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Un réseau mondial de bénévoles suit l'évolution des concentrations de gaz à effet de serre



  • Par Cheryl Pellerin Rédactrice de l'USINFO

    (Cet article est le premier d'une série portant sur le rôle que jouent les États-Unis dans les observations directes des changements climatiques.)

    Washington - Aux quatre coins du monde, des particuliers se rendent une fois par semaine, le mardi en général, dans les régions côtières lorsque le vent vient de la mer, escaladent des montagnes ou marchent pendant des kilomètres dans le désert.

    Et, lorsqu'ils se trouvent suffisamment loin de zones polluées, ils procèdent à l'aide d'une pompe à pile et d'un compresseur à des prélèvements de cet air qui a traversé de vastes étendues de mer ou s'est déplacé sur des kilomètres et le mettent dans deux fioles de verre.

    Les bénévoles sont tout aussi différents que les endroits où ils font leurs prélèvements : un enseignant à la retraite dans le désert de Gobi, à Ulaan Uul, en Mongolie, qui fait 12 heures de train pour remettre en mains propres ses échantillons ; un géophysicien au Kazakhstan ; un capitaine de bateau nolisé de l'île Christmas (atoll des Kiribati) ; des membres du personnel du l'Office national de la météorologie d'Algérie ; une société polonaise de bacs qui traversent la Baltique, entre autres.

    Après avoir recueilli des échantillons pendant plusieurs semaines, les bénévoles acheminent les fioles jusqu'à l'ambassade des États-Unis la plus proche, une agence météorologique ou un département d'université - il existe une soixantaine de tels sites dans le monde - pour qu'elles soient réexpédiées vers un laboratoire de Boulder (Colorado).

    Là, les chercheurs du laboratoire de recherches géophysiques de l'Administration océanique et atmosphérique nationale (NOAA) attachés à la « Division pour la surveillance mondiale » (Global Monitoring Division, GMD) analysent les échantillons d'air afin d'évaluer quelle est la proportion de gaz carbonique.

    « Nous recevons environ 15.000 fioles par an », explique Russell Schnell, l'un des responsables du laboratoire, le 24 août, à l'USINFO.

    Les changements climatiques

    Le fait de recueillir des échantillons de par le monde aide la NOAA à rassembler des données fiables sur les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, et ces mesures servent à la rédaction, tous les cinq ans, de rapports par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).

    L'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) ont créé le GIEC en 1988 afin d'évaluer les données scientifiques, techniques et socio-économiques indispensables pour comprendre les raisons des changements climatiques et leurs conséquences. (Pour plus d'informations, voir : http://www.ipcc.ch/languageportal/frenchportal.htm)

    Les rapports du GIEC, auxquels contribuent des centaines de chercheurs des quatre coins du monde, font le point des connaissances actuelles en matière de climatologie et de changements climatiques. D'importantes évaluations ont été faites en 1990, 1995, 2001 et 2007.

    Selon les conclusions du dernier rapport, le réchauffement climatique est indéniable et les scientifiques sont sûrs à 90 % que les activités humaines et les combustibles fossiles que les hommes brûlent en sont la cause. Cette certitude repose sur les observations directes faites des températures atmosphériques et océaniques, des pluies, des glaces, des neiges et des concentrations de gaz à effet de serre.

    Les chercheurs du laboratoire de recherches géophysiques de l'Administration océanique et atmosphérique nationale chargés de la surveillance mondiale appuient les évaluations du GIEC grâce au travail accompli par son réseau de bénévoles, six stations habitées qui font des prélèvements atmosphériques réguliers, dont quatre depuis la fin des années 1950, des navires qui transportent le matériel de la NOAA, et une douzaine d'avions commerciaux et privés qui transportent des instruments et procèdent à la mesure de colonnes verticales d'air.

    Ces chercheurs aident aussi d'autres pays, notamment la République de Corée, la Mongolie et la Chine, à mettre sur pied des stations de surveillance des gaz à effet de serre.

    La coopération internationale

    À l'instar de tous les services météorologiques nationaux de chaque pays, la division de la NOAA chargée de la surveillance mondiale, fait aussi partie de l'OMM, qui coordonne les mesures internationales.

    Elle prend part aussi à la Veille atmosphérique globale, une institution de l'ONU créée il y a de nombreuses années qui repose sur un réseau de laboratoires disséminés de par le monde qui fournissent des informations permettant aux scientifiques de procéder à des évaluations et de lancer des alertes précoces au sujet des changements atmosphériques qui pourraient avoir une incidence sur l'environnement.

    Perspectives d'avenir

    Le temps passant, le nombre de mesures et les moyens d'y procéder se sont multipliés.

    « Nous prenons désormais davantage de mesures à partir de grandes antennes de télévision et de radio FM. Certaines de ces tours font plus de 600 mètres de haut. Nous avons des instruments pour prélever l'air à différents niveaux et les mesures sont faites 24 heures sur 24 », a expliqué Pieter Tans, l'un des chercheurs de la NOAA.

    Étant donné tous les moyens de vérification dont on dispose désormais, les chercheurs ont une bonne idée de la quantité de gaz carbonique absorbée par les bassins océaniques et de celle relâchée par les mers tropicales et aussi provenant directement des activités humaines.

    Selon M. Tans, ces divers moyens seront très utiles dans les prochaines années lorsque les pays s'efforceront de réduire leurs émissions de gaz carbonique afin de ralentir les changements climatiques.

    « Nous nous préparons à quantifier les progrès réalisés afin de voir si les nouvelles règles portent leurs fruits ou non. Nous voulons mettre en place un système qui peut donner des informations objectives en ce qui concerne les émissions, ce qui devrait être utile pour les décisionnaires et le public », a-t-il précisé.

    Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
    Site Internet : http://usinfo.state.gov/fr/
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