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L'équité : un impératif pour une éducation de qualité



  • Par: Agnès Béatrice BIKOKO

    Les examens officiels connaissent chaque année des perturbations graves liées au manque de prévision de la part de ceux en charge de leur gestion. Chacun pointe un doigt accusateur sur l’autre pour tenter de dégager sa responsabilité.

    Les examens officiels, cette année encore, sont émaillés de perturbations liées au non-paiement des frais y afférents aux enseignants. Les résultats du Brevet d’Etudes du Premier Cycle du Second Degré (B.E.P.C.) tout comme ceux des différents Baccalauréats sont déjà publiés. Si pour le B.E.P.C. on finit à peine de payer les frais, près de trois semaines après, pour le Bacc, ce n’est pas le cas. Le Ministre en charge des enseignements secondaires a d’ailleurs dû faire une sortie médiatique à travers un communiqué radiodiffusé pour chercher à rassurer la communauté éducative…par des mots et non en payant. Comment expliquer que ce soit la même ritournelle chaque année ? Cela ne relève-t-il pas d’un manque d’équité quand on sait que, lorsqu’il s’agit des autres corps de métier que celui de l’éducation on paie cash les services rendus et à des prix exorbitants ?

    Auparavant lorsque les correcteurs sortaient d’une salle de correction du Baccalauréat, par exemple, ils en percevaient la totalité des frais qui ne s’élevaient qu’à 150frs la copie avant d’être relevés aujourd’hui à 200frs. Les enseignants s’en allaient alors sans participer aux délibérations qui se tenaient près de trois semaines après pendant trois à quatre jours contre la minable somme de 6000frs par membre. Quelle iniquité ! Au lieu de résoudre véritablement le problème en révisant à la hausse le montant de la participation aux délibérations, ce que l’on a trouvé à faire, c’était de payer 50% des corrections à la sortie de la salle de correction afin d’obliger les correcteurs à prendre part aux délibérations, délibérations à l’issue desquelles ils percevaient le reste des frais de correction et les 6000frs des délibérations. Pour des montants aussi insignifiants voilà comment on gère des cadres de haut niveau.
    Aujourd’hui, comme depuis plusieurs années d’ailleurs, on ne paie même pas ces 50%. Les enseignants délibèrent et publient les résultats des examens sans rien percevoir.

    Lorsque les enseignants menacent de boycotter les délibérations, le Ministre croit utile de faire une sortie médiatique en disant que ce n’est que dans certaines régions que les frais ne sont pas payés. Contrairement à ce qu’il croit, son communiqué confirme bien la raison de la menace du boycott puis qu’il y affirme qu’on paie les examens par étapes et qu’on constate que certaines étapes ne sont pas jusque-là payées. Cela a, une fois de plus, réussi cette année. Mais cela ne saurait durer une éternité. Il faut trouver des solutions pérennes.

    A toutes fins utiles, rappelons que le chronogramme de découpage de l’année scolaire 2016/2017 a été cosigné par le Ministre en charge des enseignements secondaires et le Ministre en charge de l’Education de base en Juin 2016, soit un an jour pour jour avant le début des examens de la session de 2017. Comment donc expliquer que l’argent ne soit pas disponible au moment où se déroulent ces examens ? 
    Du côté de l’Office du Baccalauréat du Cameroun (O.B.C.), organe en charge des Bacc et des Probatoires, tout comme du côté de la Direction des Examens, en charge des autre examens du secondaire, l’on fait croire que la raison de ce retard est le non déblocage des fonds en temps réel par le Ministère des finances, unique argentier de l’Etat. En effet, ces structures en charge des examens avaient des comptes bancaires dans lesquelles ils déposaient leurs fonds qu’ils pouvaient ainsi gérer à tempérament. Le Ministre des finances a exigé et obtenu le respect du principe de l’unicité de caisse de l’Etat qui consiste à ne déposer tous les fonds publics que dans la caisse du trésor public qui se charge d’en réguler les dépenses.

    Ce qu’il faut alors constater, c’est que lorsqu’il s’agit des examens et des enseignants, il n y’a pas urgence, il n y’a pas de respect, il n y’a pas équité. Le Ministre des Finances débloque l’argent quand il veut, au risque de provoquer des mécontentements et des grèves au grand mépris tant de la sacro-sainte collaboration gouvernementale, du Premier Ministre, chef du gouvernement que du Président de la République à qui il soit sa nomination au gouvernement. Comment expliquer cependant l’indifférence et le silence de ces deux derniers face à de tels agissements si récurrents ? Est-il besoin de mentionner ici que c’est par cette arrogance qu’on a vu cette année encore un « collectif des enseignants indignés » se constituer pour aller revendiquer, devant le ministère des finances, des années de salaire avec ses différents accessoires ; que les avancements des enseignants sont sans effet financier depuis belles lurettes ?

    Que l’on ne s’étonne donc pas que les examens soient mal corrigés, les délibérations mal menées et que des années après, lorsqu’on entreprend de revisiter les copies, d’y retrouver d’énormes erreurs comme on en a découvert récemment.

    Une éducation de qualité passe par la bonne gestion des ressources financières et surtout par un souci d’équité. 

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