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Les spécialistes recherchent les moyens d'éviter l'extinction des tigres d'Inde



  • Par Lea Terhune, Rédactrice de l'USINFO

    Washington - Au début du mois de novembre, des zoologistes et des responsables gouvernementaux venus d'Inde et des États-Unis se sont réunis dans la célèbre réserve de tigres de Ranthambore, en Inde, afin de discuter de diverses stratégies visant à contrecarrer les facteurs conduisant à l'extinction du tigre, l'un des animaux les plus vénérés du monde.

    C'est l'ambassade des États-Unis à New Delhi qui avait parrainé cette conférence à l'initiative de l'ambassadeur David Mulford qui s'intéresse vivement à la protection du tigre depuis sa première visite à la fameuse réserve.

    C'est surtout au braconnage et à la réduction des habitats que l'on impute la diminution des populations de tigres. Selon les chiffres publiés par l'Institut indien en faveur de la faune, la population de tigres, en Inde, diminue rapidement et se chiffrerait à l'heure actuelle à 1.300 individus, une forte baisse par rapport aux quelque 3.600 qu'on dénombrait il y a cinq ans.

    « C'est un défi que le gouvernement indien et notre propre gouvernement s'efforcent de résoudre, mais dans une certaine mesure le temps n'est pas notre ami. Étant donné le nombre de tigres sauvages qui restent, il nous faut trouver une solution très rapidement », a souligné Mme Claudia McMurray, sous-secrétaire d'État, qui a assisté à la conférence de trois jours qui s'est tenue à Ranthambore, site d'une réserve de tigres de grande renommée.

    Les causes profondes du problème sont à la fois la pauvreté et la richesse. Les braconniers sans le sou qui s'attaquent aux tigres le font pour survivre et la croissance démographique dans les régions de parcours des animaux s'est traduite par un empiètement sur l'habitat des ces derniers.

    Les producteurs de médicaments traditionnels chinois sont extrêmement avides de parties de tigre sauvage, qui sont des éléments recherchés de leurs produits. Les peaux de tigre, quant à elles, sont de plus en plus populaires au Tibet, où leur port symbolise un certain statut social. L'amélioration de la situation économique des Chinois a aussi entraîné une augmentation de la demande.

    Après avoir examiné les informations relatives aux réseaux de braconniers de Ranthambore, M. Mulford entrevit la possibilité d'une solution.

    « Les hommes savent qu'ils braconnent des animaux dont la population diminue et que leur avenir n'est pas assuré si ces animaux viennent à disparaître complètement », a-t-il expliqué récemment à Washington, ajoutant que sa formation commerciale lui avait donné l'idée de faire participer les habitants de la collectivité, y compris les braconniers, à un partenariat reposant sur l'offre d'informations et d'emplois. « Ceux qui se livrent au braconnage deviennent ainsi des protecteurs car ils savent que le tigre est une ressource qui est en train de disparaître. Ils ont de nouvelles raisons de veiller à la protection de ces animaux. Les enjeux d'un avenir de leur choix sont alors plus importants et ils ne tiennent plus à dépendre du braconnage pour survivre », a-t-il ajouté.

    La réserve bénéficie déjà d'une solide infrastructure touristique qui pourrait être mise à profit pour améliorer les installations communautaires. « Je suis attiré par les projets qui semblent réalisables », a précisé M. Mulford.

    « Si une stratégie générale, susceptible d'être réalisée, est définie, d'importantes sources de fonds privés américains ne manqueront pas de la soutenir », a-t-il fait valoir, ajoutant que la mise en ouvre de plans viables tenant compte des besoins de la faune, de la population et de l'habitat entraînera sûrement une amélioration de la situation.

    L'objectif de la conférence de Ranthambore était de rassembler des spécialistes qui devaient se prononcer sur un programme à plusieurs volets afin de résoudre de façon efficace les problèmes auxquels se heurte la réserve de Ranthambore.

    « Les participants ont souvent été aux côtés opposés dans les débats politiques », a indiqué M. Peter Kaestner, consul général, notant le caractère animé des discussions entre les représentants du gouvernement et les autres, ce qui, selon lui, est « un bon point de départ ».

    « La seule façon de faire des progrès, c'est que les gens mettent de côté leurs différences et se concentrent sur la seule chose qui nous unit tous : le bien-être des animaux », a-t-il déclaré.

    Pendant deux jours, la conférence, qui a souligné l'attachement durable que portent les États-Unis à la protection de la nature, a porté sur la formation des gardes forestiers aux techniques des enquêtes et aux méthodes permettant de faire respecter les lois.

    Lors de la 14e Conférence des parties à la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES-CoP), les États-Unis s'étaient élevés vigoureusement contre l'élevage de tigres par les Chinois.

    « Ce fut une décision clé pour les tigres. Les 171 parties sont convenues par consensus que les tigres ne devaient pas être élevés en captivité pour être dissséqués et les morceaux vendus », a déclaré Mme Judy Mills, directrice de la Campagne contre le trafic de tigres (Campaign Against Tiger Trafficking, ou CATT). Le prix d'un tigre élevé en captivité est plus élevé que celui d'un tigre sauvage qui, lui, est plus recherché pour des usages médicinaux, et c'est pourquoi les spécialistes de la protection de la nature pensent que l'élevage de tigres accélérera encore l'éventuelle disparition des tigres sauvages.

    « Dans une large mesure, c'est grâce à l'initiative des États-Unis que cette décision est aujourd'hui entérinée », a-t-elle fait remarquer, précisant que la Chine avait montré la voie dès 1990 lorsqu'elle avait interdit la vente de produits tirés du tigre.

    Les représentants de ceux qui pratiquent la médecine chinoise traditionnelle, qui utilisent désormais d'autres produits, avaient témoigné en faveur du maintien de cette interdiction lors de la Conférence des parties à la CITES, a précisé Mme Mills, rappelant que les partisans de la protection de l'environnement espèrent que la Chine pérennisera cette interdiction.

    Depuis des décennies, les États-Unis s'associent à l'Inde en ce qui concerne les questions liées à la protection de la nature, et ils ont récemment aidé ce pays à établir des laboratoires où les éléments d'animaux provenant d'un trafic illicite peuvent être identifiés et leur originine déterminée, ce qui conduit à l'arrestation des braconniers.

    Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
    Site Internet : http://usinfo.state.gov/fr/
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