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Le fabuleux destin d'Horizon 2020


" Moi Horizon 2020 "

A quelques chimères de grandes ambitions je nourris vos espoirs... A l'affiche de " Transitions " je suis signe de ralliement... Dans un environnement contraint je songe à mon avenir... Mon programme ? Revisiter en profondeur les interactions d'un monde en mutation :

Par ambition, j'enrichis mon programme recherche & innovation Par prévention, je pense à ma santé en fléchant son parcours Par précaution, je peaufine, plutôt trois fois qu'une, un dossier brûlant Par anticipation, j'appelle le bâtiment à plus de mesure Par incitation, je reprogramme ses thermostats en mode sobriété positive Par cohésion, j'invite tous les acteurs concernés à plancher sur le sujet.

 

Au-delà du discours que faut-il concrètement à Horizon 2020 pour aboutir ? Tous les débats d'experts privilégient les scénarios suivants : un bâtiment connecté (réseaux, smart grid, smart building), une ville mobilisée (énergie, usages, mobilité), des humains engagés (comportements adaptés, usages reformatés).

Bâtiment connecté, énergie managée, comportement adapté ?

A l'échelle du bâtiment la boîte à outils est déjà bien fournie : du DPE pour identifier les marges de progression, aux CEE pour financer les investissements, sans oublier les EnR pour s'affranchir des énergies fossiles, les composants ne demandent qu'à être assemblés ! Mais faciliter notre transition post carbone relève pour beaucoup du management, précisément celui de l'énergie, par le biais d'un nouvel outil : l'ISO 50001.

  • Diminuer ses coûts d'une part et porter une démarche de progrès inscrite bien souvent dans la politique interne de l'entreprise d'autre part, sont les principaux déclencheurs du passage à l'ISO 50001.
  • Plusieurs industriels en attestaient lors d'une conférence sur les méthodes d'amélioration de la performance industrielle, organisée conjointement par l'UIC et la DGCIS.
  • Tous les témoignages s'accordent sur l'enjeu managérial du déploiement du système pour stabiliser les consommations d'énergie mais aussi sur les perspectives d'autoproduction à terme via des process de cogénération et d'écologie industrielle.

A l'échelle de la ville il s'agit de mutualiser les fonctionnements d'un espace public capacitaire. Pressé par l'impact carbone d'une densité urbaine irréversible, la cité doit jouer d'intelligence collective. De l'interconnexion des réseaux de transport et d'énergie à leur sobriété énergétique, la ville durable doit puiser ses solutions sur son propre territoire, en circuits courts.

  •   " La ville durable, pour quels habitants? " La restitution des travaux 2013 de la Fondation Palladio à ce sujet met en lumière la dimension immatérielle de la cité, notion précisée par la philosophe Cynthia Fleury qui insiste sur une dynamique d'appropriation, voire de dissidence, de la ville par ses habitants. La ville est à la fois la carte (topos) qui renseigne et la matrice (chora) qui engendre et l'espace public y joue le rôle d'intervalle relationnel.
  • Quelles priorités pour la ville durable ? Le dernier congrès Green City révélait que plus de 50% des bâtiments de 2050 sont déjà construits : les territoires doivent donc impérativement amorcer une rénovation massive de l'existant pour respecter le bouquet Energie-Climat européen. Innovation urbaine, anticipation et approche globale sont les maîtres mots de l'adaptation à la métropolisation. 

  •  Qui plus est, la question de la mobilité devient centrale : d'une gestion des stocks il faut dorénavant apprendre à manager les flux car la densité urbaine demande plus d'énergie au même titre qu'elle engendre plus de déchets. Repenser la ville par le prisme de l'économie circulaire et du biomimétisme est un futur souhaitable car la nature, elle, ne fait pas de déchet (Hubert Reeves). 

A l'échelle humaine il semble que tout reste à faire : si de nouveaux modèles ne demandent qu'à être expérimentés l'individu peine à changer de braquet. S'évertuant depuis des décennies à se différencier par la possession, son schéma de pensée est encore trop souvent en opposition farouche à la notion de partage ou de redistribution portée par l'ESS ou la consommation collaborative. Alors, faut-il changer de modèle par le deuil de la planète que nous connaissons, comme le suggère le philosophe Michel Alberganti. Si oui, cela demanderait presque un accompagnement psychologique.

  • Pourtant les externalités positives que la nature nous procure méritent d'êtremonétarisées puis intégrées au bilan de l'entreprise. Le PIB et la croissance ne suffisent plus à résoudre l'équation sociétale et environnementale : de nouveaux indicateurs de performance sont à inventer pour rééquilibrer la balance écolonomique.
  • Grâce aux nouvelles technologies de l'information notamment, l'immatériel prend forme par un foisonnement créatif. Les mises en relation immédiates des capitaux et des personnes favorisent les échanges et ouvrent la voie à un " co " arsenal qu'il s'agisse de co-voiturage, de co-working, de co-opétition, de co-llaboration... Un nouvel écosystème émerge toutefois freiné par les récalcitrants à une sobriété heureuse.

Des économies d'énergie ? Vous n'y pensez pas  

Déni ou sacrifice pour les uns, bon sens pour les autres, les clivages sont légions dès que la question des économies d'énergie est tutoyée. Force est de constater que nous héritons d'un problème polymorphe nourrit par la sacro-sainte consommation et un formatage culturel centré sur le plaisir matériel au détriment du sens. Un changement de comportement intellectuel radical est pourtant prôné par de nombreux acteurs, sociologues en tête, mais suivis de près curieusement, par les professionnels de la distribution d'énergie.

  • Pour preuve le colloque annuel de l'UFE qui traitait des défis énergétiques de l'Europe à horizon 2050. Outre des considérations structurelles d'effondrement du marché carbone et la nécessité de mécanismes de soutien, le coeur du sujet est ailleurs : la problématique comportementale et culturelle est enfin officiellement abordée sous le joug de la poussée démographique.
  • Adapter la demande à l'offre apparaît inéluctable et électrifier la ville durable relève du défi. La parade s'imagine dans la technique par l'intermittence de l'approvisionnement d'énergie ou encore l'effacement diffus. Garantir la stabilité énergétique par le dimensionnement du réseau à l'échelle européenne est certes un enjeu de taille pour les professionnels du secteur mais c'est sans compter l'appropriation (technique et psychologique) des réseaux et des bâtiments intelligents par leurs occupants.

Je rêve : mon compteur tourne à l'envers !

Résumons-nous : pour donner vie à cette exclamation il convient matériellement d'isoler, d'équiper, de connecter ; immatériellement il faut ajouter l'accompagnement de l'occupant, du citoyen, de la collectivité... Cette itération permanente du micro au macro est le gage de la fluidité de l'écosystème durable au service d'un individu métamorphosé, espérons-le, en convoyeur de sens.

En substance le scénario d'un nouveau paradigme énergétique passe par un habitat énergétiquement autogéré par l'apport d'énergies renouvelables non fossiles, une consommation mesurée par l'intégration de compteurs intelligents, un impact carbone atténué grâce à des économies d'énergie réfléchies. Malgré tout, pour pouvoir s'exclamer un jour " Chouette ! Mon compteur tourne à l'envers " certains obstacles de taille restent à lever.

Réglementation révisée, fiscalité adaptée

Les freins au changement de paradigme sont avant tout d'ordre réglementaire et fiscal sans oublier toutefois la dimension organisationnelle et culturelle...

En matière de réglementations e bâtiment et l'énergie subissent l'un et l'autre la lourdeur du millefeuille administratif issu des nombreux codes français, qui souvent se chevauchent. La bonne exécution des projets est soumise à des études d'impact et de danger (inhérentes au code de l'environnement) côté énergie, et à des kyrielles de normes et de labels (inhérentes aux codes de l'urbanisme et du travail) côté bâtiment.

Enclencher la rénovation thermique suppose également des garanties financières et des tiers de confiance (cf. GPEI) dont les périmètres d'intervention ne sont pas encore clairement définis. Dans l'attente d'une hypothétique obligation de rénovation énergétique par le gouvernement, il convient en urgence de simplifier les procédures.

En matière de fiscalité écologique l'enjeu est de financer la transition énergétique en s'engageant activement dans une baisse réelle de nos émissions de gaz à effet de serre par un facteur 4 à 6. Tous les secteurs et toutes les énergies sont concernés, c'est pourquoi un signal prix fort doit être donné pour orienter rapidement les comportements vers des choix énergétiques et d'équipements adaptés. 

En cliquant sur le schéma ci-dessus quelques exemples proposés par La Fondation Nicolas Hulot et Réseau Action Climat démontrent clairement les actions possibles pour faire des économies sur un an en contrepartie d'une fiscalité écologique assumée.

Réflexes organisationnels et culturels

Expérimentés partout en Europe ces outils de transition fonctionnent dès lors qu'ils sont acceptés par les populations. On prend ici la mesure du long terme par lequel les enchaînements nationaux et locaux donnent corps aux règles de gouvernance européenne, souvent par le biais de réformes structurelles, bien difficiles à mener si elles ne sont pas expliquées dès le départ. Il est donc indispensable de connaître les directives européennes par une veille réglementaire rigoureuse car ce sont elles qui tracent les choix nationaux...  

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