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France : Mondial de l'automobile 2006 - des constructeurs mettent en avant des enjeux environnementaux ... et énergétiques.



  • Au Mondial de l'automobile 2006, qui a ouvert ses portes le 30 septembre, plusieurs signes indiquent que les organisateurs, et certains constructeurs, ont souhaité mettre en avant leurs réponses aux enjeux environnementaux liés à la voiture. Cette position plutôt défensive face aux procès faits à la voiture ne témoigne pas pour autant d'une réelle recherche de mobilité durable. Le renvoi des responsabilités sur les divers acteurs, les pétroliers, les constructeurs, l'Etat et les consommateurs en témoigne.Au Mondial de l'automobile, la lecture de la Lettre d'information du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) donne le ton. L'éditorial, signé de son président, Manuel J. Gomez, rappelle que l'automobile est un « moteur de progrès » et que les attaques récentes et de plus en plus virulentes (voir article lié sur la mobilisation de l'état californien) sont injustes : « Attaquée, critiquée, vilipendée - à se demander parfois si ce n'est pas politiquement correct d'être « anti-voiture » - l'automobile ne mérite ni cette vindicte, ni ce procès ». A l'instar de cette plaidoirie, le Mondial 2006 a opté pour une stratégie de défense et a souhaité multiplier les gages pour montrer que le secteur de l'automobile connaît ses responsabilités et les assume.

    Premier indice de cette préoccupation grandissante pour l'image du secteur, la présence, pour la première fois au Mondial, d'une association environnementale : le FFNE (Fonds Français pour la Nature et l'Environnement). Il bénéficie de fonds publics et privés (Total est l'un de ses principaux membres)et travaille à des partenariats entreprises-associations sur des projets environnementaux. Le FFNE explique avoir obtenu ce droit de cité après avoir assuré les organisateurs qu'elle n'était pas contre la voiture... mais pour des réflexions autour des solutions de demain. Pendant les quinze jours du salon, le FFNE organise des conférences sur la thématique « La voiture de demain dans le contexte du changement climatique » et distribue une lettre, éditée en collaboration avec les organisateurs du salon, « L'environnant magazine », dans laquelle est retracée l'itinéraire de la voiture propre sur le salon...Au côté du FFNE, on note la présence, toujours pour la première fois , de la collective « Passions céréales » venue présenter le bio-éthanol et en expliquer les enjeux. Deux signes positifs donc, si ce n'est que la présence de ces deux stands (et de trois autres dédiés au gaz naturel, au GPL et au butane-propane) sont situés dans un hall à l'habillage modeste, occupé majoritairement par les assureurs et les grands médias.

    La valse des responsabilités et des approches

    Dans le Hall 1, dédié aux plus grandes marques françaises et étrangères, on peut noter que l'environnement est un argument au service de l'image. Au côté de chaque voiture est dorénavant affiché l'étiquette énergie, panneau qui répertorie le niveau d'émissions de CO2 du véhicule proposé (de A à G) , comme cela existe pour les frigidaires et les machines à laver. Un rapide tour d'horizon permet de constater que la moyenne se situe souvent vers E ou F, avec quelques petites citadines classées C et la Smart fièrement notée B. La plupart des grandes marques approchées (Peugeot, Renault, BMW, Smart...) ne craignent pas d'aborder les questions environnementales, et se font fort de présenter leur vision du problème... et leurs solutions. Certaines comme les leaders français ou BMW, préconisent plutôt une innovation et une éco-conception des moteurs et des filtres à particules pour limiter la pollution des voitures. Elles ne privilégient pas la piste suivie par les deux constructeurs japonais, Honda et Toyota, qui proposent des voitures alimentées par d'autres sources d'énergie.En fait, le consommateur soucieux d'environnement n'a à ce jour sur le salon, que le choix entre un modèle haut de gamme onéreux et un prototype... La France est loin de proposer en série des voitures roulant à l'éthanol ou électriques, par exemple, comme c'est le cas au Brésil ou en Suède.

    A qui la faute ?

    Les responsabilités varient selon les stands... et les acteurs.Pour Total, qui cette année, s'est installé aux côté des grands constructeurs pour afficher ses nouvelles solutions énergétiques, hydrogène et biocarburant en tête, on ne peut imputer la faute aux compagnies pétrolières. Un responsable marketing de la compagnie (qui inaugure le 4 octobre la première pompe E85 en France, Porte d'Orléans à Paris) explique que l'Etat a annoncé l'ouverture de 500 pompes E85 (85 % éthanol) très prochainement Or les voitures adaptées ne sont pas encore commercialisées à grande échelle en France, cela n'est donc pas encore imminent. Force est de constater que sur le stand des marques françaises, Renault, Peugeot ou Citröen, aucune date de lancement précise ne peut être donnée pour les premières flex-fuel, annoncés courant 2007. Mais les constructeurs renvoient la balle dans le camp de leurs clients en disant que les consommateurs ne sont pas prêts à payer plus cher pour une automobile « propre »...

    La menace sociale et économique

    Ces constructeurs qui rappellent, comme le martèle la lettre d'information du CCFA, combien il est pernicieux de s'attaquer à la « première industrie du pays » dont l'enjeu social n'est pas négligeable. La filière fournit du travail à 2,5 millions de salariés (1 salarié français sur 10 vit par et pour l'automobile) et c'est un acteur majeur influent dans la balance commerciale du pays. Enfin, n'hésite pas à signer le CCFA, « réduire la mobilité, c'est bloquer la croissance économique ». Permettre au citoyen, grâce à la voiture qui abolit les distances, de choisir un meilleur travail, de meilleures écoles pour sa formation, d'accéder à des hôpitaux plus performants... est source, selon les défenseurs de la mobilité individuelle, de création de richesse économique et de bien-être, que ne peuvent permettre les transports en commun aujourd'hui. Cet énième renvoi de responsabilité et un difficile compromis à trouver entre liberté individuelle et qualité de vie pour tous...

    Source :http://www.novethic.fr

    Sylvie Touboul

    Mis en ligne le : 04/10/2006
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