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L'agriculture intelligente face au climat prend racine au Kenya



  • Comme la plupart des pays africains, le Kenya est extrêmement vulnérable aux effets du changement climatique. Le stress potentiellement exercé sur les écosystèmes et les communautés rurales fragiles, en particulier dans les zones arides et semi-arides et sur certains hauts plateaux humides du pays, suscite de plus en plus d'inquiétudes.

    Conformément à la Stratégie de relance de l'agriculture du Kenya (SRA) 2010-2015 et au plan Vision 2030, les partenaires nationaux et internationaux se sont associés pour relever ces enjeux en renforçant la capacité des petits exploitants de gérer les ressources en terres et en eau dans les zones agro-écologiques vulnérables.

    Partenariats et prise en charge communautaire

    "Le renforcement des capacités pour l'adaptation au changement climatique dans la gestion des terres et des eaux" est un projet triennal (2011-2013) financé par l'Agence suédoise de coopération au développement international (SIDA) et mis en oeuvre par la FAO et l'Institut kenyan de recherche agricole (KARI), en collaboration avec des ONG et les ministères chargés de l'agriculture, des pêches et de l'irrigation.

    L'idée est de créer une mosaïque de partenaires oeuvrant de concert pour mobiliser des investissements comme élément central de la gestion des ressources naturelles et des stratégies d'adaptation.

    Quelque 12 000 ménages devraient bénéficier des techniques d'adaptation aux risques liés au changement climatique dans les bassins hydrographiques et districts retenus.

    Patricia Atieno, l'une des bénéficiaires, cultivait exclusivement du maïs sur sa parcelle familiale d'un hectare. "Depuis l'an dernier, j'ai appris à diversifier avec des cultures tolérant la sécheresse et en réintroduisant des variétés traditionnelles de grande qualité dans notre alimentation, affirme-t-elle. Maintenant, je cultive des tas d'autres plantes %u2013 bananes, papayes, ananas, amarantes, patates douces, manioc, mil, tomates %u2013 et nous avons de quoi nous nourrir toute l'année. Des sols pauvres comme le mien sont devenus fertiles grâce au paillage qui enrichit le sol en nutriments".

    Les autorités locales sont encouragées à fournir un soutien technique dans des domaines apparentés, à l'appui des efforts de développement des districts.

    Willis Odhiambo Atyang, le responsable agricole du district d'Ugunja au Ministère kenyan de l'agriculture, confirme que la collaboration entre le KARI et la FAO a apporté des avantages conséquents aux agriculteurs. "La plupart de nos agriculteurs avaient perdu tout espoir lorsqu'avait été diagnostiqué en 2001 le flétrissement bactérien du bananier, une maladie qui frappe les régions bananières du Rwanda, de la République démocratique du Congo, de la Tanzanie, du Kenya et de l'Ouganda", indique-t-il.

    "Nous avons commencé à relancer la plante et avons créé huit banques de drageons où les agriculteurs peuvent se procurer du matériel végétal propre et certifié. Les petits paysans vendent désormais les rejets à un prix raisonnable à leurs voisins, ce qui permet de raccourcir les distances et de réduire ainsi les frais de transport", explique M. Atyang.

    Dans les sites sélectionnés, la création, la mise en valeur et la gestion de sols sains par des mesures de conservation des sols et des eaux, des paillis de résidus de récolte, des cultures de couverture légumineuses et autres pratiques de gestion durable des terres visent à accroître la productivité.

    George William Ouma pratique l'agriculture intelligente face au climat dans une ferme du district d'Ugunja dans le Comté de Siaya. "Aujourd'hui, j'ai plus de 1 500 souches-mères de bananiers de plusieurs variétés, notamment Cavendish, plantain et Lady Finger. Mon exploitation a été certifiée comme parcelle de démonstration des technologies d'adaptation au climat appliquées à la diversification des moyens d'existence, à la conservation de l'eau et à une meilleure santé des sols."

    La vente de bananes rapporte à George en moyenne 20 000 KES (230 dollars) par mois, qui viennent s'ajouter à la vente des rejets, en tant que producteur d'une banque approuvée, à d'autres agriculteurs du comté ou d'ailleurs. Avec cet argent, il est en train de construire un magasin pour vendre la production de sa ferme.
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