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Le lac et la sablière



  • Diane Lanctôt, une femme d’affaire de Montréal, coordonne les activités du Comité environnement de l’Association des propriétaires du Lac Écho, un lac des Laurentides. Depuis maintenant une dizaine d’années, l’Association cherche des solutions pour sauver le lac de l’enlisement causé par une entreprise voisine et pour éviter l’apparition des algues bleues.

    Un ensemble d’actions ont été entreprises pour protéger le lac des influences néfastes de la présence humaine ; programme de végétalisation des berges, sensibilisation environnementale auprès des riverains et des voisins du bassin versant avec l’aide d’un éco-consultant (détergents et produits de nettoyage, fosses septiques, entretien des routes, etc.) ainsi qu’une étude de caractérisation du lac par la firme Dessau-Soprin. Des progrès énormes ont été accomplis sur les rives de ce lac. Toutefois, un obstacle perdure dans la mise en place d’une stratégie de régénération du lac : «on tente d’établir un dialogue avec une sablière située en amont du principal tributaire du lac depuis des années, mais l’entreprise refuse toute collaboration et ne respecte pas les directives établit par le ministère d’environnement», explique-t-elle. Dans les Laurentides, le Lac Écho ne serait pas le seul lac à souffrir des opérations de sablières irrespectueuses de l’environnement.

    À la veille de la finalisation de son rapport, la firme Dessau est catégorique, les données recueillies au cours des dernières années permettent de confirmer qu’il y a un apport important de sédiments au lac Écho en provenance de la sablière. La profondeur maximale du lac a diminué depuis 2003, suggérant une accumulation importante de sédiments. Parmi les conséquences de cet apport en sable, il y a augmentation de la turbidité de l’eau et ainsi une diminution de sa transparence.

    Le lit de la principale rivière qui alimente le lac est enlisé de sable fin et l’embouchure du lac présente des problèmes d’enlisement de plus en plus inquiétants. Si la Sablière George V. Riddell et Fils Inc. ne voit pas à développer son activité dans un plus grand respect de l’environnement, les conséquences pourraient être sérieuses. Ce que l’expérience enseigne à l’Association, c’est qu’afin que le ministère de l’Environnement réussisse à prouver une faute de la part de l’entreprise, des échantillonnages doivent été faits par le Ministère immédiatement après un déversement d’eaux usées afin d’en faire la preuve irréfutable. C’est par le dépôt du résultat de l’analyse que le Ministère pourra voir à la mise en œuvre de mesures correctives pour faire cesser les activités dommageables de la sablière. Or, depuis des années, c’est un cercle vicieux car les délais sont toujours trop lents et le Ministère n’arrive jamais à intervenir au bon moment. Même les lettres d’infractions n’ont aucun effet auprès des propriétaires de la sablière qui continue allégrement à enfreindre la loi et à polluer les lacs du bassin avec des apports de sédiments et des déchets qui s’accumulent lors des opérations d’extraction du sable.

    Ces eaux usées sont régulièrement déversées par la sablière dans la rivière qui alimente le lac Echo. Si les lois existent, il y a de grandes lacunes pour ce qui est de leurs applications. Ici, on peut penser notamment à l’article 31.43 de la Loi sur la qualité de l’environnement qui permet au Ministère d’ordonner un plan de réhabilitation à une entreprise fautive accompagné d'un calendrier d'exécution.

    Pour l’Association, il y a un constat clair : la loi n’a pas de dents. «Drôle de message envoyé aux jeunes ; le ‘smoking gun’ est là, on subit sans cesse des déversements d’eaux usées qui ont comme conséquences des accumulations de sable fin et de sédiments sur le lit de la rivière et dans le lac et qui en menace l’équilibre en abaissant de façon notable le niveau des eaux et leur clarté», explique la représentante de l’Association. Autour du lac, même les plus jeunes résidents se souviennent des jours où il était possible de remonter la rivière enlisée et ce, même en plein été. Aujourd’hui, le fond du canot reste pris dans le sable et… un rapport technique d’ingénierie appui l’observation.

    Heureusement, les recours légaux ne sont pas épuisés et le MDDEP aurait mis le lac sur une «liste rouge». Dès qu’un déversement de sable est observé, un échantillonnage sera effectué et ceci, sans devoir subir les délais du passé. Pour l’Association, c’est un pas dans la bonne direction puisqu’une grande partie de la santé du lac réside dans la qualité et la qualité de son volume d’eau. Plus elle est grande plus la capacité de support des polluants en provenance de son bassin versant augmente. Il est à parier que l’histoire du lac et de la sablière n’est pas terminée.

    Pour plus d’informations sur le Lac Écho, un site Internet qui sera mis à jour au cours des prochaines semaines:

    http://www.lacecho.com
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