Mediaterre
   

Les changements climatiques, un argument de renforcement des liens de l'unité africaine



  • LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES UN ARGUMENT DE RENFORCEMENT DES LIENS DE L'UNITE AFRICAINE

     

     Ecrit par Kossivi Nevaeme ADESSOU, activiste et engagé pour un monde socialement et climatiquement juste. Plusieurs années au service de l'ONG Jeunes Volontaires pour l'Environnement (JVE) ont fait de lui, un jeune avisé et ouvert pour l'éclosion d'une jeunesse africaine laborieuse entreprenante et prête à bâtir une Afrique autonome et prospère. " Si les jeunes d'ailleurs ont pu, ceux d'ici également peuvent. Le savoir-faire n'est que la conséquence d'une recherche sans cesse poussée lorsque l'on privilégie l'éthique, la méthode et la bonne foi en toute chose" se permet-il encore de croire.

     

    Mots Clé : Changement climatique, Unité africaine,

     

    Préambule :

    Il n'est plus de doute que les changements climatiques sont pour l'heure, le phénomène le plus inquiétant de l'humanité loin devant le VIH Sida, considéré comme la pandémie du siècle. Les changements climatiques, un phénomène dont l'homme est le premier responsable, pourra créer des victimes à une proportion inimaginable si des dispositions franches sérieuses et honnêtes ne sont prises par tous. Aux USA où la science se fait la mieux maîtrisée, la démultiplication des vents forts et violents dont les identités se déclinent au passage, ne se font que de plus en plus catastrophiques et violents avec à la traîne des coûts de dépense élevés liés à leurs conséquences.

    Pour l'Afriques les prévisions sont alarmistes et chaque pays pris individuellement s'arme à sa façon pour affronter le phénomène depuis quelques années désormais. Fort de ce constat, on note des actions isolées et éparses dont les impacts se font difficiles à identifier et ce, au regard de l'ampleur du phénomène. Pris sur tous les aspects les changements climatiques ont un coût très lourd à payer.

    Au-delà de la nécessité pour l'humanité d'aborder le problème autrement et de changer radicalement un certain nombre d'habitudes dont les retombées ne pourront plus permettre de lutter contre ce phénomène d'une dimension qui semble dépasser celle des phénomènes jusqu'ici connus, l'Afrique le parent pauvre du développement se doit de trouver une raison de positiver les impacts du changement climatique.

    Cet article vient donc non proposer une démarche authentique et savante, mais au contraire, vient enclencher une réflexion sur la nécessité de pousser la réflexion pour positiver les changements climatiques, ne serait-ce qu'en renforçant les liens pour une Union africaine plus forte et plus audible.

    Il est donc une réflexion menée au regard d'un bilan mitigé qui ressort des multiples conférences des parties sur les changements climatiques auxquelles l'Afrique a pris part.

     

    ‑‑‑

    Les conférences des parties sur les changements climatiques sont les grandes rencontres que la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) organise tous les ans et qui réunit tous les pays du monde car tous signataires de cette convention. Ce cadre qu'offre cette convention est un espace de réflexion et de définition d'action commune pour tacler l'ennemi commun à tous le changement climatique. Réputé coûteux pour l'ampleur de la participation, ce cadre est entrain petitement de perdre toute la confiance qui est placée en elle.

    Cette situation peut s'expliquer par le manque, depuis fort, de décision pouvant satisfaire aux besoins réels du problème selon qu'on soit d'un pays du sud ou du nord. Ou mieux, cette perte de confiance s'explique par le manque de volonté affiché par tous les états quant à la démarche à adopter pour freiner l'ampleur du problème.

    Pour l'Afrique la déception et l'inquiétude vont grandissantes à partir du moment où soit, les promesses généralement faites par les pays du nord[1], ne sont jamais tenues ou que ses (l'Afrique) vrais problèmes ne sont pas véritablement pris en compte.

    Rappelons que selon le Groupe Intergouvernemental des Experts sur le Changement Climatiques (GIEC), l'Afrique " à cause de sa pauvreté " est le continent qui sentira le plus durement possible les effets du changement climatique.

    Mais pourquoi donc l'Afrique a-elle toujours été lésée lors des négociations sur le climat ? Voici une question somme toute banale, mais qui pourra expliquer un tant soit peu cette situation qui se veut particulière pour.

    Selon un habitué des négociations " la phase invisible des négociations est très capitale et détermine celle à laquelle tout le monde participe " On se demande donc si l'Afrique prend part à une phase invisible donc des négociations ?

    Pour un autre, " Les négociations sont très harassantes, il faut être endurante, disposer d'une équipe outillée et renouvelable et aussi de moyens adéquats pour peser de tout son poids dans ces débats" Ces deux interventions ont retenu notre attention et nous emmènent à chercher à savoir comment l'Afrique se présente-elle à ces débats là ?

    Les recoupements nous assurent que l'Afrique a un porte-parole, mais comment se prépare la participation à cette grande rencontre ? là les éléments de réponses sont timides à recouper, car si des efforts d'ouverture du débat à la société civile sont notés, la prise en compte de l'avis de ces dernières jugés de " trop exigent " et parfois d' " exagéré " reste encore un mythe à renverser.

    Un fait majeur a retenu notre attention alors que nous lisions le rapport d'un des participants. " Le Brésil était représenté par 300 personnes, les USA ont affrété un avion qui a ramené plus de 250 délégués officiels, le canada était très fortement représenté avec plus 250 experts ". Sans vouloir donner les chiffres des états africains, notons tous les experts réunis de l'Afrique n'ont pas atteint le nombre d'experts canadien. (Ces chiffres ne concernent que les délégués officiels)  

    Cette situation mérite d'être prise au sérieux et des solutions adéquates doivent être trouvées dans de meilleurs délais, car elle se veut paradoxale. Sinon comment peut-on comprendre que le plus menacés soient les moins représentés ce qui peut prêter à croire les moins concernés.

    L'Afrique est-elle moins concernée que ça?

    En effet, si l'Afrique a toujours été mal représentée la première cause est la cause financière. La seconde se voudra être celle de la mauvaise organisation. En effet, la corruption aidant, les bonnes personnes ne sont toujours pas au bons postes...ceci complique un schéma difficilement adaptable à la base.

    Alors quelle alternative ?

    Si l'Afrique fait face donc à tous ses problèmes, ne peut-elle pas se prendre autrement? En effet, la démarche de l'unité africaine se veut une démarche collective dans laquelle les plus forts aident les moins forts à se soulever et c'est bien là que se situe l'enjeu et probablement les plombs très lourds et qui empêchent un décollage rapide des affaires de l'unité africaine. Tout comme au niveau des négociations climat, la géopolitique est entrain de laisser des traces dans le processus de l'unité africaine. Mais il paraît que si les changements climatiques devront avoir un impact positif en Afrique, c'est bien ici, car nombreux sont les pays africains qui partagent les mêmes problèmes liés au changement climatiques. Par exemple l'Afrique comme tous les autres continents d'ailleurs étant entourée d'océan, les pays côtiers pourront avoir les mêmes ou presque les mêmes problèmes côtiers ou des problèmes liés à la pression marine.

    Les pays affectés par les mêmes réalités climatiques tels les pays du sahel doivent connaître les mêmes problèmes ou les mêmes besoins et les exemples sont légions.

    Face à cette situation, il est fort possible que les africains se mettent en rang de bataille pour affronter les négociations comme un seul homme. En effet, si l'Afrique acceptait de brader le problème des changements climatiques ensemble, et si les experts se formaient en groupe thématique par rapport aux besoins, le continent sera hautement représenté et toutes les thématiques de débat seront couvertes. Ceci empêchera des courses inutiles des délégations entre deux réunions.

    Les préalables de cette approche :

    Pour qu'une telle démarche connaisse un succès, l'implication des acteurs à des niveaux différents doit être ressentie. Nous qualifierons ceci de volonté politique. Cette volonté doit s'entendre de la disponibilité de tous à aller dans le même sens.

    Une fois cette volonté acquise de toute part, il va falloir qu'un travail soit fait au niveau national et au niveau de chaque pays. En effet, chaque pays doit dans un délai raisonnable, ressasser l'état des lieux du phénomène sur tous les aspects et les renvoyer à un secrétariat qui sera formé à cet effet. Ce dernier une fois toutes les données-pays réunies, va à l'aide des experts qu'il aura à sa disposition recenser les données enfin d'en faire un seul document faisant foi de l'état des lieux des questions liées au changement climatique en Afrique. Ce document une fois validée et acceptée de tous sera objet ensuite de priorisation des enjeux. Ainsi des catégories d'enjeux seront définies ainsi que les pays qui en sont concernés. Ce ne sera qu'après ça que les groupes d'experts et de négociateurs seront formés. Tout ce travail couronné par l'Union Africaine, les représentants de l'Afrique porteront des messages non plus au nom de leur pays mais au nom de l'Afrique. C'est ainsi que le Ghana défendra les causes du Benin du Togo et bien d'autres pays encore et vice versa.

    La représentativité

    Face à cette organisation une question de représentativité se pose. Il faut noter que jusque là l'Union Africaine pourra faire appel à ses experts attitrés, mais il sera permis aux états membres de l'union africaine de proposer la liste des négociateurs habituels qui en effet son généralement et de partout en nombre restreint.

    Il aurait suffit que ces négociateurs comprennent qu'ils n'y vont pas pour défendre leur état comme c'était généralement le cas, mais ils y vont comme défenseur d'un domaine précis de la question telle qu'elle est liée à l'Afrique.

    La main sera laissée aux organisations de la Société civile de continuer par porter le débat de façon collective ou non car généralement dans leur cas le problème de leadership ne se pose pas lorsqu'il est question de se retrouver pour être plus fort.

    Les enjeux financiers

    Cette démarche a certes son coût, mais a le mérite d'être vue  comme une démarche dont les impacts et les résultats seront les plus marquants. En effet, l'Union Africaine (UA) avec les partenaires en développement et les états peuvent se partager les coûts liés à toutes les phases. Ainsi, il reviendra aux pays de prendre en charge en partie les coûts liés à la participation de leurs citoyens, une autre partie sera comblée par l'Union Africaine et les partenaires en développement. Tous ces fonds seront versés à l' UA qui coordonnera tout à partir de son siège.

    Une fois de retour, il revient à chaque organisation au niveau pays de continuer par travailler. Quant à l'UA l'obligation d'organiser une réunion des experts et des ministères concernés lui incombe. En effet, cette réunion aura le mérite de partager les grandes conclusions et proposer des démarches communes mais partagées que chaque état doit adopter pour soit réduire ou atténuer les effets du changement climatique.

    Conclusion

    Cet enjeu a le mérite de voir naître les prémisses d'une unité africaine fonctionnelle dans laquelle les plus forts soutiennent et relèvent les plus faibles.

    Que les changements climatiques phagocytent cette avancée, c'est bien là une raison ne pas se mettre tout le temps dans un registre ou dans la corbeille des " à proscrire " quand il est question de changement climatique. C'est là aussi une très belle approche pour qu'une fois unie l'Afrique puisse se sortir de ce phénomène qui n'a pas encore fini d'empiéter sur les efforts de développement jusqu'ici consentis.

    L'Afrique pourra faire mine de sérieux partenaire dont il faut désormais tenir compte lors des débats au lieu de laisser à chaque pays le temps d'aller négocier des accords souvent bilatéraux qui directement impactent le développement réel du pays lui-même ou de ceux d'à côté.

    Si les USA et l'Union Européenne ont su toujours tirer les parts les plus intéressantes des négociations et ont, parfois, faibli les positions des plus petits, pourtant considérées comme les plus objectives, c'est bien parce que leur union a su influencer. Equilibrer la force des négociateurs, reviendrait à enclencher un nouveau processus de débat au cours duquel les vraies questions seront abordées, les vraies solutions seront adoptées, les vraies obligations inscrites, et tous se seront astreints à s'y soumettre.


    [1] Les pays du nord sont les états développés considérés comme les responsables historique des cc. 

    Partagez
    Donnez votre avis

    Conception & Réalisation : CIRIDD - © 2002-2024 Médiaterre V4.0