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3 questions à... Jean-Marc Collienne, journaliste et président de l'Association Kéré


Jean-Marc Collienne, journaliste chez Réunion la 1ère et président de l’Association Kéré, est à l’initiative de la très forte mobilisation réunionnaise en faveur des habitant·e·s du grand Sud de Madagascar, victimes d’une sécheresse particulièrement intense cette année. Partenaire du Gret sur l’Opération Kéré, il revient sur les raisons qui l’ont poussé à s’investir pour cette cause et sur sa vision à plus long terme.

 

Pour quelles raisons vous êtes-vous saisi de cette cause ?

Au hasard d’un reportage réalisé en 2006 sur un Réunionnais parti dans le Sud de Madagascar à la recherche du village d’où était originaire son père, immigré sur l’île de La Réunion dans les années 1920, nous avons pour la première fois découvert le kéré. Ce terme malgache est utilisé par les habitant·e·s de l’Androy, dans le Sud de l’île, pour désigner la famine qui frappe régulièrement cette région, notamment causée par le manque de pluie, un vent constant qui assèche les sols, la déforestation, et aggravée par le dérèglement climatique.

L’émotion suscitée à l’époque face aux premières images de cette famine a été si forte à la Réunion que nous avons organisé la première Opération Kéré, qui a permis, avec la collaboration du Gret, de construire 64 citernes et deux impluviums (NDLR : des bassins d’eau pluviale), et de restaurer onze anciens impluviums, afin d’assurer un stock d’eau nécessaire pour faire face aux longs mois sans pluie.

En 2020, et malgré la présence de ces citernes, la sécheresse est tellement forte que certain·e·s habitant·e·s de l’Androy, déjà vulnérables, sont mort·e·s de faim et de soif. Face à cette situation extrêmement grave, nous avons lancé avec le Gret une nouvelle Opération Kéré, pour agir dans l’urgence et sur le moyen terme en faveur des populations du Sud malgache.

 

Comment expliquer la formidable mobilisation de l’île de La Réunion en faveur du Sud malgache ?

Les Réunionnais ont réalisé qu’on mourait de faim à 1 000 km de leur île, dans une région à laquelle ils sont intimement attachés. C’est en effet du Sud de Madagascar que sont venus les premiers habitants de la Réunion. Et, entre 1920 et 1930, plusieurs milliers d’habitants de l’Androy ont été engagés pour travailler dans les champs de canne à sucre de l’île. De très nombreux Réunionnais, parfois sans le savoir, ont un père ou un grand-père venu de cette région aujourd’hui touchée par la famine.

Ce lien historique est amplifié par le fait que, bien que la Réunion soit une île très verte, le changement climatique se fait de plus en plus sentir par la population. Ces deux facteurs font que les Réunionnais se sentent réellement concernés par le sort de leurs voisins de l’Androy.

 

Quel rôle envisagez-vous pour l’Association Kéré sur le long terme ?

L’Association Kéré souhaite continuer à financer l’aide d’urgence (distribution de vivres et d’eau), mais également contribuer à la mise en place de solutions à moyen et long termes afin d’éviter que ces épisodes de famine ne se répètent dans cette région. L’objectif, après l’urgence, est de soutenir les projets du Gret, qui est très bien implanté dans le grand Sud, notamment en matière d’approvisionnement en eau, d’agroécologie et de développement de cultures résistantes à la sécheresse.

 

Les dons en faveur de l’opération sont donc d’une part utilisés pour éviter que la situation ne s’aggrave et que les gens ne meurent de faim, mais aussi pour que cette situation ne se reproduise plus, en développant la résilience climatique et la sécurité alimentaire des communautés.

Opération Kéré – les dernières actualités

De l’eau potable et une aide alimentaire d’urgence pour les communautés du Sud de Madagascar en proie au kéré

 

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