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Cameroun : l'expertise technique de la CEA sollicitée pour le positionnement du Port autonome de Kribi comme zone économique spéciale de nouvelle génération



  • Une délégation du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) conduite par son directeur Jean Luc Mastaki a rendu une visite de courtoisie au directeur général du Port autonome de Kribi (PAK), Patrice Melom, le 16 avril dernier. A l’occasion, la CEA s’est réjouie des efforts engagés pour faire de la plateforme un complexe industrialo-portuaire moderne. En tant que think tank, la CEA va apporter un accompagnement technique, c’est-à-dire conseiller et accompagner le port pour qu’il s’arrime au modèle de zone économique spéciale de nouvelle génération. Au moment où l’Afrique centrale vient d’être dotée d’une vision stratégique et des aspirations partagées pour le futur (le Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique en Afrique centrale, PDIDE-AC), l’ambition est de faire de la sous-région une base de défense et de manufacture de classe mondiale, qui va reposer sur la transformation sur place des matières premières stratégiques et des minerais critiques. Ainsi qu’une plaque tournante incontournable de solutions écologiques, logistiques, numériques, financières et énergétiques, etc.

    « Une vision sans action n’est qu’un rêve. Et une action sans vision dans un pays ne mène nulle part. Par contre, une vision accompagnée d’investissements concrets, productifs d’envergure comme par exemple la mise en place des ports de la dimension du port autonome de Kribi, c’est traduire la vision du Chef de l’Etat Paul Biya en réalité », a indiqué le chef de la section des initiatives sous-régionales au Bureau de la CEA, Dr. Adama Ekberg Coulibaly. Kribi est donc tout indiqué pour servir de porte d’entrée afin d’arrimer l’Afrique centrale à cette vision. D’ailleurs, la plateforme portuaire opérationnelle depuis 2018 et en activité sur une superficie de 15 000 hectares a engagé des travaux d’extension (phase 2) qui intègrent des usines minières et un terminal minéralier d’une capacité de traitement de 100 millions de tonnes issues de l’exploitation du gisement de fer de Mbalam au Cameroun et de Nabeba en République du Congo. Le lancement technique du projet côté Congo a été effectué le 8 mai 2024, avec pour ambition de devenir le cinquième pool producteur de fer de la planète. L’infrastructure va en outre accueillir des navires vraquiers d’une capacité allant jusqu’à 300 000 tonnes.

    En plus des ouvrages d’accostage et des équipements de manutention côté mer, il est prévu l’aménagement d’un espace de 330 hectares côté terre, qui va inclure des aires de traitement, de stockage et d’entreposage des marchandises, un terminal ferroviaire et des bâtiments administratifs et de service. A l’heure actuelle, le PAK accueille 40 entreprises industrielles en activité dans les secteurs suivants : cimenterie, assemblage automobile, agroalimentaire, forêt-bois, etc. La visite du site portuaire de Kribi a également donné à voir une infrastructure capitale pour développer l’industrialisation. « Le port de Kribi vient à point nommé et les investisseurs sont attendus », a martelé Dr. Adama Ekberg Coulibaly, économiste senior.

    Le port de Kribi au cœur de la mise en œuvre de la ZLECAf

    Tenant compte du volume d’affaires qui va se dessiner avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) où l’on va passer d’un marché de 1,4 milliard de consommateurs à deux voire quatre milliards de consommateurs, c’est dire que l’avenir est radieux avec ce que va permettre le port de Kribi qui est à la fois un port industriel et minéralier. Selon les chiffres officiels de la CEA, « la ZLECAf devrait augmenter de manière significative les flux de trafic sur tous les modes de transport : route, rail, mer et air ». Ce qui correspond à une augmentation de la demande de fret intra-africain de 28% et à une possible augmentation de 1 844 000 camions pour les marchandises en vrac et 248 000 camions pour les marchandises en conteneurs d’ici 2030. Le scénario va aussi induire la demande la plus importante de camions en Afrique de l’Ouest (39%), la demande de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique australe estimée à 19,8% et de l’Afrique australe vers l’Afrique de l’Ouest de l’ordre de 9,9%.

    D’après le diagnostic actuel des infrastructures de transport en Afrique réalisé par la CEA, la densité des infrastructures de transport est faible et inégalement répartie (avec un développement plus poussé en Afrique du Nord, australe et de l’Est). Quand elles ne sont pas de mauvaise qualité, ces infrastructures sont orientées vers les corridors d’import-export (de l’arrière-pays vers les ports). Les infrastructures multimodales et autres plateformes logistiques ne sont pas développées. Au niveau des plateformes portuaires, le classement des ports à conteneurs les plus performants en Afrique en 2021 ressort que le port de Kribi a occupé la 36e place (355e rang mondial) derrière le port de Douala avec sa 30e place au niveau africain 340e rang mondial).

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