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Les raisons pour investir dans les terres arides



  • Intervention de Monsieur Patrice Burger au cours du segment politique, au nom de ONG française le CARI, mais plus largement au nom de la communauté des ONG présentes a la COP9 Mardi 29 septembre 2009 - Table ronde N°3 - Buenos Aires  

    Patrice Burger - CARI/GTD/eniD/DRYNET pour les ONG présentes à la COP 9

     

    Mr le président, mesdames messieurs les délégués,

    Je vous remercie pour l'occasion qui m'est donnée de m'exprimer ici au nom de mon ONG française le CARI, mais plus largement au nom de la communauté des ONG présentes ici

    Investir dans les zones arides est une affaire de nécessité, de d'équité et de justice et finalement de raison,

    ·        la nécessité a été longtemps ignorée mais désormais largement démontrée   

    ·        Concernant l'équité et la justice chaque jour qui passe nous prouve qu'il reste du chemin à faire ; alors que les zones arides paient un prix trop fort que les impacts du changement climatique vont accroitre alors que leurs habitants n'en  sont pas les responsables

    ·        Concernant la raison, elle devrait etre plus souvent à l'oeuvre dans notre rapport aux ecosystèmes arides laissées pour compte.

    ·        Permettez-moi de vous livrer ici quelques réflexions à partager    

    1- a propos des coûts de la désertification, ils  commencent tout juste à pouvoir être distingués  sur le court,  moyen et long terme. Par exemple

    le cout de l'inaction liée à la perte en capital naturel et aux pertes de productivité des terres ,  

    les couts sociaux liés aux migrations et aux déstabilisations sociales locales telles que les conflits

    les coûts de diffusion longue distance de ces mêmes phénomènes.

    Des travaux scientifiques font état de couts annuels comparables au Produit Intérieur Brut des certains pays affectés ;  ces couts ruinent non seulement le présent et l'avenir de sociétés locales,  mais des pays entiers et finalement détruisent tout espoir d'avenir. L'histoire nous a appris que la culture du désespoir ne mène a rien de bon.  

    ·        Ceci  devrait nous amener a établir précisément ce que nous coute notre inaction, d'en déduire l'investissement à réaliser ; mais aussi d'examiner nos valeurs : quant tout a un prix il est urgent de s'intéresser aux valeurs qui nous guident

    2 - a propos de l'investissement dans les régions arides il n'a été que faiblement exploré  sauf dans le cas des gisements pétroliers ou autres ressources minérales rares telles que l'or et l'uranium ; ces investissements ne profitent que trop rarement aux populations locales et leur meilleur partage n'en est qu'a un dialogue débutant  pourtant incontournable ;

    ·        une partie de ces profits devraient par obligation ou entente être réinvestis pour le développement local durable. C'est une affaire de justice et d'équite.

    3 - dans les zones arides, les contraintes tres fortes en termes d'environnement naturel, humain et d'infrastructures ne prédisposent ni à l'investissement privé  qui a besoin d'évaluer le risque et le retour sur investissement, ni à l'investissement public car les populations n'y ont pas de voix.

    ·        la crise actuelle nous a appris que ce sont bien les deux types d'investissement qui sont nécessaires ; ce qui renvoie a des partenariats publics, privés   

    4 - En réalité une course contre la montre est engagée  et la désertification et son impact progressent plus rapidement que la lutte contre la désertification. La Convention ne dispose pas à ce stade d'instrument de mesure fiable de son impact positif sur le sujet, encore moins pour prédire l' impact à venir. Nous  sommes déjà en situation de devoir financer la réparation des dégâts irréversibles existants  - l'adaptation  - alors qu'il faut aussi anticiper ceux qui s'accumulent année après année sous nos yeux mais que l'on pourrait réduire ou peut-être empêcher.

    A cet égard permettez-moi de rappeler que le budget de 35 millions de dollars qui est discuté cette semaine pour le biennium 2010/2011 se rajoutera aux quelques 200 millions et plus de dollars de couts de la CCD depuis 13 années ; pouvons honnêtement considérer que cet investissement a profité directement aux populations affectées ? Ou faut-il au contraire estimer, ce qui semble plus réaliste, que ce n'est qu'un budget préalable qui doit permettre l'investissement direct dans l'action ?

    ·        Si tel est le cas la priorité serait de mettre notre Mécanisme Mondial au défi plutôt que de dissiper de manière futile des énergies dans des luttes qui ne grandissent personne.  Ce qui renvoie aux engagements insuffisants des Parties pour le financement de l'action - loin au-dela  du financement des institutions.

    5 - L'agriculture  souvent citée a besoin de terres et d'eau tous deux limités en zone aride ; développer les productions agricoles n'est envisageable que dans la mesure où il elles satisfont un besoins alimentaire local ou une production fortement spécifique  centrée sur les petits producteurs et l'agroécologie comme l'a rappelé fortement la CSD17 en mai dernier.

    En outre c'est  la création de valeur ajouté en développant l'approche filière ( stockage, transformation, emballage, transport, ...) et les productions spécifiques de qualité ou les labels, qui offre un gisement important d'opportunités d'investissement et de revenu.

    ·        Ceci renvoi à l'organisation des producteurs et l'appui à la construction de filières.

    6 - enfin un potentiel plus grand est à développer dans les activités extra agricoles comme la valorisation et l'entretien des espaces, des cultures et de la biodiversité eux-mêmes créant des services de type éco-tourisme, tourisme de santé, créations d'hébergement et les prestations qui y sont liées.

    Ce mouvement déjà en marche dans certaines zones arides dont le grand désert, certaines oasis, renvoi encore au secteur d'investissement publics et privé.

    Mr le Président, Mesdames Messieurs les délégués, veuillez m'excuser,  je n'ai rien dit que vous ne sachiez déjà car cela a dejà été mille fois dit et encore aujourd'hui

    La bonne nouvelle c'est que rien de tout cela n'est très cher, que les souffrances d'une grande majorité de ceux qui sont affectés par la désertification en seraient largement allégées, et que de surcroît de nombreuses expériences réussies existent !

    Les organisations de la société civile ont de longue date  emprunté ce chemin et vous invitent à remettre les pieds sur terre, sur notre terre ; comme elles vous invitent à  comprendre que rien ne se fera sans ces femmes, ces hommes, ces jeunes, ces agriculteurs, ces autorités locales sur lesquels il faut en toute priorité et de toute urgence investir massivement .

    C'est notre unique chance de réconcilier les nécessités avec l'équité et la justice et finalement le sens commun.  Il faut le faire maintenant.

    Sinon l'histoire pourrait retenir la 9 ième conférence des parties comme Le dernier tango pour les zones arides.

     

    Je vous remercie

     

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