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Exploitation des ressources forestières au Burkina Faso



  • DE NOUVELLES MESURES POUR SAUVER L’ECOSYSTEME NATIONAL: le cas du Charbon de bois.

    Il y a un véritable risque de péril environnemental qui menace les ressources forestières et fauniques du Burkina Faso, du fait de pratiques tout autant anarchiques qu’irresponsables. S’il est établi que le bois constitue la principale source d’énergie consommée par plus de 87 % des ménages burkinabé, force est de reconnaître que le rythme de défrichement des forêts et la production du charbon de bois ne correspond pas seulement aux besoins des populations en produits forestiers ligneux. Les vastes étendues de forêts attribuées par complaisance à de soi disants nouveaux acteurs du secteur agropastorale sont défrichées mais non mises en valeur par les bénéficiaires. Et comme un phénomène de mode, les régions les plus fertiles, devenues une sorte « d’Eldorado » connaissent « une ruée vers les terres » qui commence à fragiliser sérieusement le capital forestier. Ces pratiques qui tendent à remettre en cause l’organisation du secteur bois de feu et l’esprit même du code forestier doivent d’urgence être jugulées et c’est tout le sens qu’on donne aux nouvelles mesures organisationnelles et règlementaires prises par le gouvernement pour réguler les activités liées à l’exploitation des ressources forestières.

    POUR UNE ﴾1﴿ TONNE DE CHARBON A PRODUIRE, LE PRELEVEMENT DE BOIS EQUIVAUT A CINQ (5﴿ TONNES.

    L’état des lieux montre que la consommation de charbon de bois a pris une ampleur inquiétante du fait des changements d’habitudes culinaires, de l’urbanisation, des commodités de l’utilisation du charbon comparé au bois de chauffe et du coût d’acquisition relativement bas. Seulement, la production du charbon se fait avec des techniques et technologies très rudimentaires qui entraînent une forte déperdition des ressources forestières. Les charbonniers sont des ouvriers non résidants, installés dans des villages par des opérateurs qui vivent dans les centres urbains et qui viennent s’implanter dans ces villages sans aucun égard vis-à-vis des populations autochtones. Les ouvriers avec les meules et fosses traditionnelles qu’ils utilisent pour la carbonisation, doivent par exemple brûler cinq ﴾5﴿ kilogrammes de bois pour obtenir un ﴾1﴿ kilogramme de charbon.
    Projeté à l’échelle de la consommation nationale de charbon par an, ce sont des milliers d’hectares de forêts qui sont décimés dans la même fourchette de temps. Pire, ce type d’exploitation ne rapporte ni aux populations des villages d’accueil qui sont des spectateurs
    impuissants face aux dangers que constituent les nombreux fosses et cratères abandonnés et qui empêchent toute production végétale ; ni à l’Etat qui ne perçoit que des broutilles en terme de taxes payées pour cette production de charbon. En somme, cette pratique n’est ni écologiquement ni socio - économiquement rentable. C’est pourquoi, il faut circonscrire le péril naissant en balisant suffisamment le terrain au triple plan règlementaire, organisationnel et législatif.
    La batterie d’arrêtés conjoints ministériels portant réglementation de la production et de la commercialisation du charbon de bois, ainsi que sur la régulation de l’exploitation des produits forestiers mettent en évidence le cadrage institutionnel dans lequel doivent évoluer tous les acteurs de la filière forêt et bois.

    Le cas particulier du charbon de bois.

    Le Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie (MECV), en collaboration avec les autres départements ayant en charge la gestion et la promotion des communautés à la base s’est engagé à réorganiser le sous secteur du charbon de bois au regard des réalités sus mentionnées. Partant de l’approche participative dans la concertation avec les acteurs de la filière ﴾à savoir les producteurs, commerçants grossistes et commerçants détaillants, les départements ministériels partenaires et les gouverneurs de régions﴿ , le MECV s’est convaincu qu’il faut agir vite et de façon rigoureuse par la prise de mesures pour réussir cette réorganisation. C’est ainsi que des projets d’arrêtés sont initiés pour fixer :

    - les taxes et redevances des produits forestiers issus de l’exploitation commerciale et industrielle des forêts de l’Etat et des collectivités territoriales ;

    - les conditions de stockage et de circulation des produits forestiers à des fins commerciales ;

    - la réglementation des défrichements agricoles ;

    - les conditions de production du charbon de bois.
    Pour le charbon de bois, le constat est que les sites de carbonisation sont disséminés sur toute l’étendue du territoire, même dans des régions où les ressources forestières sont déjà très précaires. L’on a ainsi recensé cent vingt huit ﴾128﴿ sites de carbonisation dont certains dans le Nord, le Sahel et le Plateau central qui ont un couvert végétal fortement détérioré. Les nouvelles mesures délimitent ces sites à une cinquantaine ﴾54 au total﴿ qui sont officiellement autorisé à produire le charbon de bois. ﴾ cf. Arrêté MECV publié dans l’Observateur Paalga du 02/02/2006 N◦ 6570 où sont précisés les noms et le nombre des régions, provinces, départements et villages ou points d’accueil de ces sites﴿. Cet Arrêté ministériel est exclusivement applicable et valable pour l’année 2006 mais les autres textes en gestion édicteront dans la durabilité les règles d’exploitation des ressources forestières à des fins commerciales, industrielles ou agricoles au Burkina Faso.
    Dorénavant, le charbon ne pourra être produit que :

    - dans les forêts aménagées où les plans d’aménagement et de gestion le prévoient ;

    - sur des sites spécifiques déterminés par les services forestiers et les populations locales ;
    - à partir du bois de défriche engendré par la construction de barrages, routes, travaux d’installation des lignes électriques haute tension, de résidus des scieries et unités d’exploitation industrielle se bois.

    Aucune autre condition ne peut prévaloir dans la production du charbon de bois, et toute infraction à ces dispositions règlementaires est passible de sanctions vigoureuses.
    Le schéma organisationnel du sous–secteur charbon de bois prévoit un cahier des charges, qui responsabilise les populations riveraines des sites en précisant les relations entre les différentes parties (Etat, Collectivités Territoriales, les exploitants de charbon et les populations﴿. Ces populations sont du reste autorisées à produire le charbon de bois lorsqu’elles sont organisées en Groupement de Gestion des Forêts (GGF﴿, structures décentralisées qui s’impliquent dans la gestion des sites. Des mesures d’accompagnement sont prévues pour le renforcement de leurs capacités, et pour promouvoir de nouvelles technologies améliorées de carbonisation.
    L’introduction et la vulgarisation de la meule Casamançaise visent à rationaliser la production du charbon de bois. L’expérience pilote sur des sites cette année donne de merveilleux résultats sur le terrain. L’appropriation de la technologie par les producteurs formés permet de mieux valoriser l’activité à travers une production plus quantitative et qualitative du charbon tout en préservant la brousse des fossés et cratères laissés par les anciennes méthodes de carbonisation.
    En outre, les recettes que générera l’activité de production et de commercialisation du charbon du charbon de bois seront réparties entre l’Etat, les collectivités territoriales et les populations locales.
    L’instauration d’un fonds d’aménagements forestier (FAF﴿ est aussi envisagée pour la reconstitution du couvert forestier dans la perspective d’assurer la ressource aux générations futures.
    La restriction des activités de carbonisation à certaines régions et dans les conditions précisées par les textes, excluent naturellement des zones écologiques particulières comme le sahel, le nord et le plateau Central ; hormis là où des travaux spécifiques d’aménagement entraînent des défrichements de forêts pouvant, dans des circonstances précises, servir à produire du charbon. Ces mesures constituent une discrimination positive, dont l’objectif essentiel est de protéger et de faire régénérer le peu de ressources forestières existantes. Ainsi l’absence de telles règlementations conduirait inéluctablement à la destruction totale de ces ressources forestières.
    Ces mesures préservent aussi des superficies forestières appréciables qui vont se reconstituer au fil des années et favoriser l’amélioration du cadre ce Vie et la sécurité alimentaire des populations, susciter la responsabilisation de ces populations à la gestion durable des ressources forestières et réduire la pauvreté en milieu rural. Tous les acteurs de notre écosystème, toutes filières confondues, ont l’impérieux devoir de s’investir individuellement et collectivement pour l’application responsable de ces nouvelles mesures écocitoyennes.

    POUR L’ANNEE 2006, LA REGLEMENTATION AUTORISE LA CARBONISATION SUR 54 SITES À TRAVERS LE BURKINA FASO.
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