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Les Peuples autochtones réclament le droit d’être associés dans la gestion des forêts



  • L'association de défense et de promotion des peuples autochtones (ADPPA) que dirige Monsieur Nganga Jean a participé du 10 au 15 avril dernier au Forum International des peuples autochtones (FIPAC), à Impfondo, au Congo. Depuis quelques mois, ADPPA mène une campagne de plaidoyer en vue de la promulgation du projet de loi relatif à la, protection des peuples autochtones. Ce forum a été organisé sous l’initiative de la République du Congo avec l’appui de l’UNICEF, le PNUE et bien d’autres partenaires. De son retour à Brazzaville Monsieur Jean Nganga a bien voulu nous accorder cette interview.

    Monsieur Nganga, vous avez participé au forum international des peuples autochtones, pouvez-vous nous parler de cette rencontre ?

    J.N : J’ai participé au Forum international des peuples autochtones de l’Afrique Centrale (FIPAC) sous le thème : « l’implication des peuples autochtones dans la gestion durable et la conservation des écosystèmes forestier d’Afrique centrale ». A l’issue de cette rencontre, nous avons parlé de l’intégration des peuples autochtones, leur participation dans la gestion des forêts et des écosystèmes. Et surtout de mettre en pratique le projet de loi des peuples autochtones initié par la société civile, notamment son article 29 qui parle des droits permettant aux pygmées de bénéficier des mêmes droits que les peuples Bantous.

    Parlez-nous des peuples autochtones, leur vie et les problèmes qu’ils rencontrent.

    J.N : Les peuples autochtones constituent une minorité au Congo Brazzaville, on les trouve aussi d’autres pays de l’Afrique centrale. Ils vivent dans les forêts ou dans les villages séparés des peuples bantous qui les repoussent. Les peuples autochtones vivent de la cueillette et de la chasse. Ils travaillent pour les bantous qui abusent de leurs services dans les travaux champêtres et sont très mal payés. Ils n’ont pas accès aux services sociaux et de santé; ils n’ont pas des actes de naissance ; n’ont pas de terres ; et ne sont presque pas considérés dans les programmes de développement en général.

    Au regard de ce que vous avez énuméré quelles sont, selon vous les attentes des pygmées, puisque les organisateurs du FIPAC entendent les associer dans la gestion et la protection des écosystèmes?

    J.N : Les peuples autochtones sont vraiment stigmatisés par les bantous. Nous assistons à un esclavage qui ne dit pas son nom. Mais les peuples autochtones eux aussi veulent être reconnus par la loi avoir accès à la santé, à l’éducation... En fait ils souhaiteraient bénéficier de mêmes droits que les bantous.

    Pensez-vous que les gestionnaires de la forêt ont choisi d’associer les peuples autochtones parce que ce sont eux lui qui détruisent les écosystèmes?

    J.N : Lles autochtones vivent du ramassage de la cueillette. C’est un peuple nomade, il se déplace pour se nourrir il n’a pas de moyens pour cultiver la terre comme le fait le peuple bantou. Le peuple autochtone chasse pour nourrir sa famille, par contre le bantou lui chasse pour de besoins commerciaux. Les bantous détruisent non seulement la forêt mais aussi les espèces animales qui y vivent.
    Nous voulons que les peuples autochtones soient toutefois consultés dans la gestion de la forêt. De cette manière, nous aurons une société de respect des droits et de liberté fondamentale. Pour preuve, les peuples autochtones étaient largement représentés. Ils venaient du Gabon, Cameroun de la RDC et de la République Centrafrique. Le gouvernement doit donc manifester la volonté d’adopter cette loi dans le but de promouvoir les droits des peuples autochtones. Si on peut revoir la constitution du 20 janvier 2000 dans son article 12, il prévoit la reconnaissance juridique à tous les citoyens.
    L’article 1er de la loi 0073/84 du 17 octobre 1984 portant code de la famille en République du Congo reconnaît les droits de la personne humaine de sa naissance jusqu’à sa mort.

    Quels sont les résultats que vous avez obtenus à la fin de ce forum ?

    J.N : Nous avons pu mettre à la fin de notre rencontre un réseau avec un plan d’action permettant à chaque pays de faciliter l’intégration des peuples autochtones dans la gestion des forêts. Il faut donc trouver des moyens pour renforcer les capacités de ces peuples pour une gestion durable des ressources naturelles. Nous avons aussi parlé de la mobilisation en vue de permettre aux peuples autochtones de se prendre en charge, d’avoir accès à la santé,l’éducation, la terre, les ressources naturelles,les bénéfices et la gestion durable des revenus forestiers en vue de promouvoir et de valoriser leur culture.

    Nous avons constaté une faible participation des leaders autochtones et une faiblesse au niveau du cadre juridique en faveur des peuples autochtones en Afrique centrale. Nous voulons que les Etats de l’Afrique centrale adhèrent les pygmées aux principaux instruments juridiques.

    Notre Association pour la Défense des Droits des Peuples Autochtones (ADDPA) travaille actuellement en partenariat avec AZUR Développement pour la reconnaissance des droits des pygmées ou peuples autochtones.

    http://pygmiescongobrazza.blogspot.com/
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