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CDD 16: Les problèmes environnementaux ne sont pas étrangers à la crise alimentaire, selon des experts




Un « side event » à la CDD-16 organisé par le PNUE sur les liens entre la crise alimentaire et l’environnement dans un contexte de changements environnementaux a permis de saisir l’ampleur et l’urgence de la crise alimentaire mondiale actuelle, d’identifier ses causes environnementales et de laisser poindre quelques solutions.

L’Observatoire de l’écopolitique internationale a apprécié la qualité et pertinence des présentations et des panélistes. Parmi eux, Achim Steiner, directeur général du PNUE, a exprimé sa surprise que la communauté internationale n’ait pas été en mesure de prévenir cette crise, il y a quelques mois à peine. Dans une pointe adressée aux marchés, il s’est dit impressionné de la vitesse à laquelle les scénarios de demain (pénurie de nourriture due notamment à une hausse démographique, aux changements climatiques et à la dégradation des terres) se traduisent en hausse soudaine des prix aujourd’hui. Il a souligné à quel point le défi de nourrir près de sept milliards de personnes est complexe et nécessite la coopération entre toutes les institutions de l’ONU.

À son tour, le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud, est intervenu sur la responsabilité des changements atmosphérique sur la crise actuelle. Il a promu une meilleure utilisation du climat par les fermiers. Pour ce faire, il faut selon lui réduire leur « analphabétisme » du climat, leur apprendre à mieux utiliser les données climatiques saisonnières, et les doter d’une meilleures notions de gestion du risque en cas de catastrophe naturelle.

Ruddy Rabbinge, président du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) a demandé : "sera-t-il possible à l’avenir avec moins de terres, moins d’eau et moins de pesticides de nourrir la planète?" Sa réponse est oui, à condition d’augmenter l’« alphabétisation » agricole, mais surtout d’évoluer vers une agriculture véritablement durable. À ce sujet, il faut éliminer le gaspillage dans les pratiques agricoles des pays riches, mais surtout vaincre le cycle de la pauvreté dans les pays qui, faute de moyens, épuisent leurs terres. Tel sera le plus grand défi, estime-t-il. Pour réussir, il faudrait non seulement parler de changements climatiques, mais de changements environnementaux, un concept plus compréhensif.

En porte-à-faux avec M. Steiner, Josue Dione, directeur de la division sur la sécurité alimentaire et le développement durable de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a expliqué dans un discours émotif que oui, la crise était prévisible pour quiconque observait l’Afrique. Elle était annoncée par des facteurs tels que la hausse inquiétante des importations agricoles en Afrique, la sous-alimentation endémique, le manque d’investissements dans l’agriculture (seulement 2-3% des dépenses publiques totales alors que 66% de la population en dépend) et les subventions agricoles dans les pays riches qui rendent non concurrentiels les produits agricoles africains. Pour sortir de la crise, il fonde beaucoup d’espoir dans les technologies.

Alors que le ministre de l’Environnement du Costa Rica a expliqué les réformes entreprises dans son pays pour réduire les changements climatiques, la présidente de l’organisation Ecoagriculture Partners a mis de l’avant le potentiel d’une agriculture respectant les règles de gestion écosystémique.

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