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L'OIT appelle les marques mondiales de vêtements à soutenir la hausse des salaires au Cambodge


Suite à la hausse récente du salaire minimum pour les travailleurs de l'industrie du textile et de la chaussure au Cambodge, des experts de l'ONU ont appelé lundi les grandes marques mondiales fabriquant leurs produits dans le pays à faire leur possible pour aider le secteur à absorber les coûts supplémentaires de main d'œuvre.

Le nouveau salaire minimum, d'un montant mensuel de 128 dollars, est entré en vigueur le 1er janvier 2015. Selon les prévisions de l'Organisation internationale du travail (OIT), il devrait entraîner une augmentation du salaire moyen dans l'industrie du vêtement de 183 à 217 dollars, soit une croissance du coût de la d'œuvre d'environ 18,7%.

« Il est primordial que toutes les parties travaillent ensemble afin de s'assurer que l'industrie du vêtement au Cambodge reste économiquement viable », a déclaré le responsable de l'OIT pour la Thaïlande, le Cambodge et le Laos, Maurizio Bussi. « Nous demandons aux marques mondiales de jouer leur rôle. Nous avons reçu des signes encourageants selon lesquels les acheteurs clés du secteur honoreront les engagements pris en septembre auprès du gouvernement cambodgien ».

Cette hausse fait suite à plusieurs ajustements de même nature depuis 2012, qui ont vu le salaire minimum dans le secteur augmenter de 61 dollars par mois. Parallèlement, les paiements perçus par les usines de fabrication cambodgiennes en échange de leurs produits ont eu tendance à stagner, voire à baisser sur cette même période. Selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), qui dépend du Département du Travail des États-Unis, les prix des importations de vêtements en provenance de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) ont chuté de 4,5% depuis juin 2012.

« Pris entre ces deux évolutions, les usines ont connu une baisse significative de leurs marges d'exploitation au cours des trois dernières années », a déclaré le spécialiste régional de l'OIT sur les questions salariales, Malte Luebker. « En principe, les usines peuvent répondre en augmentant l'efficacité, via des mesures allant d'une meilleure organisation du travail à la réalisation d'économies d'énergie. Toutefois, nos recherches montrent que ces gains sont de nature progressive et ne permettront aux usines de couvrir qu'une faible part de l'augmentation attendue des salaires ».

En effet, les prévisions font état d'une possible croissance de la productivité dans le secteur de l'habillement d'environ 4% en 2015, ce qui autoriserait en principe les usines à augmenter le salaire moyen de 7 dollars, pour atteindre un montant mensuel de 190 dollars, sans risquer une érosion de leurs marges. L'augmentation prévue du salaire moyen à 217 dollars par mois, suite à la hausse récente du salaire minimum, est par conséquent bien plus élevée que les gains susceptibles d'être engrangés par une hausse de la productivité.

Pour combler l'augmentation de la main d'œuvre, à supposer que les autres coûts de production restent inchangés, l'OIT estime que les marques mondiales devront payer les entreprises cambodgiennes entre 2,4 et 3% plus cher.

Sur le marché cambodgien des exportations de vêtements et de chaussures, évalué à 6 milliards de dollars par an, cette faible augmentation pourrait, selon l'OIT, générer des revenus supplémentaires de 160 millions de dollars afin de soutenir l'augmentation des salaires.

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