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Nos océans : trésor ou tragédie ?



  • Par Midori Paxton, conseillère technique en écosystèmes et biodiversité, PNUD.

    La mer était un peu trop agitée à mon goût, mais avec un volcan en pleine éruption sur la terre ferme, c’était peut-être quand même la solution la plus sûre ! Armée de mon tuba et de mes palmes, je plongeai donc dans ce monde mystérieux.

    Quelle merveille ! Des poissons de toutes les couleurs rassemblés autour des coraux, des tortues marines battant paisiblement des nageoires et les rayons du soleil disparaissant dans l’obscurité du canyon marin. Ici, les cœlacanthes que l’on croyait disparus depuis 66 millions d'années ont survécu, contrairement aux dinosaures.    

    Les océans abritent des créatures que nous n'avons même pas encore découvertes et assurent la survie de plus de 3 milliards de personnes, tout en régulant la température et l'atmosphère de notre planète.

    Les régions côtières, les mangroves ou encore les vasières sont souvent considérées comme des « garderies pour poissons ». Elles sont aussi un refuge de biodiversité que nous détériorons à nos dépends.  

    L’Objectif de Développement Durable 14 (ODD14) a pour but la conservation d’au moins 10% des zones côtières et marines. Les Aires marines protégées (AMP) constituent un filet de sécurité, mais aujourd’hui, leur extension s’impose si nous voulons protéger notre biodiversité et nos écosystèmes. Au PNUD, nous avons actuellement une quarantaine de projets d'AMP dans 37 pays :

    Sur la côte orientale de l'Inde, un programme communautaire d'écotourisme a contribué à la construction d’une passerelle surélevée en bois de 4 km de long, permettant aux visiteurs de se promener à travers les forêts de mangroves et profiter de sa richesse exceptionnelle. Une partie des recettes de ce projet est reversée à un fonds communautaire destiné au développement local. Les populations locales sont formées à différentes activités lucratives comme la couture, la fabrication de fibre de coco ou encore la production d'objets artisanaux.

    Aux Maldives, nous appuyons une initiative visant à augmenter les AMP dans l’atoll de Baa. Celle-ci représente aujourd’hui près de 47% de l’emploi et 51% des revenus commerciaux de la population locale. La conservation des récifs coralliens protège le littoral des vagues et des tempêtes, permettant ainsi de limiter l'érosion côtière et d’économiser des millions de dollars. Le classement de l’intégralité du territoire des Maldives en réserve de biosphère devrait permettre de maintenir 89% du PIB et 98% des exportations qui dépendent directement de la biodiversité côtière et marine.

    Les progrès accomplis pour atteindre les objectifs de l’ODD 14 avancent doucement. À ce jour, moins de 4% des océans mondiaux sont protégés, et la majorité de cette superficie est sous juridiction nationale. Sachant que 95% des zones marines sont situées au-delà de ces juridictions nationales, ces espaces océaniques protégés constituent donc à peine la partie émergée de l’iceberg.

    Si toutes les AMP dont nous demandons la création étaient réalisées, leur superficie totale atteindrait 6,4% du volume de nos océans. Ce chiffre est loin d’être suffisant, mais il constituerait un bon début.  

    N’oublions pas que les océans sont notre patrimoine commun. Un trésor attire toujours les pirates, et il nous faut donc aujourd’hui plus de gardiens, en l’occurrence des AMP, pour lutter contre la destruction de nos zones marines. C’est rien moins que la beauté et la richesse de notre planète qui sont en jeu. 

    Dans cette série de blogs menant à la conférence sur les océans prévue en juin, des experts du PNUD explorent les questions liées aux océans, aux ressources marines et à la mise en œuvre de l'Objectif de développement durable 14 : « Vie aquatique ».

    Blog du PNUD

    [ODD2030-14]

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