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Jeudi 6 décembre - Voilà, l'AWG-KP c'est terminé ... combien de Bopha avant que les bonnes décisions ne soient prises ?



  • Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050 pour l'IEPF

    Voilà, l'AWG-KP c'est terminé ...
    Le Groupe de travail spécial sur les nouveaux engagements des parties visées à l'annexe I au titre du Protocole de Kyoto (AWG-KP) a rendu sa copie hier, le jeudi 6 décembre 2012, en clôturant ses travaux. Un texte avec de nombreuses et importantes options non validées laissées à l'attention des Ministres. Une clôture laborieuse avec des désaccords qui n'ont pas pu être réglés sur le fonds même si tout le monde a essayé quand même de sauver la face.

    Pour que chacun puisse comprendre les enjeux de l'AWG-KP, il faut se souvenir qu'à Durban, les Parties se sont entendues sur la reconduction du Protocole de Kyoto (PK) pour une deuxième période d'engagements. Par contre, ni l'ambition des engagements, ni la durée de la deuxième période (3 ou 5 ans) ou encore la question de l'interdiction ou de l'accès aux différents mécanismes dits de flexibilité (comme le mécanisme de développement propre) pour les pays ne désirant pas s'engager dans une deuxième période n'avaient été définis. Restait également posé la question des modalités de prise en compte du report des unités de quantité attribuées (UQA) pour la deuxième période d'engagement.

    Pour faire simple, les UQA sont des unités que peuvent échanger les participants au Protocole de Kyoto. Un pays qui respecterait ou dépasserait son objectif de réduction sur la première période du PK, pourrait revendre l'excédent à un pays qui n'aurait pas respecté son propre objectif. Le problème vient du fait qu'un certain nombre de pays dispose d'un stock important d'UQA (on parle aussi d'air chaud) non pas grâce à l'application de politiques et de mesures ayant permis de diminuer significativement leurs émissions de gaz à effet de serre mais par un simple effet mécanique suite aux conséquences de la récession économique.

    Les différentes postures sur ces points semblent figées comme par exemple la question de la durée ou de celle de l'air chaud (avec notamment la Pologne qui paralyse beaucoup de discussions en conditionnant le maintien de son important stock " d'air chaud " comme un préalable à tout engagement ambitieux).

    Chacun aura compris l'importance des travaux commencés depuis de plusieurs années dans le cadre de l'AWG-KP et qui devaient se conclure ici à Doha.

    Au-delà des points techniques, mes collègues présents dans la salle m'ont rapporté l'intervention du délégué des Philippines qui a ému l'auditoire en témoignant de la souffrance de son pays confronté au typhon Bopha et d'une manière générale aux conséquences du changement climatique.  Il a interpellé chacun des délégués en déclarant que si les bonnes décisions n'étaient pas prises ici alors où le seraient-elles ? Que si nous n'assumions pas la responsabilité de notre futur, alors qui le ferait ? Il a parlé de courage, de noblesse et d'avenir.
    Dans les couloirs, chacun a commenté avec émotion ses propos et la presse s'en est fait l'écho unanime.

    Les travaux ont repris et se sont terminés. Les points en suspens sont encore en suspens ; L'ambition et l'engagement ne sont pas au rendez-vous

    Voilà, l'AWG-KP c'est terminé ... combien de Bopha avant que les bonnes décisions ne soient prises ?

    Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050 pour l'IEPF

    [COP18-climat]
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