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Petit tour d'horizon des technologies à émissions négatives (TEN)



  • On appelle technologies à émissions négatives (TEN), ces technologies qui permettent de capturer ou diminuer le CO2 présent dans l’atmosphère. Elles figurent parmi les scenarii du dernier rapport du GIEC pour ralentir le phénomène de réchauffement climatique. Nombre de scientifiques estiment que les TEN sont nécessaires, conjointement à une très forte réduction des émissions de CO2 liées aux activités humaines.

    Les solutions basées sur des moyens biologiques 

    • Les arbres et les végétaux : Le défi actuel n’est peut-être pas tant de planter des arbres, que de stopper la déforestation et de reboiser.
    •  Changement d’usage des sols : il s’agit de faire de l’agro-écologie , sans labour profond, pour laisser les sols absorber le carbone.
    • Bioénergie avec capture du carbone et stockage (BECCS) : Le GIEC en fait la plus intéressante TEN dans ses scenarii. C’est la technologie qui reçoit aujourd’hui le plus de financements.
    • La production de biochar : Le biochar serait utiliser pour enrichir les sols, voire même de l’ensevelir dans l’espoir que le carbone ne sera pas libéré, mais les incertitudes sont fortes.
    • Les solutions liées à l’océan comme la fertilisation ou le chaulage des océans (pour réduire leur acidification) présentent des risques trop élevés.

    A ces solutions assez inégalement exploitées, s’ajoute l’entrée en scène de solutions technologiques comme la capture aérienne directe, dont le développement à très grande échelle semble encore très incertain, au risque de produire plus de CO2 qu’il n’en est capturé.

    Toutes ces mesures, parfois contradictoires, sont jugées insuffisantes selon un rapport de l’académie européenne des sciences[1]. Ces solutions font face à des limites difficilement surmontables : d’une part des limites physiques, relatives à l’insuffisante disponibilité de ressources nécessaires à leur mise en œuvre (sol, disponibilité en eau, énergie…) et des limites économiques (prix élevé).

    Les TEN soulèvent des questions d’ordre éthique et politique [2]

    D’une part, se reposer sur celles-ci entrainerait un relâchement des efforts en matière de transition écologique. En somme, en terme économique, cela créerait un aléa moral pour les acteurs de la transition. En effet les découvertes d’une éventuelle technologie salvatrice inciteraient les pays à risquer sans considération de cesser tous leurs efforts, déjà insuffisants. Cela signerait l’acte de décès du développement durable et du prolongement des mesures de protection du climat.

    Egalement, comme le souligne certaines études, si des efforts ne sont pas intensifiés pour lutter contre le réchauffement, les prochaines générations seront certainement condamnées à déployer massivement des TEN. Les investissements massifs et le coût de renoncement allant avec constitueraient un fardeau injuste envers les générations futures.

    En l'absence de consensus sur la place et le rôle des TEN, il est toutefois fort probable qu’elles soient nécessaires au titre de mesures complémentaires à la lutte contre le réchauffement climatique. 

     

    [1] EASAC. Negative emission Technologies: What Role in Meeting Paris Agreement Targets? EASAC Policy Reports, 2018, p.1

    [2] Résumé de l’article d’Augustin Fragnière, « Potentiel et limites des technologies à émission négatives »,  La Revue Durable (Eté-Automne 2018) p 61.

     

    [MOGED]

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