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L'eau et la sécurité, deux questions inextricablement liées



  • Par Charlene Porter
    Rédactrice

    Washington - La question de l'eau donnera du fil à retordre à beaucoup de pays au cours de la prochaine décennie, selon une analyse du gouvernement des États-Unis rendue publique récemment. Pénuries, détérioration de la qualité ou surabondance d'eau sous la forme d'inondations, c'est tout un : en toute probabilité, ces problèmes constitueront une menace pour la stabilité des pays directement concernés, la région dont ils font partie ou les États-Unis.

    Selon une évaluation des risques effectuée par le Bureau du directeur du renseignement national (ODNI), ces difficultés seront suffisamment importantes pour entraîner éventuellement la déliquescence d'États aussi bien que des tensions régionales. En l'absence d'une gestion plus efficace des ressources, prédisent les auteurs du rapport de l'ODNI, il n'y aura pas assez d'eau douce pour satisfaire la demande d'une population mondiale qui ne cesse d'augmenter.

    Les enjeux potentiels évoqués dans l'étude publiée en anglais sous le titre Global Water Security figuraient déjà parmi les raisons qu'avait citées la secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton le 22 mars lorsqu'elle avait annoncé la création d'un partenariat entre les États-Unis, des organisations internationales, des organisations philanthropiques et d'autres groupes désireux de trouver des solutions aux problèmes à venir.

    Le rapport ne prédit pas de " conflit lié à l'eau qui opposerait un État à un autre " dans les dix années à venir, mais le risque de guerre devrait s'accentuer au cours de la décennie suivante. Le manque de ressources nationales qui permettraient de faire face à ces questions sera un facteur clé de l'aggravation du degré d'instabilité susceptible de se produire consécutivement aux problèmes liés à l'eau dans les États concernés.

    La question de l'eau, qui englobe aussi la capacité de contrôle de cette ressource par les États au moyen de grands projets d'infrastructure, aura une influence plus grande à l'avenir dans le rapport de forces entre pays voisins, selon l'ODNI, et les pays exerceront des pressions pour préserver leurs intérêts en la matière. Les ressources en eau et l'infrastructure deviendront " presque certainement " des cibles pour les terroristes ou les extrémistes.

    L'épuisement de la nappe phréatique dans les régions agricoles posera un risque pour les marchés nationaux et mondiaux de produits alimentaires. Nombreux sont les pays qui ont déjà surexploité leurs nappes aquifères pour répondre à l'accroissement de la demande de nourriture, constate l'ODNI. L'assèchement des eaux souterraines entraînera la baisse de la production alimentaire, mais ce cas de figure peut être évité à condition d'utiliser l'eau de manière plus judicieuse. Le rapport de l'ODNI mentionne notamment le recours à l'irrigation au goutte-à-goutte, une meilleure utilisation de la technologie agricole et l'amélioration des réseaux de distribution des denrées alimentaires, et ce pour éviter la détérioration des aliments pendant leur transport jusqu'au marché.

    Une mauvaise gestion des ressources en eau pourrait certes affecter le secteur agricole, mais elle pourrait aussi avoir des répercussions économiques plus vastes. Les secteurs de la manufacture et de l'extraction des ressources ne peuvent pas fonctionner sans eau propre ou sans hydroélectricité. Dans plus d'une quinzaine de pays en développement, c'est l'hydroélectricité qui fournit 80 %, voire plus, de l'électricité produite. Dès lors, le rapport de l'ODNI prévoit un risque élevé pour l'avenir de ces industries en l'absence de l'invention de nouvelles technologies qui pourraient réduire la quantité d'eau qu'elles consomment.

    Le rapport se termine cependant sur une petite lueur d'espoir : l'amélioration de la gestion des ressources en eau, conjuguée à des investissements, offrira des solutions. Comme c'est dans l'agriculture que les besoins sont les plus importants (environ 70 % de la consommation mondiale), " c'est la technologie capable de réduire les besoins en eau dans l'agriculture qui présente potentiellement le meilleur moyen de pallier le manque d'eau ".

    Les États-Unis voient s'offrir à eux des occasions de contribuer davantage à la formulation et à l'application d'une politique de gestion durable des ressources en eau dans les pays en développement, estiment les auteurs du rapport. L'expertise des États-Unis dans ce domaine pourrait aider d'autres pays à mieux gérer ces ressources et à rationaliser leur consommation. D'autres pays pourraient se tourner vers les États-Unis pour élaborer des outils juridiques et institutionnels axés sur le règlement des litiges ou la gestion, dans un esprit de coopération, des ressources en eau partagées par des pays voisins.

    Les plans de gestion des districts hydrographiques apportent à cet égard une certaine mesure de stabilité et de coopération quand ils sont intégrés à des traités et que des organisations régionales font de ce dossier leur cheval de bataille. L'insuffisance de ce type de mécanismes est l'une des raisons principales avancées par l'ODNI comme source potentielle d'instabilité dans certains des grands bassins versants étudiés par les auteurs de l'étude. Ces derniers voient dans l'insuffisance des accords sur l'eau et dans la mauvaise gestion de ces ressources les principaux problèmes à l'origine de la dégradation de la sécurité alimentaire et de l'accroissement des tensions au niveau régional.

    Qualifiant l'eau " d'élément essentiel à la paix, à la stabilité et à la sécurité dans le monde ", Mme Clinton a annoncé le 22 mars la création d'un nouveau partenariat entre divers organismes prêts à mettre leur expérience en matière de questions liées à l'eau au service du règlement des enjeux d'ordre planétaire.

    Ce partenariat réunira plus d'une trentaine d'agences, d'institutions et d'organisations qui possèdent une expérience et un savoir-faire variés sur ces questions. Le rassemblement de partenaires issus d'horizons variés -- dans le gouvernement, l'industrie, les milieux du développement et la gestion de l'environnement -- peut apporter des solutions innovantes aux problèmes liés à l'eau qui compromettent la sécurité nationale et régionale, a expliqué la secrétaire d'État.

    Face à l'augmentation constante de la population mondiale, les ressources en eau de la planète sont de plus en plus sollicitées, à tel point que les pays et les régions pourraient entrer en conflit. Une évaluation récente des risques effectuée par les États-Unis montre qu'une meilleure gestion des ressources et l'amélioration des technologies liées à la consommation et à la distribution d'eau pourraient apporter des solutions.

    Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
    Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html
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