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Biocarburants de l'aérien: pourquoi ça ne décolle pas (encore) ?



  • Alors que tous les éléments semblent rassemblés pour relever l'un des défis majeurs du siècle en terme d'exploitation énergétique, le biocarburant aérien tarde à prendre son essor. Pourtant, la filière trépigne d'impatience et les bonnes nouvelles sont nombreuses. Alors qu'est-ce qu'on attend ?

    Steve Csonka, directeur de la CAAFI (Commercial Aviation Alternative Fuel Initiative) était l'un des intervenants du symposium Biofuelnet consacré au biocarburant qui s'est tenu à Montréal à la fin du mois de juillet. Il décrypte les raisons pour lesquelles il faudra encore patienter un peu avant de voler "bio".

     

    Gaïa Presse: Quel est la situation concrète du biocarburant aérien en terme d'utilisation commerciale ?

    Steve Csonka: Le biocarburant d'aviation n'est pas produit commercialement pour le moment. Donc tout le travail qui a été fait l'a été sur la base d'essais scientifiques. Nous espérons que la première production commerciale arrive de manière imminente.

     

    Que faut-il aujourd'hui pour aboutir à une utilisation commerciale du biocarburant d'aviation ?

    C'est une étape sérieuse, c'est clair. La première chose dont nous avons besoin, c'est d'aménagements pour produire commercialement. La première installation que j'ai mentionnée est à Los Angeles. Le gouvernement américain fonde actuellement 3 autres installations qui seront construites au cours des deux prochaines années, et d'autres activités doivent démarrer à travers le monde. Donc nous devrions voir maintenant le démarrage d'une vraie production commerciale, avec un schéma de fabrication qui a été amélioré, et qui devrait par la suite, s'intensifier.

     

    Quelles sont les obstacles qui empêchent aujourd'hui le biocarburant d'aviation d'être commercialisé ?

    Il y a une énorme série de choses à faire. Cela signifie bâtir tout un nouveau secteur industriel. Et si vous commencez à penser en ces termes, cela nécessite de mobiliser énormément d'éléments. Il y a une immaturité de la chaîne d'approvisionnement. Des travaux additionnels doivent être faits en terme de Recherche & Développement, si l'on veut espérer voir baisser les prix. Il est nécessaire de travailler sur de nombreux éléments de la chaîne, depuis l'obtention du carburant à partir des éléments de production jusqu'à son acheminement au consommateur. Une large série d'événements doit donc arriver et nous essayons de travailler sur chacun d'eux. 

     

    Est-ce que l'industrie traditionnelle des énergies fossiles et ses lobbies empêchent aujourd'hui le succès du biocarburant d'aviation ?

    Dans plusieurs cas, de gros producteurs de carburants d'aviation sont directement impliqués dans notre démarche, ainsi que quelques compagnies plus petites. Je compte cinq gros producteurs sur les sept existants qui sont impliqués de manières diverses sur la question du biocarburant d'aviation. Mais effectivement, nous devons compter sur ce type d'acteurs pour nous rejoindre, parce qu'au final, ces carburants renouvelables devront être couplés aux carburants d'aviation classiques existants. Donc, ils travaillent avec nous. Nous aimerions évidemment qu'ils s'impliquent plus, mais nous sommes heureux de les avoir à bord.

     

    Quand on parle de carburant d'aviation, on parle forcément de danger pour l'environnement avec l'émission de carbone. Comment le biocarburant d'aviation aura-t-il un meilleur bilan que le carburant classique ? Quelle différence fondamentale entre les deux ?

    Le dioxyde de carbone qui sort du tuyau d'échappement est identique, que ça soit un carburant à base de pétrole ou renouvelable. La différence vient du fait que le carbone qui entre dans le réservoir, les molécules de carburant elles-mêmes, nous ne les sortons plus du sol désormais. Ce que nous faisons, c'est utiliser des ressources renouvelables qui prennent le dioxyde de carbone dans l'air, et les transformer en énergie chimique. Et nous récupérons cette énergie chimique pour en faire du carburant. Ce qui fait qu'au final, nous n'ajoutons pas de nouvelles molécules de carbone à notre atmosphère, nous ne faisons que les recycler. Nous pouvons dès lors parler de réduction nette de carbone. Et c'est là que le biocarburant et les carburants alternatifs constituent une réduction du carbone.

     

    On constate que de nombreux acteurs sont nécessaires pour arriver à fabriquer ce nouveau carburant. Est-ce qu'ils sont suffisamment synchronisés aujourd'hui pour y arriver ?

    On n'est jamais assez synchronisé! Ca fait parti du rôle d'organisations comme la mienne, essayer de faire en sorte que les industriels soient aussi coordonnés que possible, de savoir où trouver les ressources, aux endroits les mieux appropriés, et d'arriver à une collaboration internationale telle qu'on la voit aujourd'hui dans ce symposium (biofuelnet, ndlr). Ca n'est jamais assez, mais nous travaillons dur pour y arriver. 

     

    Source: GaïaPresse

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