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Le virage écologique maîtrisé de l'Azerbaïdjan


On connaissait jusqu'à présent l'Azerbaïdjan pour son folklore multiethnique ou ses champs pétroliers au large de Bakou, sa capitale, dans la mer Caspienne ; moins pour ses engagements pro-environnementaux, il convient de l'admettre. Pourtant, il apparaît que le plus important des pays sud-caucasiens est l'un des plus actifs en la matière, non seulement au niveau local mais également mondial, tandis que l'université de Yale le classait 2ème à l'indice de performance environnementale en 2012.

En une vingtaine d'années, l'Azerbaïdjan, libéré de l'entrave soviétique depuis la chute de l'URSS en 1991, s'est construit en toute indépendance et en quasi-totalité. Les autorités azéries ont tout d'abord su, en partie grâce aux nombreuses politiques européennes, développer l'extraction et l'exportation de leurs ressources en hydrocarbures, amenant le pays à une indépendance aussi bien économique qu'énergétique. Les importantes mannes financières qui en ont découlé ont ensuite permis à l'Azerbaïdjan de financer de nombreux projets de modernisation, notamment en matière de tourisme, comme en témoignent les rénovations et constructions d'immeubles dans la capitale. Si bien qu'aujourd'hui, l'Etat sud-caucasien est un prétendant sérieux au statut de pays techniquement avancé, tandis que son indice de développement humain (IDH) s'élevait en 2012 à 0,734 – soit un IDH élevé.

Le tournant opéré dans les années 2000

C'est précisément parce que l'Azerbaïdjan a très vraisemblablement rejoint une catégorie d'Etat avancé, qu'il a dû engager des réformes en matière d'environnement dans les années 2000. Si le monde développé a en effet pris conscience des enjeux que représentait le développement durable dès les années 1990, l'Etat azerbaïdjanais n'en était qu'à ses balbutiements à l'époque. Il est par conséquent légitime que les questions relatives à l'écologie n'aient pas intégré les priorités du gouvernement d'alors, plus soucieux d'atteindre l'indépendance énergétique et, de fait, économique.

Peu à peu, pourtant, Bakou s'est alignée sur ses homologues et a fait de l'environnement l'un des enjeux fondamentaux de sa politique. Les autorités azéries ont posé les jalons en 2003 de tous les futurs programmes écologiques des années à venir. Avec l'instauration de deux politiques, tout d'abord, visant le développement durable socio-économique et la restauration et l'expansion des forêts ; puis à partir de 2004 avec trois programmes d'Etat tournés vers l'environnement. Mais la principale avancée en la matière intervient en 2006, lorsque le gouvernement lance un plan pour l'amélioration de la situation écologique en Azerbaïdjan pour les années 2006-2010. Non seulement le programme engagé est global - « situation écologique en Azerbaïdjan » - mais il s'étale alors sur plusieurs années, renforçant ainsi la volonté politique sur le projet.

Des progrès certains en matière d'écologie

Ecologie, pluriannualité ; les questions environnementales semblent donc connaître un tournant majeur à la fin de la décennie. En 2012, l'Etat caucasien est ainsi en 2ème position des pays présentant les meilleurs indicateurs d'éco-développement, d'après le classement de l'indice de performance environnementale (IPE) de l'Université de Yale. Couvrant 132 entités étatiques, l'IPE prend en compte 25 critères – dont la santé ou l'état de l'écosystème – et souligne les efforts et progrès réalisés par les pays en matière d'écologie et de développement durable. Ceux de l'Azerbaïdjan se retrouvent principalement dans l'influence de l'environnement sur la santé ainsi que dans les politiques mises en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique.

Cependant, si le classement universitaire est une vitrine idéale pour présenter les progrès réalisés par l'Azerbaïdjan en matière d'écologie, un second classement – général, sur l'état actuel de l'environnement national – place le pays 111ème, soit derrière ses voisins caucasiens géorgiens et arméniens. En cause exclusivement, l'activité soutenue de l'industrie pétrolière au large de Bakou, tandis que la mer Caspienne abrite des champs de gisements importants. Il convient cependant de mentionner l'Azerbaïdjan comme l'unique pays prévoyant des politiques d'assainissement des eaux usées se déversant dans la Caspienne.

En 20 ans, par conséquent, l'Etat sud-caucasien est passé du statut de politiquement indépendant à celui d'économiquement auto-suffisant grâce à ses exportations de pétrole massives. Et tandis que les enjeux relatifs au climat intiment aujourd'hui aux pays les plus développés de la planète de transiter vers une économie plus verte, l'Azerbaïdjan semble en bonne posture pour les rattraper ; les politiques en faveur des énergies renouvelables engagées en 2004 et 2009 commencent à porter leurs fruits : parmi les grandes infrastructures touristiques et hôtelières, émergent çà et là quelques champs éoliens.

 

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