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Rapport de la Banque africaine de développement sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement



  • Pour évaluer le niveau de progrès sur le continent, les experts de la Banque africaine de développement (BAD) sous la houlette de M. André C. Portella, ont publié un rapport qui offre un aperçu sur l’état d’avancement du continent en ce qui concerne les ODM. Le rapport intitulé : Indicateurs sur le genre, la pauvreté et l’environnement sur les pays africains fournir les faits et les chiffres sur chaque pays.



    Rapport d'avancement

    Il y a un consensus général qui s’est établi aujourd’hui sur le fait que l’Afrique est à la traîne des autres continents dans sa progression vers la réalisation des Objectifs de Développement du Millénaire (ODM). Selon le rapport, les progrès limités qu’accomplissent les pays africains s’expliquent par un certain nombre de facteurs dont certains sont les conflits et les guerres civiles qui ont non seulement ralenti les progrès mais aussi détruit les acquis réalisés auparavant. Parmi les autres facteurs, on note les politiques économiques inadéquates et les problèmes de gouvernance qui ont inversé la croissance, et, par conséquent, stoppé l’accroissement des revenus ; il a aussi été difficile pour ces gouvernements de fournir de façon conséquente les services sociaux essentiels. La pandémie du VIH/SIDA a également eu un impact extrêmement défavorable en termes de croissance et a privé des sociétés de certains de leurs membres les plus productifs, a ajouté le rapport. Dans presque tous les pays à faible revenu, les ressources limitées disponibles pour financer les investissements exigés dans les principaux secteurs tels que l’agriculture, la santé, l’éducation, et les infrastructures continuent d’être une contrainte importante. Cependant, un nombre croissant de pays africains ont réalisé des progrès significatifs en mettant en place des politiques saines pour aborder leurs défis de développement. L’adoption des stratégies de réduction de la pauvreté et leur amélioration continues ont commencé à donner une plus grande cohérence et une meilleure orientation en matière de politique dans les efforts vers la réalisation des ODM. Sur les 53 pays africains, le taux de satisfaction des performances indique le pourcentage des pays qui ont atteint ou sont en voie d’ atteindre les objectifs. Sur la base des tendances actuelles, ce taux donne une idée du pourcentage des pays qui devraient réaliser les objectifs d’ici 2015.



    Réduire l’extrême pauvreté et la famine

    Le premier de ces objectifs est la réduction de moitié de la proportion des personnes vivant dans l’extrême pauvreté, avec moins d’un dollar par jour. En Afrique du Nord, les taux de pauvreté extrême ont changé lentement entre 1990 et 2001, mais ces pays (Algérie, Egypte, Libye, Maroc et Tunisie) sont en voie d’atteindre l’objectif, précise le rapport. Par contre en Afrique Sub-saharienne, où les taux de pauvreté sont les plus élevés au monde, des millions de personnes sont tombées encore plus bas dans la pauvreté. A l’exception de l’Ile Maurice, et compte tenu des tendances actuelles, les pays d’Afrique sub-saharienne n’atteindront pas cet objectif. L’extrême pauvreté atteint toujours plus de 50 pour cent de la population au Burundi, en République centrafricaine, au Tchad, en Gambie, à Madagascar, au Mali, au Niger, au Nigeria, au Rwanda, en Sierra Leone, en Zambie, et au Zimbabwe entre autres. Dans cette partie du continent, les progrès sont négligeables, en partie à cause de la croissance démographique, de la baisse de la productivité agricole et des conflits. En 2004, la majorité des 35 pays au monde nécessitant une assistance d’urgence internationale étaient en Afrique, en situation de conflit ou de post-conflit. Toutefois, au cours de la dernière décennie 1990/92 – 2000/02, 17 pays, soit 32 pour cent du total de l’Afrique, sont parvenus à réduire la famine d’au 20 pour cent et devraient donc pouvoir atteindre cet objectif. Le Ghana est le seul pays sub-saharien qui a déjà atteint l’objectif et a réduit la famine de 66 pour cent entre 1990/92 et 2000/02.



    Assurer l’éducation primaire pour tous

    L’Afrique Sub-saharienne a réalisé de lents progrès vers la réalisation de l’éducation pour tous au primaire. Les taux de satisfaction des performances montrent que seulement 26,4 pour cent des pays africains sont susceptibles d’atteindre l’objectif. Des millions d’enfants sont encore non scolarisés et plus de la moitié sont des filles. Les pays d’Afrique du Nord ont déjà tous atteint au moins 90 pour cent du taux de scolarisation au primaire, comme pour les Seychelles, le Cap Vert, Maurice, l’Afrique du Sud, Sao Tomé-et-Principe et le Togo. Certains autres pays (la Gambie, la Guinée et la Mauritanie) ont réalisé des progrès exceptionnels en augmentant les taux de scolarisation au primaire jusqu’à plus de 60 pour cent entre 1990/91 et 2002/03. Globalement, quinze autres pays africains ont atteint un taux de croissance d’au moins 20 pour cent sur la même période, ce qui n’est toujours pas suffisant pour atteindre les 100 pour cent requis d’ici l’an 2015. L’analyse de la scolarisation au primaire devrait être complétée par les indicateurs d’échec scolaire (abandons, redoublants, efficacité du système éducatif) pour mieux se représenter les enfants victimes d’analphabétisme. Par exemple, au Burkina Faso, seulement 36 pour cent des élèves du cours élémentaire ont atteint le cours moyen en 2001/02. Les taux d’achèvement des études au cycle primaire sont très proches de 100 pour cent en Algérie, en Egypte, aux Iles Maurice, en Namibie, aux Seychelles, et en Tunisie. Des progrès significatif ont été observés avec plus de 20 points de pourcentage entre 1990/91 et 2001/02 au Bénin, à Madagascar, au Mozambique et au Togo.



    Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

    Cet objectif est le seul qui se concentre sur l’égalité de genre et la promotion des femmes dans trois secteurs : l’éducation, l’emploi et la prise de décision politique. La parité entre les filles et les garçons dans la scolarisation au primaire et au secondaire aurait dû être atteinte en 2005. Mais les écarts entre les genres en ce qui concerne l’éducation sont encore sérieux en Afrique Sub-saharienne. Cependant, dans les cas remarquables de l’Algérie, le Botswana, le Cap Vert, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, le Lesotho, Madagascar, l’île Maurice, le Maroc, la Namibie, le Nigeria, Sao Tomé et Principe, les Seychelles, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Tunisie, la Zambie et le Zimbabwe, il n’y avait aucune différence significative entre les garçons et les filles, tant au primaire qu’au secondaire. L’élimination de la disparité entre les genres dans l’éducation est l’objectif le plus satisfaisant au primaire avec un taux de réussite de 71,7 pour cent ; ce taux tombe à seulement 37,7 pour cent au niveau du secondaire. En outre, dans les pays africains, la participation des femmes dans l’économie et la politique reste très faible. En ce qui concerne le pourcentage des sièges au parlement tenus par les femmes, un certain nombre de pays africains ont atteint 20 pour cent (Erythrée, Mozambique, Namibie, Rwanda, Afrique du Sud, Tanzanie, Tunisie, et Ouganda). Par exemple, le Rwanda a presque atteint la parité parfaite avec 48,8 pour cent de sièges au parlement tenus par des femmes en 2005, comparés à 17 pour cent en 1990.



    Réduire la mortalité infantile

    Des milliers d’enfants africains meurent chaque jour d’une maladie qui aurait pu simplement être empêchée ou traitée, par manque d’antibiotiques ou d’une simple diarrhée. La mortalité infantile devrait être réduite de deux tiers d’ici 2015 mais les avancées dans cette direction ont été ralenties au cours des années 90. Aucun pays africain n’a encore atteint ce but et en Afrique australe, les pays marqués par le VIH/SIDA ont vu augmenter le décès des enfants de moins de cinq. Onze pays ont déjà réduit la mortalité infantile par plus de 40 pour cent (Algérie, Cap Vert, Comores, Egypte, Erythrée, Gabon, Gambie, Libye, Maroc, Namibie et Tunisie) et douze autres pays ont régressé ; il s’agit de l’Angola, du Burkina Faso, du Cameroun, de la République démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Kenya, du Niger, du Nigeria, de l’Afrique du Sud, du Swaziland et de la Tanzanie.



    Améliorer la Santé maternelle

    L’objectif de réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle semble ambitieux en Afrique. Les estimations récentes continuent d’indiquer que les taux les plus élevés de mortalité maternelle se situent en Afrique Sub-saharienne, avec en moyenne 920 décès sur 100 000 naissances vivantes et il n’y a aucun indice de réduction de ces taux. Les femmes meurent pendant la grossesse et l’accouchement principalement à cause des systèmes de santé inadéquats, particulièrement dans les secteurs ruraux. Seule l’Ile Maurice a atteint l’objectif mais douze autres pays semblent en bonne voie vers l’amélioration de la santé maternelle. Les données sur la proportion de naissances assistées d’un personnel de santé qualifié montrent qu’en 2003, des progrès on été enregistrés uniquement en Afrique du Nord.



    Combattre le VIH/SIDA le paludisme et d’autres maladies

    L’objectif de stopper le VIH/SIDA et d’autres maladies importantes (le paludisme, la tuberculose) d’ici 2015 semble démesuré, car ces trois maladies sont fortement concentrées dans les pays les plus pauvres de l’Afrique. Le SIDA est devenu la première cause de mortalité précoce en Afrique Sub-saharienne et presque deux tiers d’environ 39,4 millions de personnes vivant avec le VIH à l’échelle mondiale sont des africains. Le taux de prévalence parmi des adultes âgés de 15 à 49 ans a atteint 7,3 pour cent en 2004 et l’épidémie ne montre aucun signe de ralentissement. Seuls les pays d’Afrique du Nord ont un taux officiel de prévalence des adultes qui n’excède pas 0,1 pour cent. Les pays les plus affectés par le VIH se situent en Afrique australe, avec 37,3 pour cent de taux de prévalence des adultes au Botswana et 38,8 pour cent au Swaziland. En outre, le pourcentage des femmes infectées continue de croître et a atteint, en 2004, 57 pour cent en Afrique Sub-saharienne en raison de la violence et de la discrimination à caractère sexuel. La tuberculose est aidée par l’émergence de variétés résistantes aux médicaments et de la vulnérabilité créée par le VIH/SIDA. Aucun pays africain n’a encore atteint cet objectif de réduire de moitié l’expansion de la tuberculose, et 5 pays seulement sont susceptibles de la réduire : les Comores, l’Egypte, la Libye, les Seychelles et la Tunisie. Les données du paludisme pour l’année 2000 sont très élevées, particulièrement pour la Guinée (75 386 cas pour 100 000 personnes), le Botswana (48 704) et le Burundi (48 098).



    Assurer un environnement durable

    Inverser le cours de la perte des ressources environnementales, parmi lesquelles la fourniture en eau potable, en système d’assainissement approprié et en logements décents font partie de cet objectif. Pour l’accès à l’eau potable, la couverture demeure faible, particulièrement dans les secteurs ruraux et les bidonvilles, et des progrès très lents ont été accomplis dans l’amélioration des systèmes sanitaires de base. Pour les 6 pays qui ont déjà réalisé l’objectif, le pourcentage des personnes ayant accès à l’eau potable est toujours en dessous de 100 pour cent. Par exemple, en 2002, les données sont de 73 pour cent pour la Tanzanie (comparée à 38 pour cent en 1990), de 75 pour cent pour la République centrafricaine (comparée à 48 pour cent en 1990) et de 79 pour cent pour le Ghana (comparé à 54 pour cent en 1990).



    Mise en place d’un partenariat mondial pour le développement

    Le huitième objectif consiste dans le partenariat entre les pays développés et ceux en voie de développement à travers l’aide, la réduction de dette et le commerce. Comme indiqué plus tôt, l’aide publique au développement (APD) en Afrique Sub-saharienne est passée de 12 pour cent du PIB en 1990 à 18,6 pour cent en 2003. En outre, en 2005, le G8 a pris des engagements importants comme, par exemple, doubler l’aide d’ici 2010 à hauteur de 25 milliards de dollars supplémentaires pour l’Afrique, alors que l’Union européenne s’est engagée à débourser un montant additionnel de 23 milliards d’Euros ($27 milliards) par an pour l’Afrique d’ici 2015. L’encours moyen de la dette s’est également amélioré en Afrique Sub-saharienne, passant de 3,8 pour cent en 1990 à 2,9 pour cent en 2003. En 2005, un accord est intervenu pour augmenter le financement des dons et annuler 100 pour cent de la dette multilatérale et bilatérale dans les PPTE (pays pauvres très endettés). En juin 2005, les 40 milliards de dollars de dette que 18 pays (dont 14 pays africains) doivent à la Banque mondiale, au FMI et à la BAD ont été totalement annulés; mais un total de 55 milliards de dollars seront amortis si davantage de pays se qualifient. Enfin, en ce qui concerne le commerce extérieur, le programme de travail de Doha réfléchi dans le cadre de l’OMC en juillet 2004 (organisation mondiale du commerce), fait la promesse d’éliminer les barrières tarifaires et non-tarifaires pour les exportations de l’Afrique et aussi de réduire les subventions agricoles des pays industriels. Cependant, en raison des progrès limités accomplis à la sixième réunion ministérielle de l’OMC à Hong Kong, beaucoup reste à faire pour relancer le cadre des négociations commerciales de Doha. Le renforcement de l’efficacité de l’aide et la coordination des bailleurs devraient être des priorités centrales au cours des années à venir.



    Contact: Joachim Arrey, +216 71 10 26 12, j.arrey@afdb.org

    Source : BAD
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