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Exploitation artisanale de l'or au Burkina Faso, ce que l'Etat burkinabé perd par an


 

 

Chaque année, des tonnes d’or d’une valeur de plusieurs dizaines de millions d’euros sont importées du Togo, pays qui ne figure pourtant pas parmi les producteurs du précieux métal. C’est en partant de ce constat que »La Déclaration de Berne » a remonté la filière… pour arriver au Burkina. A titre d'exemple, la Suisse a importé en 2014, près de 7 tonnes d'or à partir du Togo. Nous savons tous cependant que ce pays n'est pas producteur d'or.

Dans un rapport publié jeudi 10 septembre, réalisé notamment à partir de 45 entretiens, l’ONG suisse prouve que cet « or togolais » a en réalité été extrait des mines du nord et de l’ouest du Burkina Faso, où le travail des enfants est monnaie courante, avant de passer entre de nombreuses mains. Des exportateurs burkinabè, notamment la Société minière Kindo Adama – SOMIKA (pilotée par un proche de l’ancien président Blaise Compaoré) auraient facilité le passage de la frontière togolaise.

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Les sociétés Wafex et MM Multitrade, deux filiales du négociant libanais Ammar Group, installées respectivement à Lomé et à Genève, ont réceptionné l’or. C’est ce groupe libanais qui a organisé ensuite son transfert logistique aérien via Air France avec des étapes à Paris et Zurich, puis par camion jusqu’à la raffinerie de Valcambi à Balerna, à l’extrême sud de la Suisse, à proximité de la frontière italienne.

Selon l’ONG suisse, ce trafic passant par le Togo entraînerait une perte fiscale de près de 3,5  milliards de F CFA (5,35 millions d’euros) pour l’Etat burkinabè. Surtout il favorise le travail des enfants et des conditions d’exploitation particulièrement dangereuses pour la santé.

La Déclaration de Berne souhaite également sensibiliser le gouvernement du Burkina Faso à une meilleure régulation du secteur aurifère, qui a fortement progressé ces dernières années. La production d’or du pays est ainsi passée de 1,3 tonne en 2005 à 30,9 tonnes en 2014. Ces chiffres officiels ne prennent en compte qu’une seule tonne issue d’exploitations artisanales alors que l’ONG suisse estime à 8 tonnes la production artisanale du pays. De toute évidence, ce trafic a encore de beaux jours devant lui car les complicités se tissent depuis le sommet de l'Etat. Les autorités de la transition n'ont pas pour le moment montré une réelle volonté de traquer et assainir ce milieu mafieux.

Source autorisée:http://netafrique.net

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