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L'îlot nucléaire : le composant clé de l'énergie nucléaire



  • Avec ses 58 réacteurs, le parc nucléaire français est assez homogène dans sa composition. La technologie utilisée, les réacteurs à eau sous pression (REP), encore appelés réacteurs de deuxième génération, répond à des caractéristiques précises bien connues des exploitants français. L'îlot nucléaire, par exemple, est considéré comme un des éléments clés de l'installation, et nécessite donc une attention toute particulière en matière d'optimisation technique. EDF et Areva ont annoncé, dans ce cadre, mercredi 17 mai 2017, la création de Edvance, une coentreprise dédiée à la conception de ces équipements et destinée à devenir une nouvelle référence pour la filière nucléaire française.

    Îlot nucléaire et îlot conventionnel : quelles différences ?

    Englobant la chaudière nucléaire et les installations relatives au combustible, ainsi que les équipements nécessaires au fonctionnement et à la sécurité de cet ensemble, l'îlot nucléaire est une des parties les plus sensibles de l'installation d'un réacteur. Il accueille en son sein le phénomène de fission nucléaire et de création de chaleur, et comprend pour cela plusieurs équipements déterminants. Il regroupe notamment le bâtiment du réacteur (BR) qui contient l'ensemble du circuit primaire sous pression ainsi qu'une partie des circuits assurant le fonctionnement et la sûreté du réacteur, le bâtiment du combustible (BK) où est entreposé le combustible neuf ou irradié, ainsi que d'autres bâtiments techniques abritant les groupes électrogènes de sauvegarde, ou les locaux électriques (salle de commande et locaux d'exploitation, alimentations électriques, contrôle-commande du réacteur, etc.).

    De son côté, l'îlot conventionnel rassemble tous les équipements qui permettront de transformer cette chaleur en électricité, puis de refroidir les circuits. On y retrouve la salle des machines qui abrite le groupe turboalternateur, dont le rôle est de transformer la vapeur produite dans l'îlot nucléaire en électricité, la station de pompage qui permet d'assurer le refroidissement de l'installation au moyen de la source froide (cours d'eau ou mer dans le cas d'un circuit ouvert), ou un aérofrigérant, si la réfrigération de la tranche est réalisée en circuit fermé.

    Ensemble, ces deux éléments sont sous la responsabilité des divisions équipements et ingénierie, et doivent faire état d'une fiabilité à toute épreuve. La fabrication des équipements lourds et mobiles, incluant les pièces forgées et moulées de grande taille, implique en effet une grande maîtrise technique et un savoir-faire technologique déterminant au regard des enjeux de sûreté et de sécurité applicables à la filière nucléaire. Les exploitants mènent pour cela une politique constante de recherche dans leurs procédés industriels afin d'optimiser la fabrication de ces équipements et la sécurisation des sites. Ils peuvent par exemple, travailler sur l'utilisation de nouveaux matériaux, la modélisation et la simulation numérique, la mise en œuvre des systèmes de fabrication encore plus fiables et plus précis, ou la mise en place de contrôles des équipements toujours plus rigoureux.

    Une nouvelle référence de l'activité Equipements et Ingénierie

    Dédiée à la conception et à la fabrication des composants chaudronnés et mécaniques de l'îlot nucléaire, l'activité Equipements et Ingénierie bénéficie aujourd'hui d'un certain regain d'activité. Le marché du remplacement de composants, en augmentation ces dernières années du fait de la volonté croissante des exploitants d'allonger la durée de vie et d'améliorer les performances de leurs centrales, ainsi qu'un marché des centrales neuves en plein essor (en Asie notamment), offrent de nouvelles opportunités de développement prometteuses pour l'avenir. En France, les deux principaux acteurs de la filière nucléaire, EDF et Areva, longtemps partenaires sur ces sujets, ont donc décidé dans ce contexte, de consolider leurs compétences en la matière via la fusion de leur département d'ingénierie au sein d'une nouvelle entité. "Le Conseil d'Administration du groupe EDF a approuvé la création de la société Edvance qui conclut le rapprochement des ingénieries d'EDF et d'AREVA NP", a annoncé l'énergéticien français dans un communiqué publié le 17 mai 2017. Ce rapprochement, qui intervient quelques mois seulement avant la finalisation du rachat de la division réacteurs d'Areva par EDF, constitue, toujours selon EDF, "un jalon essentiel dans la refondation de la filière nucléaire française".

    Détenue à 80% par EDF, Edvance aura à sa charge les projets de conception (basic design) et de réalisation (études, assistance à l'approvisionnement, montage et mises en service) d'îlots nucléaires et de contrôle commande des nouveaux réacteurs en construction, en France et à l'international. Elle aura pour premières missions d'assurer la maintenance du parc de réacteur REP, de travailler sur l'EPR d'Hinckley Point, en Grande-Bretagne, ou encore de participer à la conception du nouveau modèle d'EPR. De son côté, la division réacteurs et service d'Areva (ex-Areva NP), dont l'acquisition par EDF doit être finalisée au second semestre, se concentrera exclusivement sur la chaudière nucléaire (cuve, générateurs de vapeur, pilotage de la centrale).

    La base d'une énergie toujours "indispensable" en France

    Par cette association, les deux industriels espèrent notamment gagner en performance et en compétitivité, et consolider ainsi la place dans notre mix énergétique de l'atome, une énergie toujours « indispensable » pour notre pays, selon les récentes déclarations du Président d'EDF Jean-Bernard Lévy. Outre le développement des énergies renouvelables, auquel participe EDF, "il est aussi dans l'intérêt national que la production nucléaire reste solide, performante et compétitive", a-t-il déclaré lors de l'assemblée générale des actionnaires de l'électricien public, jeudi 18 mai. "C'est un socle de production indispensable, pas seulement aujourd'hui, mais pour encore des décennies. Cette production peut être modulée sur demande et elle est complémentaire du parc important d'énergies renouvelables que nous sommes aussi en train de construire", a ajouté Jean-Bernard Lévy.

    L'énergie nucléaire, qui rassemble plus de 2500 entreprises et emploie près de 220.000 salariés, assure en effet une certaine indépendance énergétique à l'Hexagone. Elle permet d'offrir aux usagers une électricité à la fois décarbonée et très bon marché, et d'accompagner le développement progressif des énergies renouvelables. Si la loi de transition énergétique prévoit une baisse de 75% à 50% de la part du nucléaire dans le mix énergétique national d'ici à 2025, la hausse prévisible de la consommation de courant (véhicules électriques, nouveaux appareils...) nécessitera, dans le même temps, de maintenir la puissance installée du parc nucléaire à son niveau actuel de 63,4 GW, tout en respectant l'objectif inscrit dans la loi de transition énergétique. Nicolas Hulot lui-même, fraîchement nommé ministre de la Transition écologique et solidaire et connu pour ses positions assez tranchées sur l'avenir du nucléaire, ne devrait pas dévier de la trajectoire fixée par le nouveau gouvernement. Il le reconnaît d'ailleurs lui-même : "le nucléaire, que l'on soit pour ou contre, de toute façon on ne peut pas s'en passer demain matin", a-t-il déclaré le 18 mai au 20 heures de France 2.


    Source : Benoit Boulard

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