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L'extrême hétérogénéité spatiale - à toutes les échelles - des écosystèmes côtiers tropicaux


Les biologistes marins ont reconnu depuis longtemps l'existence d'une immense province biogéographique tropicale Indo – Ouest Pacifique. De nombreuses espèces marines ont en effet des répartitions immenses qui couvrent tout l'Océan Indien depuis la Mer Rouge et les côtes d'Afrique jusqu'à Hawaii et à la Polynésie française.

Au sein de cette province, le modèle qui prévaut est celui d'un "Triangle du Corail", exceptionnellement riche, avec un gradient de richesse diminuant de part et d'autre. Ce "Triangle du Corail" comprend les Philippines, l'est de l'Indonésie, le nord de la Papouasie Nouvelle-Guinée, et les iles Salomon et c'est ce "Triangle du Corail" qui, au départ, nous avait amené à Madang en 2012, et c'est Madang qui nous a conduit aujourd'hui à Kavieng.

En effet, les résultats de l'expédition Madang avaient montré une biodiversité ne correspondant pas aux prédictions du modèle "Triangle de Corail". Qu'il s'agisse d'algues, de spongiaires, de coraux, de mollusques, de crustacés décapodes, ou d'échinodermes, nos observations avaient montré :

  • une richesse spécifique certes très élevée, mais en deçà de ce qui était attendu (par exemple, 400 espèces de coraux contre 500 dans la partie indonésienne de la Nouvelle-Guinée; 250 macroespèces d'éponges contre 350 à 500) ;
  • l'absence étonnante d'espèces normalement communes ou abondantes ailleurs dans l'ouest du Pacifique ;
  • des manifestations de nanisme (certaines algues; gastéropodes Terebridae).

La question se posait donc de savoir si c'est le lagon de Madang qui représente une exception locale ("mauvaise pioche") ; ou bien si c'est tout le gradient de richesse du "Triangle de Corail" en PNG et aux Salomons qui doit être révisé. Les conséquences de l'une ou l'autre de ces hypothèses sont d'une grande importance en termes de représentation spatiale de la biodiversité marine – et donc en termes de stratégie globale de conservation des récifs coralliens. Il n'y avait pas d'élément qui permettait de trancher. Certes, nos observations avaient montré que le lagon de Madang connaît une anthropisation non négligeable (sédimentation terrigène ; surpêche), mais celle-ci reste très inférieure à la situation que connaissent les Philippines. Le problème est que, sur plus de 1500 kilomètres, il n'y a pas d'autre point de référence sur toute la côte nord de l'ile de Nouvelle-Guinée, depuis les iles Raja Ampat à l'ouest, jusqu'à Milne Bay à l'est. L'inclusion, dans le "Triangle de Corail", de la Papouasie Nouvelle-Guinée et des iles Salomon s'appuie donc sur des données factuelles très ponctuelles... et beaucoup d'extrapolation...

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