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Les mots d'une femme engagée


Au Cameroun, où seule une fille sur trois est scolarisée, Hawaou Adamou milite pour le droit à l’alphabétisation des femmes et l’éducation des filles. C’est dans son quartier natal de la Briqueterie à Yaoundé que cette mère de famille a fondé l'Association des Femmes Haoussa pour le Développement (AFHADEV). Ce combat s’affiche comme une revanche pour celle qui a appris à lire et écrire à l’âge de 35 ans, et porte les espoirs des femmes camerounaises. Rencontre avec une femme engagée.

Votre engagement, intimement lié à votre histoire personnelle, est le reflet d’une large réalité au Cameroun. Quels sont les enjeux de l’alphabétisation dans votre pays et plus largement dans les pays touchés par ce phénomène ?

Au Cameroun tout comme dans certains pays africains, la question de l’éducation demeure une préoccupation majeure même si de réels progrès ont été accomplis en matière d’éducation dans le primaire. Les taux nets de scolarisation des filles sont de 71% contre 81% pour les garçons.
Mais les disparités géographiques sont fortes avec des taux de scolarisation beaucoup plus faibles des enfants dans les régions du Nord du Cameroun pour des raisons culturelles. L’écart se creuse davantage entre filles et garçons lors du passage du primaire au secondaire. Au Cameroun, le taux net de scolarisation des filles à l’école primaire de 2008 à 2011 est de 87% alors que le taux net de scolarisation des filles à l’école secondaire est de 39%.

Vous êtes à la tête de l’AFHADEV et travaillez depuis 2008 avec Plan International au cœur de votre quartier natal de la Briqueterie. Quelles sont les mesures phares de votre combat et comment s’articule la collaboration avec l’ONG partenaire?

Chaque jour, je mène avec PLAN un travail de sensibilisation des parents, autorités politiques et religieuses dans le quartier de la Briqueterie à Yaoundé sur l’importance d’éduquer les filles. J’essaie petit à petit de gagner la confiance de la communauté après de longues discussions. il faut savoir notamment parler aux hommes. Si on les combat, cela ne marche pas. Ce projet a débuté avec PLAN en 2010 et nous avons un objectif de scolariser 3500 filles et les faire quitter le petit commerce de rue qu’elles font au quotidien, commerce qui les expose aux violences et abus divers.

Dans ce projet, nous mettons en place des activités génératrices de revenus pour les femmes, dont les bénéfices permettront d’alimenter un fonds d’épargne pour la scolarisation des filles. Nous formons également les enseignants pour fournir un enseignement de qualité aux filles.
Enfin, nous encourageons également la participation des enfants, en particulier celle des filles par la mise en place de forums d’enfants pour qu’elles défendent leur droit à l’éducation.

Quels résultats avez-vous pu constater depuis la mise en place de ces mesures? Avez-vous de nouvelles perspectives ?

Depuis le début de ce projet, nous avons remarqué une très grande prise de conscience des mères vis-à-vis de l’importance de l’éducation des filles, beaucoup plus de filles sont scolarisées et on constate une diminution des mariages précoces. Cependant, les hommes n’adhèrent toujours pas encore totalement à l’éducation des filles.
C’est pour cette raison que nous allons mettre beaucoup plus de moyens pour sensibiliser toutes les parties prenantes les femmes, les enfants, les jeunes, les communautés et surtout les hommes sur l’importance de l’éducation des filles.
Le projet va s’étendre à sept autres quartiers de l’arrondissement de Yaoundé. Cette extension de la zone d’intervention n’aurait été possible sans la collaboration avec Plan International Cameroun et l’appui financier renouvelé de Plan International France. (…)

Source : RSE Magazine

Par : Roxane Lauley

Publication initiale, le mercredi 15 octobre 2014

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