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Afrique : va-t-on vers la fin des douleurs de croissance?



  • Afrique : va-t-on vers la fin des douleurs de croissance?
    L'ultime frontière en matière de développement.
    Communiqué de la Banque Mondiale

    Le 7 Mars 2005 -
    La communauté internationale a fait de 2005 l'année de l'Afrique. De nombreuses réunions, à très haut niveau, auront lieu cette année, avec pour thème les contraintes et opportunités en Afrique.

    Les problèmes à résoudre sont multiples : il s'agit d'endiguer les pandémies du VIH/SIDA et du paludisme, de trouver des solutions aux conflits, de maîtriser la corruption, de relancer la croissance, de reconstruire les infrastructures et de remettre à niveau la santé et l'éducation. Et en Afrique, il faut tous les attaquer de front !

    Comme le dit Gobind Nankani, Vice président de la Banque mondiale pour la région de l'Afrique sub-saharienne, « Cette année est vraiment cruciale pour l'Afrique, en termes simples : ça passe ou ça casse. »

    Créer des opportunités va requérir des actions à la fois des leaders africains et de leurs partenaires internationaux. Au cours des deux dernières années, l'aide à l'Afrique n'a connu aucune croissance. Les barrières, qui font obstacle aux exportations africaines vers les pays riches, restent difficiles à démanteler. Comme ne fait que le recommander la Banque mondiale, l'Afrique sub-saharienne a besoin de plus d'aide et d'un meilleur accès aux marchés internationaux, en particulier aux marchés agricoles où les denrées africaines seraient parfaitement capables de soutenir la concurrence d'autres producteurs, si les pays riches acceptaient de diminuer les subventions qu'ils accordent à leurs exploitants agricoles.

    Au-delà de ces problèmes, des signes encourageants commencent à apparaître. De plus en plus, on voit des africains prendre en main leur développement.

    Pleins feux sur les réussites dans la région

    L'Afrique sub-saharienne compte 37 pays. Elle est d'une très grande diversité, et il ne faudrait en aucun cas que les échecs portent ombrage aux réussites, comme on le voit trop souvent.

    « Les récents événements du Togo ne devraient pas diminuer l'importance des événements, comme la paix en Sierra Léone ou en Angola, la croissance que connaît la Tanzanie, ou le boum du logement au Ghana, » dit M. Nankani, qui souligne quelques-uns des récents progrès. La région, qui autrefois souffrait d'une inflation galopante, a vu revenir un peu partout la stabilité macro-économique.

    Les pays africains ont démontré qu'ils peuvent produire à des niveaux internationaux et soutenir la concurrence sur tous les marchés.

    L'ile Maurice a réussi à exporter des crevettes. Des fleurs du Kenya sont vendues sur les marchés londoniens, tandis que les légumes du Sénégal se trouvent dans les grandes épiceries parisiennes.

    Quinze pays, dont l'Ouganda, l'Éthiopie et le Burkina Faso, ont connu une croissance moyenne qui a dépassé 5% par an depuis le milieu des années 1990.

    L'investissement direct est en augmentation. L'année passée, il a atteint 8,5 milliards de dollars EU contre 7,8 milliards l'année précédente.

    L'Afrique du Sud est devenue un investisseur majeur sur l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne, tandis que la Chine entraîne le reste de l'Asie à s'intéresser à l'Afrique.

    Tout ceci est encourageant, mais l'Afrique n'est pas encore au bout de ses peines. Il faut maintenant que la croissance s'accélère, qu'elle soit soutenable, et qu'elle apporte ses bénéfices à tout le monde, y compris les pauvres, les femmes, les jeunes, et les habitants des zones rurales reculées.

    « Nous avons connu, par le passé, des épisodes de croissance qui n'ont pas duré, et qui n'ont pas eu de répercussions sur toutes les couches de la société, » explique M. Nankani. Bien qu'un tiers des pays africains aient enregistré une croissance de 5%, ce taux est à peine suffisant pour permettre aux pays de garder la tête hors de l'eau et maintenir le nombre de personnes pauvres au même niveau. Pour que la région sorte de la pauvreté, il faut que la croissance atteigne au moins 7%.

    Les africains prennent les commandes de leur développement

    Une nouvelle génération de leaders africains, issus d'organismes comme le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), l'Union africaine et autres organisations sous-régionales comme la Communauté de l'Afrique de l'Est, sont en train de prendre en main le développement du continent.

    « Les progrès sont importants. Nous voyons les africains travailler ensemble pour réduire les conflits, intégrer leurs économies, et accélérer le progrès, » dit M. Nankani.

    Les gouvernements africains élaborent eux-mêmes des stratégies de réduction de la pauvreté (a), qui, plus proches des réalités nationales, répondent mieux aux besoins du pays.

    « L'avenir de la région dépend d'un partenariat global dans lequel les partenaires internationaux du continent apporteront leur soutien à des stratégies de développement véritablement nationales, » dit M. Nankani. Et il faut tenir les promesses qui ont été faites. « Les flux d'aide aux pays africains n'ont connu aucune croissance, malgré les Objectifs de développement pour le millénaire (a) (les cibles internationales à atteindre pour 2015), les réformes de politique nationales, et une attention à l'échelle mondiale », ajoute M. Nankani.

    Le monde a aujourd'hui les yeux tournés vers l'Afrique

    L'aide étrangère a fait partie intégrante du passé africain, et elle reste essentielle pour l'avenir du continent. C'est ce que dit Phyllis R. Pomerantz, responsable en chef du Développement des connaissances à la Banque mondiale, dans son dernier rapport « Aid Effectiveness in Africa » (a).

    Et les donateurs sont d'accord avec elle. Ils ont convenu, en février, de réunir 34 milliards de dollars EU pour réapprovisionner les fonds de l'Association internationale pour le développement (IDA) (a), la filiale de la Banque mondiale qui offre des dons et des prêts aux conditions douces aux 81 pays les plus pauvres du monde, dont près de la moitié sont en Afrique.

    D'autres évènements auront lieu cette année, et ils sont prometteurs de nouveaux engagements financiers en faveur du continent : publication, en mars, d'une évaluation des besoins de l'Afrique par la Commission pour l'Afrique, dont le Royaume-Uni est le chef de file, et, plus tard, en juillet, discussions élargies au cours de la réunion du G8.

    Finalement, le sommet du millénaire des Nations Unies en septembre reverra les progrès accomplis, en vue de diminuer de moitié la pauvreté dans le monde pour 2015, comme le prévoient les huit Objectifs de développement pour le millénaire. L'aide aux pays d'Afrique sub-saharienne sera au centre de nombreuses discussions : ses pays ont en effet peu de chances de réaliser leurs objectifs ; il faut donc éviter à tout prix des dérapages supplémentaires.

    Les vedettes mondiales du rock se sont jointes, elles aussi, aux efforts. Bono (a) est devenu un défenseur ardent de la cause africaine. Il en appelle aux leaders internationaux pour qu'ils diminuent le fardeau de la dette qui pèse sur la région, et pour qu'ils en fassent plus pour endiguer l'épidémie du VIH/SIDA.

    Mais, en fin de compte, pour que l'aide réussisse, il faut que l'Afrique établisse avec ses partenaires internationaux des relations de confiance, dit Pomerantz.

    La confiance va venir de l'engagement, de la fiabilité, d'une meilleure compréhension mutuelle, de la transparence, et d'une communication franche et ouverte.

    « Pour influencer les politiques et assurer la réussite, la qualité des relations est plus importante que l'argent, » écrit-elle. Et elle ajoute que les partenaires internationaux ne comprennent pas l'Afrique aussi bien qu'ils le devraient.

    La Banque mondiale et l'Afrique

    L'objectif de la Banque mondiale est d'aider les africains à s'aider eux-mêmes, en leur prêtant de l'argent, en partageant avec eux les connaissances, en développant leurs compétences et en établissant avec eux des partenariats.

    La Banque est à l'avant-garde des efforts entrepris pour alléger la dette (a) des pays pauvres de la région, ainsi que pour aider les pays au sortir d'un conflit (a), assister les pays à l'éradication des maladies transmissibles, y compris le VIH/SIDA et le paludisme, et pour redynamiser la croissance économique.

    La Banque veut également s'assurer que les bénéfices de la croissance se fassent sentir dans toutes les couches de la société. Ses priorités sont les suivantes :
    Encourager et améliorer l'intégration régionale pour renforcer le commerce intra-régional et abaisser les coûts de transport pour les pays enclavés.
    Développer des entreprises africaines.
    Améliorer le commerce, en particulier en aidant les produits africains à s'implanter sur les marchés internationaux.
    Renforcer la capacité des gouvernements et améliorer la gouvernance.
    Augmenter les montants et l'efficacité (harmonisation (a)) de l'aide internationale.

    L'entreprise « Afrique » est prête à conquérir des marchés

    Pour permettre aux pays africains d'acquérir cette autosuffisance économique que constitue la conquête des marchés, il leur faut un secteur privé dynamique et fort.

    « En Afrique, l'entreprise privée est historiquement resté le parent pauvre du développement, » remarque M. Nankani.

    La région doit construire des industries d'exportation en s'appuyant sur l'agriculture et sur ses ressources naturelles. Les exportateurs de fleurs du Kenya sont peut être un modèle à suivre pour les entrepreneurs africains.

    Les recettes des gouvernements africains dépasseront 200 milliards de dollars EU au cours de la prochaine décennie. Si ces ressources importantes sont bien gérées, leur impact sur la réduction de la pauvreté pourrait être très important.

    Mais le renforcement de l'entreprise africaine n'est pas seulement une question d'argent. Il faut améliorer l'environnement des affaires, c'est-à-dire éliminer les obstacles juridiques et réglementaires, assurer la fiabilité énergétique et réparer les routes et autres infrastructures essentielles. Ces mesures sont des préalables à une reprise de la production, une accélération de la distribution, et l'ouverture de nouvelles opportunités commerciales.

    Selon l'étude, la Pratique des affaires en 2005 (a) de la Banque mondiale, sept pays africains font partie des dix pays au monde où les conditions de démarrage d'une entreprise sont les plus difficiles.

    « Les leaders africains déploient aujourd'hui des efforts pour éliminer l'image d'un environnement d'affaires africain à haut risque, où les coûts de transactions sont élevés, » dit M. Nankani.

    Le Mali, le Sénégal et la Tanzanie font partie des pays qui organisent des tables rondes pour les investisseurs, et mettent en place les mesures nécessaires à un climat favorable aux affaires.

    Aller de l'avant

    Aujourd'hui, une génération après le concert « Live Aid », qui a uni tous les peuples du monde pour alléger la famine en Ethiopie, le monde a beaucoup changé. Comme d'ailleurs, les besoins de l'Afrique. L'épidémie du VIH/SIDA et les conflits ont remplacé les pénuries alimentaires dans la liste des problèmes pressants de la région. Un africain sur cinq en est la victime.

    Mais la mondialisation et les progrès en matière de communications et de technologies ouvrent aujourd'hui à l'Afrique des voies nouvelles pour sortir de la pauvreté. Certes, les problèmes de l'Afrique sont difficiles et ses objectifs sont ambitieux. Mais, comme le conclut M. Nankani, « ils sont réalisables si les leaders africains, les sociétés africaines et la communauté internationale travaillent main dans la main dans un véritable partenariat. »

    Source: Banque Mondiale
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