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Rencontre avec François Hollande avant le G8 de Lough Erne : sécurité alimentaire, sécurité nutritionnelle


Sécurité alimentaire, sécurité nutritionnelle : enjeux amalgamés, engagements dilués

 Bénédicte Hermelin, directrice du Gret, à droite de François Hollande

 

Paris, le 14 juin 2013. Hier jeudi 13 juin 2013, Bénédicte Hermelin, directrice du Gret, a été reçue par le Président Hollande avec neuf autres ONG, en présence de Pascal Canfin ministre délégué au Développement. Dans la perspective du G8 de Lough Erne les 17 et 18 juin, qui s'engagera sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le Gret a défendu auprès du Président de la République la nécessité d'engagements spécifiques sur la sécurité alimentaire et la sécurité nutritionnelle, dont l'amalgame aboutit à une dilution des engagements, au détriment de l'atteinte des objectifs mondiaux.

 868 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. 165 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition, et ne pourront pas pleinement contribuer à l'âge adulte au développement de leur pays. La faim et la malnutrition alimentent le cercle vicieux de la pauvreté. Avec 37 ans d'actions pour la sécurité alimentaire et 20 ans contre la malnutrition infantile, le Gret a porté auprès de François Hollande trois recommandations pour le G8 : 

1. Faire de la sécurité alimentaire et de la sécurité nutritionnelle deux objectifs de développement à part entière. En amalgamant développement agricole, souvent réduit à sa portion congrue de production agricole, et sécurité nutritionnelle, qui impliquent pourtant des réponses différentes, les Etats diluent les engagements financiers et politiques au détriment de l'efficacité des réponses apportées. " Si ces dernières années, on se limitait à inciter les stratégies sectorielles à intégrer des actions pour la nutrition, la Conférence internationale contre la malnutrition infantile de l'Unicef en mai 2013 marque un tournant, explique Olivier Bruyeron, spécialiste nutrition au Gret. L'intérêt des bailleurs et la nécessité d'en faire, pour la combattre, un objectif à part entière, sont désormais démontrés. "

2. Sécurité nutritionnelle : priorité à la prévention ! Si le Gret se réjouit de l'impulsion du gouvernement britannique pour porter la sécurité nutritionnelle à l'agenda de ce G8, la dimension défendue de l'investissement privé ne suffit pas. Pour lutter contre la malnutrition, il est indispensable de :

-          mobiliser des financements dédiés permettant de déployer dans la durée des approches multisectorielles adaptées (santé, eau, assainissement, agriculture, etc.) ;

-          soutenir la mise sur le marché par des entreprises locales d'aliments de complément de qualité et accessibles au Bop (populations pauvres) ;

-          encourager la recherche de solutions innovantes, notamment l'entreprenariat social, objet du G8 du 6 juin et testé par le Gret avec la création de l'entreprise sociale Nutri'zaza à Madagascar;

-          financer des projets impliquant des dynamiques de sensibilisation des populations.

3.  Sécurité alimentaire : la réponse n'est pas dans l'investissement étranger, mais dans le développement rural et les filières agroalimentaires ! Les ONG ont exprimé leurs inquiétudes sur le fait que la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, créée par le Sommet du G8 de Camp David en juin 2012, soit utilisée pour ouvrir de nouveaux marchés aux entreprises agroalimentaires plutôt que pour atteindre l'objectif de sécurité alimentaire et nutritionnelle[1] Le Gret défend une approche par le développement rural, la sécurisation foncière et les filières agroalimentaires pour répondre au défi de la sécurité alimentaire, plutôt qu'une approche basée sur la promotion des investissements étrangers.

  " Le Président de la République a été à l'écoute de nos attentes, réagit Bénédicte Hermelin, directrice du Gret. Il a notamment fait part de son intérêt pour un premier bilan de la Nouvelle alliance avant son élargissement. Une nouvelle rencontre est prévue, avant le G20 de septembre, c'est un bon signal pour le dialogue Etat - ONG sur la politique française de développement ".

Lire la position complète du Gret pour le G8: http://www.gret.org/wp-content/uploads/Position-Gret-sécurité-alimentaire-et-nutritionnelle-G8_juin-2013.pdf 

Contact presse : Marie Bessières, 01 70 91 92 76 / 06 61 18 24 35, bessieres@gret.org


[1] " Le G8 et la nouvelle alliance : une menace pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique ", ACF, CCFD-Terre solidaire, Gret, Oxfam France, Peuples solidaires et Réseau foi et justice.

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