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Véhicules électriques : délires bobos ou nécessité environnementale ?



  • L’écomobilité jouit pour le moment d’une image élitiste, réservée à une tranche de la population aisée, sensible aux problématiques écologiques. Les moyens de transport propres vont-ils bientôt se démocratiser ? C’est en tout cas ce qu’essaient d’impulser les institutions concernées, du Gouvernement avec le bonus écologique, à la RATP avec un parc de bus entièrement électrique d’ici 2025 selon son PDG, Pierre Mongin.

    Conduire écolo, c’est pour bientôt ? 

    En 2013, le marché français des véhicules électriques et hybrides représentait  3,1 %  du marché total des véhicules particuliers. Si cette part est en forte progression par rapport à 2012, elle reste néanmoins assez faible et ne traduit en rien l’urgence environnementale dans laquelle nous sommes aujourd’hui à l’heure de la transition énergétique. Victime d’idées reçues d’un autre temps, le transport propre reste marginal et semble toujours inaccessible pour le consommateur lambda. Cela malgré de gros efforts effectués par l’industrie et les pouvoirs publics pour embrayer et passer la vitesse supérieure. Si autrefois le coût d’usage des voitures électriques et hybrides était 60 % plus élevé que celui des voitures traditionnelles, la différence est aujourd’hui plus mince, voire quasiment inexistante.  Le projet de loi sur la transition énergétique qui vient d’être récemment voté, a fait de l’essor de l’écomobilité une des conditions pour parvenir à instaurer de manière efficace le nouveau modèle énergétique français. 

    Le Gouvernement a ainsi mis en place de nouvelles aides financières pour inciter les Français à opter pour la voiture électrique : une prime sera allouée sous conditions aux personnes désireuses de remplacer leur véhicule diesel par une  voiture électrique. Avec la revalorisation du bonus écologique, désormais à 6 300 euros depuis juillet, l’aide gouvernementale va finalement jusqu’à 10 000 euros. Un joli pactole qui devrait, si tant est que l’information soit relayée, rendre accessible un achat qui était réservé jusqu’à présent aux ménages favorisés.

    Les bonnes intentions sont là et certains diront qu’elles ont le mérite d’exister et qu’elles vont permettre aux Français de considérer avec attention l’obtention d’un de ces petits bolides. D’autres les jugeront insuffisantes, ne parvenant pas à faire redescendre ces autos nouvelle génération de la sphère bobo parisienne. Pour populariser l’écomobilité et sensibiliser monsieur Tout-le-Monde aux enjeux environnementaux auxquels elle tend à répondre, le bus électrique peut faire figure d’alternative efficace. 

    La RATP prévoit un parc de bus 100 % électrique d’ici à 2025

    Chaque seconde en France, 77 personnes prennent un transport en commun urbain, pour un total de 6,5 millions de trajets par jour et 99 trajets par an et par personne. Les bus, mais également les métros, les tramways trouvent davantage grâce aux yeux des Franciliens, qui préfèrent souvent se passer d’une voiture alors qu’en province le véhicule individuel est préféré par 80 % des personnes se déplaçant en transports au quotidien. On s’attendrait donc à ce que la primeur du bus électrique soit réservée à la région parisienne et pourtant quelques villes de Province ont devancé la capitale et commencé à mettre en place une flotte électrique, à l’image de Toulouse ou Bordeaux. 

    Point disposée à laisser passer le train sans rien faire, Paris entend bien devenir dans les années à venir un véritable espace de circulation privilégiée pour les bus électriques. « Je souhaite qu'à l'horizon 2025 l'ensemble du parc de bus soit électrique » a déclaré Pierre Mongin, président de la RATP, avant d’ajouter : « Ce n'est pas une simple promesse en l'air. Comme l'ont montré les débats de la campagne électorale, renforcée par l'épisode de pollution aux particules fines que nous avons vécu la semaine dernière, il existe aujourd'hui une forte demande pour une solution de transport neutre en CO2 ». Les événements estivaux de forte pollution dans la capitale ont en effet mis en avant le caractère salutaire de cette nouvelle flotte « bas carbone ». 

    4.500 bus diesel arpentent aujourd’hui les rues parisiennes. La RATP a signé un contrat avec le Groupe Bolloré de 10 millions d’euros pour que sa filiale Blue Solutions fournisse à la Régie parisienne des BlueBus.  Le nombre exact de bus achetés n’est pas encore connu, mais il semblerait qu’on parle ici d’un parc allant de 20 et 40 modèles. Une phase test aura lieu dès le 1er novembre sur deux lignes pour une durée d’un mois. 

    Alors certes, on parle ici de Paris et Paris n’est pas la France. Mais l’essor du bus électrique devient de jour en jour une priorité pour bon nombre de collectivités territoriales qui y voient une manière d’inscrire leur municipalité dans une dynamique de transport durable nécessaire. Les bus électriques sont une façon d’installer l’usager, sans qu’il ressente le besoin, l’envie, ou sans qu’il ait une sensibilité écologique, dans un comportement responsable. Un premier pas vers la démocratisation de l’écomobilité.

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