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L'agriculture familiale au Sénégal et la pauvreté.



  • Les Exploitations Agricoles Familiales (EAF) permettent de garantir la sécurité alimentaire mais également de créer des richesses et des emplois. Au Sénégal, sur les 48,5% de personnes actives dans le secteur primaire, plus de 45% font partis du secteur de l'agriculture de l'élevage et de la forêt. Pourtant, uniquement 24% des ménages agricoles sénégalais arrivent à couvrir leurs besoins céréaliers pour leur production. Le secteur agricole n'est clairement pas la priorité du gouvernement et il n'existe presque aucune politique d'appui sur le long terme concernant les exploitations agricoles familiales (EAF.) Le financement des exploitations agricoles familiales constitue un chantier conséquent dans le domaine de l'agriculture au Sénégal. D'après un rapport publié par le Centre de Gestion et d’Économie Rurale de la Vallée du fleuve Sénégal, les pouvoirs publics sénégalais n'ont pas dépassés les 10% de budget consacré au financement de l'agriculture. Les exploitations agricoles familiales pour qu'elles puissent se développer doivent faire l'objet d'aides par les programmes de développement mais aussi par l'implication des structures de recherches et de conseil. Cela permettrait à ces exploitations de contribuer à l'autosuffisance alimentaire du pays.

    Parmi les cultures des exploitations agricoles familiales, le mil correspond à 40% du total de la production céréalière, suivi du riz (38%), du maïs (14%) et enfin du sorgho (8%.) En 2012, plus de 70% des superficies cultivées en céréales étaient pour cultiver le mil, et représente plus de 40% du total des céréales produites au Sénégal. Parmi les autres plantations cultivées, on trouve du niébé, du coton et de l'arachide.

    L'insécurité alimentaire menace fortement les populations sénégalaises. Selon un rapport de l'Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (AVGSAN), les ménages en milieu rural attribuent plus de 65% de leurs dépenses dans l'alimentation et que plus de 15% de ces ménages seraient en situation d'insécurité alimentaire dont 4% en insécurité alimentaire sévère. En milieu rural, on observe un déficit alimentaire : en moyenne, le déficit céréalier est de 119 kg par personne, ce qui correspond à environ 65% des besoins céréaliers. Dans la région de Matam, l'insécurité alimentaire touche plus de 16% des ménages, pour plus de 50% dans la région de Ziguinchor et 18% dans la région de Sédhiou. Dans les régions où les surfaces dédiées aux céréales sont les plus importantes à savoir les régions de Kaffrine, Fatrick et Kaolack, 60%, 75% et 79% des ménages ne couvrent pas leur besoin céréaliers par l'autoproduction. En 2011, l'Enquête de Suivi de la Pauvreté au Sénégal évalue le taux de pauvreté à plus de 45% dans le pays et à plus de 57% dans les milieux ruraux.

    De plus en plus, on observe que l'agrobusiness se développe progressivement au Sénégal, notamment grâce aux aides de l’État et de bailleurs de fonds, et prend généralement la forme de partenariat public-privé. Cela peut rentrer directement en compétition avec les systèmes d'exploitations agricoles familiales si le secteur émergent de l'agrobusiness n'est pas bien encadré par des règles strictes. Pour promouvoir les exploitations agricoles familiales, il faut également sécuriser davantage les terres afin de lutter contre leur accaparement mais surtout réduire les conflits autour du foncier agricole. La sécurisation foncière est donc un véritable enjeu et amène de nouvelles problématiques comme l'accès des propriétés foncières aux femmes mais aussi la place des jeunes et leur rôle dans les exploitations agricoles familiales. Ainsi, afin de promouvoir ce systèmes d'exploitations, il faudrait de véritables politiques agricoles et des réformes législatives.

    Crédits image : istockphotho, narvikk, 16 mars 2019

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