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Restaurer la confiance comme un indispensable préalable - Echange entre le Groupe Afrique et l'Europe


Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050 pour l'IEPF

Restaurer la confiance comme un indispensable préalable - Echange entre le Groupe Afrique et l'Europe - Atelier préparatoire de la Francophonie du 25 novembre 2012.

A l'occasion de l'atelier préparatoire "Enjeux et perspectives de la CdP 18 de Doha" organisé par la Francophonie le dimanche 25 novembre à Doha, M. Paul Watkison et M. Tosi Mpanu Mpanu ont échangé sur le partage de la vision mais plus encore sur la nécessité de restaurer la confiance.

Au cours d'un échange à deux voies sur les attentes et les ressentis de l'Europe et de celles du Groupe Afrique les deux orateurs ont montrés qu'au-delà des apparentes difficultés et analyses technocratiques, l'ambition d'une solution à trouver collégialement était indispensable et que les complémentarités devaient être renforcées. Ils ont aussi et surtout lancé un appel à une confiance renouvelée à l'attention de l'ensemble des parties négociatrices.

Sont repris ci-dessous les principaux éléments synthétisés ici pour le lecteur. L'objectif recherché étant que chacun puisse ressentir la densité de l'échange qui a duré tout au plus une quinzaine de minutes et qui a été très riche.

M. Paul Watkinson, Chef de l'équipe française de négociations climat a souligné l'importance de définir des règles comptables communes pour l'ensemble des pays développés. Après 2020, cela pourrait s'adapter à tous les pays. L'Europe a déjà annoncé (et cela sera confirmé à Doha) qu'elle s'engagera sur une période de 8 ans avec une étape intermédiaire qui permettrait de relever le niveau d'ambition sans avoir à repasser dans un processus long de négociation. L'Europe a proposé un texte à Bangkok et, à ce jour, personne n'a encore fait de remarques écrites. Au niveau de l'ambition, il est certain que tout le monde doit faire beaucoup plus que les chiffres tels qu'ils sont annoncés. Les 20 % affichés par l'UE seront atteints. L'Europe voulait que la seconde période soit actée dès Copenhague pour éviter tout risque de lacune juridique en janvier 2013 car la mise en oeuvre d'un accord juridique temporaire pose un certain nombre de problème. Par exemple, pour l'Europe il faudra passer par le Parlement et cela va prendre un temps considérable. C'est pourquoi, la mise en place d'un accord temporaire, même s'il était acté à Doha ne réglerait pas la situation. Par contre des choses peuvent être actées à la CMP afin d'aller vers un calendrier rapide. L'engagement juridique prendra donc un certain temps mais l'engament politique doit être rapide et l'accord serait alors rétroactif. La question de la hauteur des engagements et du maintien des mécanismes existants est essentielle. Cela est vrai et ne doit pas donner à certains pays comme le Japon ou à d'autres l'opportunité de pouvoir quitter le protocole et de mettre en place un processus parallèle basé sur d'autres règles pouvant éventuellement donner lieu à des ventes carbones.
Au sujet de l'ADP (plateforme de Durban), il faut relever le niveau de l'ambition car nous ne sommes pas au rendez-vous (cf les récents rapports PNUE ou de la Banque mondiale qui témoignent que nous serions plutôt sur un scénario de 4 degrés). Il faut mettre la pression sur les pays qui n'ont pas d'engagements ou sur ceux qui ont des engagements trop faibles. Il faut également regarder à côté du Protocole de Kyoto (par exemple, le Protocole de Montréal). Il y a aussi les partenariats qui peuvent, de manière complémentaire, soutenir les objectifs du PK (OACI par exemple).
Les règles négociées à Durban ne doivent pas être ré-ouvertes à Doha mais confortées. Le débat doit aller de l'avant. L'Europe espère pouvoir adopter ici les règles qui vont permettre de faire le nécessaire pour 2015.
Sur le financement, il faut acter la réalité des critiques sur l'insuffisance des contributions mobilisées à ce jour mais l'Europe veut des règles structurées et transparentes. A Doha, nous avons des doutes sur l'obtention d'un accord mais il nous faut une feuille de route claire sur les besoins d'aujourd'hui et sur ceux à l'horizon 2020. Il doit y avoir des objectifs, un chemin entre le "possible" et "l'idéal".
La France, avec l'AFD, va mobiliser 50% des octrois d'ici à 2015 pour les projets sur le climat. Elle mobilisera également une partie des revenus de la taxe sur les transactions.
Pour 2020, il faut à la sortie de Doha, trouver un mécanisme de travail avec les autres organismes (transport, ...) pour dialoguer afin que les actions aient un maximum d'effets sur les différents secteurs et notamment sur le privé.

M. Tosi Mpanu Mpanu a précisé qu'il n'était plus Président du Groupe africain depuis plus d'un an et qu'à ce titre il ne pouvait apporter que la vision d'un africain engagé depuis de longues années dans les négociations climat.
Pour autant, il a exprimé que contrairement à ce que beaucoup de Groupes ou de Parties disaient, la COP de Doha était une grande COP et une COP essentielle pour l'Afrique car elle doit être le lieu de la concrétisation de nombreuses années d'efforts. En particulier, au regard des décisions qui seront prises sur la seconde période du Protocole de Kyoto (PK).

Les journalistes et les politiques ne doivent pas minimiser les attentes de la Conférence.

Le Groupe africain voudrait une période de 5 ans. L'ambition est importante. Le traitement du surplus ne peut pas être emmené dans la deuxième période sous réserve de fausser la deuxième période. Nous ne voulons pas de mécanismes hors du PK (cf la position du Japon). Le fossé de réduction est énorme (voir le Rapport "emission gap report du PNUE"). Les PED (Pays en développement) à l'horizon 2020 pourraient devoir réduire leurs émissions de 5Gt et les PI (Pays industrialisés) de 4 GT.... Le compte n'y est pas et cela est impensable d'acter une telle chose.
Le LCA (Groupe de Travail Spécial sur l'action concertée à long terme au titre de la Convention et qui prendra fin théoriquement à Doha) a bien fonctionné mais il faut que cela se traduise sur le terrain. Le Fonds Vert pour le Climat, le coffre-fort est là mais il est vide. Certains points doivent être prolongés dans d'autres groupes de travail.
La question de la vision partagée à long terme est très liée à la question du financement. Les deux sont liées (transfert de technologie et renforcement de capacité).

Le Groupe Afrique veut que les financements soient nouveaux et additionnels. A Kinshasa on ne dit pas le "Fast start" mais le "Farce start". Il s'agit d'une opportunité ratée des PI car cela aurait permis d'apprendre et de rassurer les PED sur le fait qu'en s'engageant dans le changement, les financements seraient là. Quand nos représentants posent des questions, il nous est dit d'attendre. En clair "se taire et attendre".

Pour les NAMA (Mesures d'atténuation appropriées au niveau national %u2013MAAN- ou NAMAs Nationally appropriate mitigation actions) nous sommes prêts et prêts également pour le MRV (mesurable, reportable et vérifiable). Par exemple en République Démocratique du Congo, mon pays, faire du REDD un NAMA forêt et appliquer des MRV ne nous pose pas de problème.

Le Groupe Afrique, dans les accords sectoriels, insiste pour établir des mesures claires de protection pour les Pays les Moins Avancés %u2013PMA- (transport aérien ou autre).
Pour les nouveaux mécanismes de marché %u2013NMM- nous voulons que l'intégrité environnementale soit garantie. Ces nouveaux mécanismes ne doivent pas donner à certains pays l'opportunité de pouvoir ne plus utiliser les mécanismes déjà en vigueur actuellement et l'ambition doit être un prérequis. Pour les pertes et préjudices, il faut envisager un mécanisme de compensation.

Enfin pour le renforcement de capacités, les modalités actuelles doivent être rénovées. La revue de 2015 doit nous permettre d'évaluer l'écart entre l'ambition et la mise en oeuvre. La question de la responsabilité différenciée ne doit pas être éludée. Il faut restaurer la confiance".

Restaurer la confiance en tant que prérequis à toute annonce nous semble une position de sagesse qu'il est dommage de trop souvent oublier dans les négociations. Espérons que Doha, à ce titre, face exception à la règle et que la confiance soit la base de tous les engagements qui seront pris et annoncés en conclusion de cette 18ème Conférence des Parties.

Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050 pour l'IEPF à Doha, le 26 novembre 2012

[COP18-climat]

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