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Des mélanges de pesticides réduisent l'activité des abeilles


L’usage systématique de produits chimiques pour lutter contre les maladies et ravageurs des cultures a provoqué une imprégnation non contrôlée de la biosphère (air, eau et sol) par des mélanges de résidus dont la composition et les effets sur les organismes non cibles sont imprévisibles. En particulier, les pollinisateurs tels que l’abeille mellifère peuvent être exposés tout au long de leur vie à des mélanges de résidus (fongicides, herbicides et insecticides). Evaluer la toxicité de ces mélanges est un enjeu primordial pour garantir le fonctionnement à long terme des écosystèmes. En combinant l’exploitation des données des réseaux de surveillance et une approche expérimentale originale, les chercheurs (1) ont identifié les mélanges toxiques et caractérisé leurs effets sur l’organisme des abeilles.

Identification des mélanges toxiques

 A partir des informations issues de l’Observatoire des Résidus de Pesticides (ORP) dans l’alimentation de l’abeille, mis en place par l’ITSAP et l’unité Inra Abeilles et Environnement, les chercheurs ont d’abord étudié les relations entre la dynamique des populations d’abeilles et la présence de pesticides dans les pollens qu’elles butinaient. Quatre mélanges de pesticides, principalement composés de fongicides utilisés en arboriculture, maraichage et en grandes cultures, ont ainsi pu être mis en relation avec des affaiblissements de colonies. Ces mélanges ont été ensuite reproduits et testés afin d’étudier de plus près les modifications physiologiques et comportementales qu’ils provoquaient sur les abeilles. Cette seconde étape a nécessité la mise en place d’un système original pour contrôler l’alimentation des abeilles et l’utilisation des compteurs d’abeilles développés et brevetés par l’unité Abeille et Environnement.

Diminution de l’activité des abeilles

La consommation par les abeilles de pollen contaminé par ces mélanges provoque une perturbation de leur métabolisme énergétique, qui se traduit pour deux des mélanges par un ralentissement de leur activité de butinage (moins de vols par/jour) associé à une perte d’efficacité dans la récolte de pollen (pelote plus petite). On observe aussi un allongement de leur durée de vie, qui peut s’expliquer par le fait que le butinage est une activité à risques (prédation, mauvaises conditions climatiques) : moins de butinage équivaut ainsi à moins de risques.

Cet accroissement de la longévité des abeilles, accompagné d’une réduction d’activité, est un symptôme nouveau qui contraste avec la réduction de la durée de vie habituellement décrite dans la littérature sous l’effet de pesticides. Cependant, rapportés à l’échelle de la colonie par le biais de simulations (modèles populationnels), ces résultats démontrent une diminution de la probabilité de survie des colonies après une exposition prolongée.

En conclusion, cette étude démontre que la combinaison de l'analyse des mélanges de pesticides avec des tests de toxicité est une approche prometteuse pour identifier a posteriori ceux qui présentent un risque pour les organismes non cibles. De plus, elle souligne l’utilité des dispositifs de surveillance tels que l’ORP qui permettent d’identifier les effets non intentionnels des pesticides après leur mise sur le marché. Enfin, elle met l’accent sur la nécessité d'améliorer les critères actuels d'évaluation de la toxicité des pesticides.

Communiqué de l'Inra 
Lire l'article de Science of the Total Environment (an)

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