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Selon l'OCDE, les taxes carbone et les systèmes d'échange de droits d'émission sont les moyens les moins coûteux de réduire les émissions de CO2



  • Les taxes carbone et les systèmes d'échange de droits d'émission constituent les moyens les plus économiques pour faire baisser les émissions de CO2 et devraient être la clé de voûte des efforts gouvernementaux de lutte contre le changement climatique. C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude de l'OCDE.

    Intitulée Prix effectifs du carbone, cette étude montre que les taxes et systèmes d'échange sont préférables à d'autres moyens d'action comme les subventions environnementales et les normes technologiques. Elle indique qu'éviter l'émission d'une tonne de carbone dans le secteur routier peut coûter jusqu'à huit fois moins cher si on utilise une taxe sur les carburants que si on recourt à d'autres instruments.

    " Les initiatives de taxation et de réglementation des émissions de carbone sont légion, mais les résultats obtenus jusqu'ici laissent beaucoup à désirer ", constate le Secrétaire général de l'OCDE, M. Angel Gurría. " Les pays procèdent de nombreuses façons différentes en matière de tarification du carbone, d'où des prix qui sont parfois trop élevés, mais souvent trop bas. C'est une situation des plus confuses, de laquelle n'émerge aucun signal clair et qu'il faut corriger. "

    L'étude tire les enseignements des politiques climatiques appliquées par 15 pays dans certains des secteurs qui figurent parmi les plus gros émetteurs de carbone : production d'électricité, transport routier, pâtes et papier, ciment et consommation d'énergie des ménages. Elle souligne que si les taxes carbone ont un coût évident - ce qui en fait d'ailleurs une cible facile pour leurs opposants -, d'autres instruments comme les normes technologiques établissent également un " prix du carbone " implicite qui correspond au coût de mise en conformité.

    Le rapport démontre clairement qu'en appliquant des instruments économiques plus " intelligents ", les pays pourraient abaisser dans des proportions plus importantes leurs émissions pour un coût moindre.

    Dans le secteur de l'électricité, les subventions d'équipement représentent un coût moyen de 176 EUR par tonne d'émissions de CO2 évitées ; ce coût est de 169 EUR dans le cas des tarifs d'achat de l'électricité renouvelable mais de seulement 10 EUR dans celui des systèmes d'échange de droits d'émission. Pourtant, les subventions d'équipement et les tarifs d'achat sont bien plus répandus. Dans le secteur des transports routiers, le coût de réduction des émissions augmente à mesure qu'on fait appel à des incitations fiscales, à des subventions pour l'achat de véhicules plus propres ou à des obligations d'incorporation de biocarburants dans l'essence ou le gazole. Cela n'empêche pas de nombreux pays de soutenir les biocarburants par des régimes fiscaux préférentiels et des obligations d'incorporation.

    À l'occasion d'une conférence donnée en octobre à l'invitation de la London School of Economics, M. Gurría a affirmé que les gouvernements devaient adopter une approche cohérente en matière de tarification du carbone pour pouvoir respecter les engagements internationaux qui prévoient de faire cesser progressivement les émissions liées aux combustibles fossiles et de limiter la hausse des températures par rapport à l'ère préindustrielle à 2 ºC. Pour M. Gurría, " la seule façon de progresser consiste pour les gouvernements à mettre en place la panoplie de mesures optimale pour mettre fin aux émissions dues aux combustibles fossiles au cours de la deuxième moitié du siècle. On ne pourra pas s'en sortir en appliquant quelques mesures faciles triées sur le volet. "
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