Considérée comme un tournant, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s'est ouverte lundi à Varsovie, en Pologne, sur un appel à conclure un nouvel accord afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les dévastations provoquées par le typhon Haiyan aux Philippines rappelant plus que jamais l'urgence d'agir.
" Nous devons saisir l'opportunité offerte par Varsovie ", a lancé Christiana Figueres, la Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), aux participants de la 19ème session de la Conférence.
Selon elle, " le monde est prêt " et il existe un élan en faveur des problématiques climatiques et de protection de l'environnement, mais aussi de la sécurité, de l'énergie, des enjeux économiques et de gouvernance qui y sont liés.
" Un nouvel accord universel sur le climat est à notre portée ", a insisté Mme Figueres, affirmant que les agences, les banques de développement, les investisseurs et les gouvernements étaient sur la même longueur d'ondes.
" Les parties peuvent impulser la dynamique du changement et progresser ensemble vers le succès en 2015. "
La Convention-cadre est une plateforme intergouvernementale chargée de relever les défis posés par les changements climatiques. Elle reconnaît que le système climatique est une ressource partagée dont la stabilité peut être affectée par les émissions industrielles de CO2 ainsi que les autres gaz à effet de serre.
D'une durée de deux semaines, la Conférence réunit les 195 parties à la CCNUCC, dont dépend le Protocole de Kyoto de 1997. Au cours des deux prochaines semaines, les délégations tenteront de se mettre d'accord sur les termes d'un traité sur les changements climatiques, qui pourrait être finalisé d'ici à 2015 et entrerait en vigueur en 2020.
Mme Figueres a souligné les principaux domaines dans lesquels la Conférence des parties (COP-19) doit faire des progrès substantiels, en particulier les questions relatives au financement d'une économie mondiale faible en émissions de carbone, a-t-elle dit. " Nous devons mettre en place un mécanisme destiné à aider les populations vulnérables et à répondre aux conséquences inattendues des changements climatiques. "
Prenant également la parole aujourd'hui, le Ministre polonais de l'environnement et Président nouvellement élu de la COP-19, Marcin Korolec, a insisté sur la dimension transnationale des changements climatiques, estimant qu'il s'agissait autant d'un défi que d'une opportunité.
" C'est l'occasion pour nous d'agir ensemble. Un pays ou même un groupe de pays ne peuvent pas faire la différence. Mais ensemble, unis comme nous le sommes aujourd'hui, nous pouvons y parvenir ", a-t-il assuré.
La conférence s'ouvre alors que le super typhon Haiyan aurait fait au moins 10.000 morts aux Philippines, selon le Programme alimentaire mondial (PAM), sans compter d'innombrables dégâts.
Le principal négociateur des Philippines, Yeb Sano, a exhorté la communauté internationale à se mobiliser.
" Nous pouvons arrêter cette folie. Ici même, à Varsovie ", a martelé M. Sano. " Les typhons comme Haiyan et leur impact sont un triste rappel que nous ne pouvons plus nous permettre de tergiversations. "
Il a également rejeté le concept de " catastrophe naturelle ", déclarant dans un communiqué de presse de l'Office des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes qu'" il n'y a rien de naturel lorsque des peuples engagés dans la lutte contre la pauvreté et en faveur de leur propre développement se retrouvent anéantis par une tempête monstrueuse. "
La Secrétaire exécutive de la CCNUCC a relevé de son côté que " nous sommes les premiers êtres humains à respirer un air avec 400 ppm de CO2 ", prévenant que la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère était la plus élevée depuis au moins trois millions d'années.
[COP19-climat]