’élaboration et la mise en œuvre des plans et stratégies nationaux visant à satisfaire une demande éducative sans cesse croissante.

    Selon les différents acteurs rencontrés, l’analyse des indicateurs montre un accroissement des effectifs à tous les niveaux d’enseignement contribuant ainsi à une augmentation des niveaux de couverture.

    On note par exemple que le taux d’accès s’est amélioré parce que le Gouvernement et des partenaires se sont engagés à soutenir l’éducation. De même, la politique de scolarisation obligatoire, les constructions de salles de classe, le recrutement d’enseignants et la distribution gratuite de kits aux enfants inscrits dans les écoles publiques ont favorisé cette amélioration.

    Pour assurer l’éducation inclusive à l’ensemble des apprenants tout au long du processus d’apprentissage, la Côte d’Ivoire a fait l’option de l’approche « Ecole amie des enfants, amie des filles ». Une démarche qui permet progressivement de transformer les écoles ivoiriennes en espace protecteur, convivial, de paix et de tolérance pour les apprenants.

    Par ailleurs, bien que l’efficacité interne et la qualité du système éducatif aient enregistré des améliorations, des efforts restent encore à faire pour rendre le système plus performant. -

     

    Entraves à l’accès en 2016/17 (cas des enfants refusés au CP1)

    En Côte d’Ivoire, la loi relative à l’obligation scolaire impose aux parents d’inscrire les enfants à l’école dès 6 ans et à l’Etat d’y favoriser l’accès en améliorant l’offre éducative. Aussi, dès lors qu’une école primaire publique est implantée dans une zone, les parents doivent y inscrire les enfants. Pourtant le Taux Net d’Admission à l’enseignement primaire, en 2016/17 (71,8%) indique clairement que tous les enfants en âge d’être inscrits au CP1 n’y ont pas accès.Par conséquent de nombreux enfants sont encore privés de leur droit à l’éducation pour des raisons notamment économique, culturelle, géographique et structurelle. On note également qu’environ 10% des élèves de l’enseignement primaire parcourent plus de 3km pour arriver à l’école contrairement aux dispositions de la loi sur l’obligation scolaire

     

    De la formation des enseignants

    Durant son séjour, la délégation de la coalition a aussi été informée que la question de la formationdes enseignants reste un volet important du système d’éducation et de formation en Côte d’Ivoire. Elle se déroule dans les institutions spécialisées, à savoir les Centres d’Animation et de Formation Pédagogique (CAFOP). Au nombre de 16 sur le territoire national elles ont pour mission d’assurer la formation initiale des élèves- maîtres. En plus des CAFOP qui forment les enseignants du primaire, on enregistre également d’autres que sont :

    - L’Ecole Normale Supérieure (ENS) qui a en charge la formation aussi bien initiale que continue des personnels enseignants du 2nd degré (secondaire) ;

    -L’Institut Pédagogique National de l’Enseignement Technique et Professionnel (IPNETP) chargé de donner la formation initiale des personnels de l’enseignement technique et professionnel ;

    - L’Institut National de la Jeunesse et du Sport (INJS) qui a pour mission la formation initiale et continue des enseignants d’éducation physique et sportive et des maîtres d’éducation permanente.

    -L’Institut National de Formation Sociale (INFS) chargée de formerles assistants sociaux, les éducateurs préscolaires et éducateurs spécialisés dont le rôle est d’encadrer les personnes à besoins spécifiques (personnes handicapées).

    - L’Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle (INSAAC) qui forme les enseignants d’art plastique, de musique et les spécialistes de l’action culturelle.

    En règle générale, les enseignants du secteur Education/Formation ont un traitement gratifiant.

    Grossesses non désirées en milieu scolaire : un phénomène de plus en plus inquiétant

    Le séjour de la coalition nationale pour l’Education pour tous du Burkina Faso en terre ivoirienne a permis également de mettre un doigt sur la réalité des grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire. Selon les acteurs du système éducatif, en moyenne, 4500 cas de grossesses sont enregistrés dans le secondaire général en Côte d’Ivoire chaque année contre une moyenne de 500 cas dans l’enseignement primaire (CP1 au CM2).

    Un phénomène qui en plus des conséquences désastreuses sur les plans social, sanitaire et psychologique, est à l’origine de la baisse ou l’absence de rendement mais aussi de l’abandon des études de façon momentanée ou définitive chez les filles.

    Pour une lutte efficace contre le phénomène, différents acteurs ont conjugué leurs efforts pour la mise en place des clubs des mères dans les collèges de proximité afin de contribuer à la sensibilisation et à l’accompagnement des filles. De même, l’instauration de l’éducation sexuelle complète et la non exclusion des filles enceintes contribuent à la prise de conscience et au maintien des filles dans le système éducatif.

    Financement de l’éducation en Côte d’Ivoire

    Cette amélioration est rendue possible grâce à la mobilisation toujours plus importante des ressources publiques (26% du budget), la forte implication des ménages (30 à 37% des dépenses totales en éducation), notamment à travers les Comités de Gestion des Etablissements Scolaires publics (COGES) et un appui constant des Partenaires Techniques et Financiers (PTF).

    Une répartition par sous-secteur indique que le primaire est le niveau d’enseignement qui capte la part la plus importante des dépenses totales en éducation, suivi du secondaire général premier cycle, puis du supérieur et du secondaire général deuxième cycle. La formation professionnelle et technique, l’éducation non formel et le préscolaire restent les parents pauvres du financement.

    Pistes de collaboration entre le RIP-EPT et la CN-EPT/BF

    Au terme de la visite d’échange et de travail, la CN-EPT et le RIP-EPT ont salué les efforts consentis de part et d’autre pour rendre effectif le droit à l’éducation dans les deux pays. Les deux structures ont toutefois constaté qu’il reste de nombreux efforts à faire en vue de/d’ :

     - aligner les objectifs de l’ODD4 et la Stratégie Continentale de l’Education sur les politiques éducatives notamment les plans d’action et budgets de l’éducation ;

    -  accroitre le financement intérieur de l’éducation ;

     - rendre effective la gratuité et l’obligation scolaires de l’éducation  pour l’effectivité du droit des enfants ivoiriens et burkinabè à une éducation inclusive, équitable et de qualité ;

    -  améliorer la gouvernance et le pilotage de l’éducation ;

    -  mettre un accent particulier sur l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels pour lutter contre le chômage des jeunes ;

    -  réaliser des infrastructures scolaires et universitaires de qualité et bien équipées ;

    -  renforcer la formation initiale et continue des enseignants à tous les niveaux.

    Sur la base de ces constats, les deux organisations ont dégagé des pistes de collaboration pour plus d’efficacité en matière de défense du droit à une éducation inclusive de qualité pour tous. Il s’agit notamment :

    -  de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un plan commun de plaidoyer auprès des autorités politiques de la République de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso ;

    -  du suivi des engagements pris par les deux Etats en matière d’éducation dans le cadre des rencontres du Traité d’Amitié et de Coopération (TAC);

    -  de la tenue d’une session d’évaluation annuelle des résultats du plaidoyer, alternativement au Burkina Faso et en République de Côte d’Ivoire, en collaboration avec les autorités politiques et administratives en charge de l’éducation des deux pays.

    Par: Modeste NEBIE, chargé de communication et de playdoiyer de la Coalition Nationale pour l'Education Pour Tous du Burkina Faso (CN-EPT/BF)

     

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