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Haïti / Élections : Les revendications des paysans seront-elles prises en compte ?



  • mercredi 30 novembre 2005
    par Djems Olivier


    P-au-P, 30 nov. 05 [AlterPresse] --- Des candidats aux présidentielles haïtiennes ont boudé, ce 30 novembre 2005 dans la capitale haïtienne, une invitation des paysans regroupés au sein de la Plate-Forme Paysanne pour la Sécurité Alimentaire dans le Nord-Ouest (PPSANO), a constaté AlterPresse.

    « Nous avons invité 31 partis politiques et candidats à la présidence, ils ont pour la plupart brillé par leur absence. Cela montre très clairement qu’ils ne vont pas prendre en compte les revendications des paysans », remarque Ernia Massillon de la Plate-Forme Régionale des Organisations du Bas Nord-Ouest (POREBANO).

    « Ce secteur de la société haïtienne, continuera-t-il d’être exploité par les politiciens qui veulent arriver au pouvoir ? », s’interroge la militante paysanne.

    Sur une trentaine de candidats et partis politiques attendus à cette rencontre, seulement 10 ont répondu à cet appel, dont 3 à la présidence. Il s’agit de Reynold Georges de l’Alliance pour l’Avancement d’Haïti (ALAH), Himmler Rébu du Grand Rassemblement pour l’Évolution d’Haïti (GREH) et Judie C. Roy du Regroupement Patriotique pour le Renouveau National (REPAREN).

    Ce forum, considéré par certains comme un échec pour la classe politique, avait pour objectif de présenter les revendications des paysans du Nord-Ouest, en matière de souveraineté et de sécurité alimentaires.

    « Aujourd’hui, les paysans veulent s’impliquer dans la lutte pour la valorisation de leurs revendications, ils ont tous le droit de participer aux grandes décisions concernant la nation toute entière », clame l’ingénieur-agronome Allen Henry, modérateur de la rencontre.

    « Nous estimons qu’il est important de sensibiliser les futurs décideurs du pays sur la problématique de développement dans le Nord-Ouest », ajoute Hudson Michel qui indique que « des opportunistes se servent de la misère de la population pour s’enrichir ».

    Grâce au soutien financier de l’organisation humanitaire Action Aid, la PPSANO avait réalisé une étude de terrain dans cette région d’Haïti, précise l’ingénieur-agronome Huguenel Alézi. Le coordonnateur de programme de Action Aid Haïti promet d’assurer le suivi de ces activités, dont l’objectif est de garantir la souveraineté alimentaire du pays.

    Selon cette étude, la majorité des familles, dans cette région communément appelée Far West, vit dans des conditions infra humaines.

    Les services sociaux de base ne sont pas garantis, l’État est quasi inexistant, alors que le Bas Nord-Ouest possède des potentialités et des moyens lui permettant d’initier un réel développement pour arriver à la satisfaction des besoins des communautés.

    La région du Nord-Ouest a la capacité de produire pour la satisfaction des besoins de la population. Une meilleure exploitation de la rivière dénommée les « Trois Rivières » pourrait favoriser une forte productivité agricole dans la zone, selon cette étude.

    Des statistiques montrent que les ressources en eau pouvant être captées dans la région sont évaluées à 17, 868,750 mètres cubes pour une hauteur de 43 mètres, précise un document produit par la Plate-Forme.

    Les responsables de la Plate-Forme Paysanne pour la Sécurité Alimentaire dans le Nord-Ouest (PPSANO) croient que, pour arriver au développement du Nord-Ouest, il est nécessaire d’irriguer plus de 15,000 hectares de terres pour l’exploitation agricole, de résoudre les problèmes d’électricité en utilisant l’énergie éolienne et d’encadrer les paysans dans leurs activités.

    « Toute politique durable, visant le développement durable de cette région, devrait avoir comme objectif principal la sécurité alimentaire et s’articuler autour des axes agriculture et élevage, pêche, tourisme », avancent les initiateurs de la rencontre du 30 novembre.

    Ils préconisent également la construction des infrastructures de base au niveau du Môle Saint Nicolas.

    « Des études montrent que Môle Saint Nicolas est une zone exposée au vent, les autorités pourraient utiliser l’énergie éolienne pour électrifier la zone », révèle Hudson Michel qui n’a pas précisé sa source.

    Le bas Nord-Ouest est composé de quatre communes : Môle Saint Nicolas, Jean Rabel, Bombardopolis et Baie-de-Haine. Les membres de PPSANO exigent des actions concrètes visant à valoriser cette région, dont les côtes sont exploitées, selon eux, par les pêcheurs cubains, dominicains et bahaméens.

    Une première rencontre avec les candidats et partis politiques a déjà eu lieu dans la ville de Port-de-Paix (chef lieu du département du Nord-Ouest). Sur 64 invités, seulement 10 avaient répondu.

    Dans la Vallée de l’Artibonite, à plus d'unce centaine de kilomètres au nord de Port-au-Prince, des activités du même genre ont été organisées par le Mouvement Revendicatif des Paysans de l’Artibonite (MOREPLA), soutenues par l’organisation Oxfam Intermon. [do rc apr 30/11/05 15:30]
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