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96% du territoire tunisien est menacé de désertification


L’Institut tunisien d’études stratégiques vient de publier le rapport d’une étude intitulé : " Revue stratégique de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Tunisie ". L’étude révèle que 96% du territoire tunisien est menacé de désertification. Selon Selmi et Abassi (2013), la dégradation des sols liée à la désertification se manifeste de la façon suivante :

  • 51.9% de la superficie totale du pays est concernée par l’érosion hydrique, 8 millions d’ha sont affectés par une érosion hydrique forte et 0.5 millions d’ha, touchée par une érosion hydrique moyenne. L’érosion hydrique retire 10000 à 30000 ha de terres annuellement, soit 0,1 à 0,3% du PIB ;
  • L’érosion éolienne affecte essentiellement le sud et le centre du pays (notamment les gouvernorats de Mahdia, Kairouan, Sidi Bouzid, Gabès et Sfax). La perte en sol est évaluée entre 0,35 et 0,69% du PIB ;
  • La superficie touchée par la salinisation moyenne à forte est évaluée à 12 millions d’ha, environ 78% de la superficie du pays. Environ 50% des périmètres irrigués sont affectés par la salinisation des sols dont environ 10% sévèrement et près de 100 000 ha de terres irriguées souffrent de la salinisation à différents degrés. La salinisation retire ainsi 3 000 ha de terres productives (irriguées) chaque année et coûte 0.3% du PIB.

Aujourd’hui, 46 % des cultures sont réalisées sur des terres à fertilité limitée ou très faible, et près de 1 100 000 ha sont cultivées sur des terres sensibles à l’érosion. La dégradation de la qualité des sols est liée à l’érosion et aux mauvaises pratiques agricoles dont notamment le recours à la monoculture céréalière. Ainsi, le risque de désertification est lié aux conditions naturelles et climatiques, mais également aux pratiques agricoles qui surexploitent la terre sans qu’il y ait d’infrastructure de soutien. En effet, cette surexploitation des terres agricoles peut être liée à des considérations productivistes mais également de survie pour certains paysans pauvres et qui ne peuvent se permettre d’épargner pour laisser se reposer la terre et sacrifier ainsi les bénéfices immédiats au profit de bénéfices à plus long terme. Alors qu’on s’attend d’ici 2030 à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des années extrêmes sèches, une succession de 2 à 3 années de sécheresse occasionnerait une baisse d’environ la moitié de la production oléicole en sec et des superficies de l’arboriculture en sec en général. Par ailleurs, une étude menée par l’INRA indique qu’une hausse de 2 degrés de la température moyenne globale d’ici 2050, ferait perdre aux pays du Maghreb la moitié de leurs surfaces cultivables. L'étude prévoit de même que 10% des Tunisiens seront menacés d’insécurité alimentaire dans les années à venir.

* Texte tiré de la Revue.

Pexine GBAGUIDI pour Unisféra

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