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Consommation excessive du bois de chauffe: des solutions innovantes à un problèmes stucturel



  • Au début de la révolution burkinabé le président Thomas Sankara avait lancé cette boutade : «  des chercheurs qui cherchent, on en trouve mais des chercheurs qui trouve, on en cherche ». Depuis, le monde scientifique au pays des hommes intègres s’est senti piqué dans son amour propre et des initiatives diverses sont nées ça et là. Un salon de l’invention, de l’innovation et des technologies a même vu le jour et fait aujourd’hui la fierté de cette communauté. Mais le domaine de la recherche n’est plus l’apanage des seuls chercheurs et le cas de monsieur Amadé Ouédraogo est là pour nous le prouver. En effet, amoureux de l’environnement depuis la tendre enfance, il tenait à le protéger, à le préserver et pour lui, ce ne sont pas les solutions qui manquent. Depuis douze ans, il fabrique des briquettes de bois de chauffe à partir des résidus d’amandes de karité, de jatropha, des balles de riz etc. Commerçant de téléphones portables et de consommables numériques au grande marché de Bobo-Dioulasso, il n’en est pas moins un innovateur, inventeur en outils technologiques adaptés dans le domaine de la préservation de l’environnement en zone sahélienne.

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    Il est connu de tous que pour la satisfaction de leurs besoins énergétiques, les ménages burkinabè utilisent plusieurs sources certes, mais les plus importantes restes les énergies dites traditionnelles dont celles d’origine ligneuse et les résidus de récolte. En effet l’étude pour la mise en place de la base de données de 1998 à fait ressortir que le bois , le charbon de bois et les résidus de récolte sont les principales sources d’énergie des ménages car contribuant à près de 90% à la satisfaction des besoins. Cet état de fait engendre une forte pression sur les ressources naturelles contribuant à une dégradation du milieu physique ce qui est préjudiciable pour un pays agricole comme le Burkina Faso dont les actions de développement se fondent sur l’agriculture. La problématique de l’approvisionnement durable et à moindre coût ainsi que l’utilisation rationnelle des énergies domestiques par les populations sans préjudice pour l’environnement ont longtemps constitué une préoccupation majeure pour la politique de développement économique et social du Burkina Faso. Pour ce faire, des efforts multiformes ont été déployés pour y faire face. Au nombre de ces efforts, on peut citer :
    - les actions tendant à la réduction de la demande par des actions de vulgarisation d’équipements économes, la promotion des énergies de substitution, la sensibilisation pour les économies d’énergie... ;
    - les actions visant à l’augmentation de l’offre à travers les reboisements et l’aménagement des formations naturelles ;
    - les actions portant sur la diversification des sources d’énergies à travers la promotion des énergies nouvelles et renouvelables. Pour soutenir ces actions, des textes législatifs et réglementaires ont été adoptés. A cela il convient d’ajouter la mise en place d’un cadre institutionnel chargé de la gestion du secteur.

    Malgré l’ensemble de ces actions, la situation reste toujours préoccupante du fait d’un certain nombre de facteurs tels :
    - la croissance démographique ;
    - la faible utilisation des équipements économes ;
    - la faible pénétration des énergies de substitution....
    A cela, il convient d’ajouter la forte utilisation agricole des terres.

    La diversification des sources d'énergie est à saluer et c'est pourquoi Amadé Ouédraogo est une référence dans le domaine de la transformation des produits forestiers non ligneux en combustible à pouvoir calorifique. Innovateur Technologique Indépendant, il est le lauréat du 1er prix du Président du Faso à la 10éme édition du Forum de la Recherche Scientifique et des Innovations Technologique (F.R.S.I.T) en 2012. Grand amoureux de l’environnement, il a pu réaliser son rêve : celui de proposer des solutions pour sa protection. Une solution qu’il a matérialisée par la transformation des produits non ligneux en combustible à pouvoir calorifique. Il n’a cependant pas franchi la classe de la 3e des lycées et collèges, mais il « compose » aujourd’hui avec des chercheurs confirmés de l’Agence Nationale de la Valorisation des Résultats de la Recherche (ANVRR), du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), de l’Institut régional des sciences appliquées et technologiques (IRSAT), du ministère de la recherche scientifique et de l’innovation (MRSI). Comme quoi aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années.

    « Mon cursus scolaire s’est achevé en classe de 4e », confie M. Ouédraogo qui se souvient encore de sa passion pour la nature. « Lorsque, raconte-t-il, j’étais encore enfant, je traversais la clairière pour aller à l’école, j’admirais beaucoup la nature et je disais qu’il fallait absolument des solutions adéquates pour la protéger, la préserver ». Il dit avoir compris que la richesse du pays reposait sur notre environnement et de préciser que : " Toutes les Nations tirent leur richesse à partir de la compréhension de leur cadre de vie ».

    Les briquettes peuvent être utilisées par les boulangers, les dolotières, les restaurateurs, les ménages et même les unités industrielles. Pour les ménages, elles seront très bénéfiques. Par exemple, « Une famille de 6 personnes dépense sans doute 400 FCFA par jour dans le bois de chauffe alors qu’avec 150 F, elle peut utiliser les briquettes pour toute la journée ». Une vraie solution à la préservation de l’environnement.

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    Une société de la place -il s'agit d'une société basée à Bobo-Dioulasso - est très intéressée par ces briquettes. Elle souhaite qu’Amadé mette en place une technologie pour sa consommation personnelle mais aussi pour les ménages. Le propriétaire de ladite société entend mettre au point des unités centrales à vapeur et de remplacer le fuel par les briquettes qui ont un pouvoir calorifique plus élevé et coûtent moins cher que le fuel. C’est un projet qui permettra de produire de l’électricité qui sera injectée sur le réseau national. En effet, précise-t-il à cet effet : « Notre nouvelle forme de briquettes combustibles contribue à la satisfaction des besoins d’énergie thermique de toutes les unités industrielles, semi-industrielles, artisanales et domestiques. L’entreprise voudrait bien rester dans l’anonymat d’abord, puisque c’est un projet en cours d’étude »



    Amadé affirme avoir commencé sur fonds propres mais aujourd’hui il est beaucoup soutenu par des fonds. Ainsi, a-t-il mis au point un nouveau liant biologique (liant Atn au Brevet numéros 1201200442 /OAPI/Cameroun), qui lui a permis de fabriquer de nouvelles formes de briquettes combustibles écologiques, à partir des résidus issus de l’agro-industrie ou de l’agriculture. Ces briquettes seront écoulées par les opérateurs économiques qui auront « des bons d’affaires » sous la licence de notre brevet, autour d’un contrat de Transfert de la technologie.

    De ses relations avec les autres chercheurs, il confie garder de bonnes relations avec ceux-ci et certains lui font recours dans la prise de décisions, ou dans les orientations de recherche. Parti de rien pour être une référence dans un domaine plutôt technique, Amadé ne croit qu’en la détermination, la volonté, lorsqu’on veut réaliser un rêve. A travers ses résultats enregistrés après de durs labeurs, il dit être aujourd’hui sollicité partout en Afrique, au Mali, au Niger et au Congo entre autres. « Cela me réjouit énormément de savoir que quelque part, des gens sont comblés et des problèmes sont résolus avec mes résultats », dit-il avec fierté.

    Lire l'article du CSFEF
    Lire aussi l'article de lefaso.net

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