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"L'Afrique n'est pas un continent pauvre": Alpha Oumar Konaré, Président de la Commission de l'Union africaine au Sommet UE-Afrique.


Déclaration de M. Alpha Oumar Konaré lors de la Conférence de Presse conjointe finale UE-UA.(Lisbonne - 9 Décembre 2007).

Propos recueillis par Kuami WOWOGNO.

"Je voudrais d'abord remercier le Président Kufuor et le Premier Ministre Sócrates pour le leadership dont ils ont su faire preuve au cours de cette rencontre, et aussi avant cette rencontre. Parce que la rencontre de Lisbonne est un aboutissement, parce que depuis de longs mois, de longues années, les deux Commissions travaillent main dans la main, essayent de pousser un certain nombre de dossiers.

"Lisbonne est un aboutissement, mais aussi pour nous, un point de départ. Au cours de cette rencontre, nous sommes heureux que le débat ait été franc, parce que le partenariat avec l'Europe doit être un partenariat gagnant-gagnant. Il faut que l'Afrique gagne dans ce partenariat;
que l'Afrique puisse trouver des réponses à ses mille problèmes, que l'Afriquepuisse trouver le moyen d'apporter des réponses aux besoins de ses populations.

"Vous savez bien quel'Afrique n'est pas un continent pauvre, que l'Afrique a beaucoup de richesses. Même si aujourd'hui nous avons beaucoup de pauvres et que beaucoup d'Etats pauvres se trouvent en Afrique, l'Afrique n'est pas pauvre, et c'est là le paradoxe.

"Parce que cette pauvreté n'est pas une fatalité ; c'est le résultat, il faut le dire, de rapports inégalitaires sur lesquels nous avons mis l'accent. C'est aussi le résultat, il faut le dire, d'une mal gouvernance.

"Ce sont ces deux faits que nous devons prendre en charge, et dans le cadre de partenariat, corriger. Je pense que ce message est compris de nos partenaires et qu'il y a un besoin aujourd'hui, comme je l'ai dit, d'en finir avec le pacte colonial, pour que l'Afrique ne soit pas considéré simplement comme un marché et que les richesses de l'Afrique soient rémunérées à leur prix juste, et que l'on puisse comprendre que pour vaincre la pauvreté il faut créer des richesses, il faut donc créer les conditions de transformer les matières premières de l'Afrique en Afrique.

"Nous sommes tous d'accords aujourd'hui sur cela. Ce programme, nous allons le mettre en oeuvre. Mais nous savons que ce n'est pas cela simplement. Il faut être clair : il y a des problèmes de gouvernance qu'il faut que les africains eux-mêmes prennent à bras le corps sans se vouloir être des donneurs de leçons, les régler et à temps ; sinon, notre continent ne pourra pas s'en sortir.

"Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, ce qui était aussi heureux au cours de cette rencontre, c'est qu'il y a des voix multiples qui se sont exprimées. Grâce à vous, le privé était là, les hommes d'affaires étaient là, les jeunes étaient là, la société civile était là.

"J'espère, et c'est mon souhait, que les messages que ceux-ci ont livrés puissent pénétrer profondément les décisions que nous avons prises et surtout, dans leur mise en oeuvre ; et comme nous avons dit, [sur] les mécanismes d'évaluation, que nous jouions une carte totale de la transparence, pour que ces divers segments puissent être aussi avec nous et voir comment ce partenariat va évoluer.

"Dernière chose que je note, cela s'est passé à côté, mais c'est important comme preuve de notre volonté. Vous l'avez dit, il y a des points de désaccord, mais il n'y a pas de rupture. Nous allons continuer à négocier pour trouver les solutions justes dans l'unité. Ceci me paraît être important.

"La décision juste qui a été prise et qui montre l'engagement commun, c'est que l'Union Européenne a décidé de nommer à Adis Abeba un ambassadeur auprès de l'Union africaine ; ambassadeur différent de celui qui est à Adis Abeba ; un ambassadeur qui aura les moyens et le pouvoir. Je souhaite, et ceci me paraît important, et cela a été noté dans une des déclarations de la société civile, que nous allons travailler en partenariat, et à égalité.

"Je sais que l'Union Européenne est en mutation, avec de nouveaux pouvoirs, mais il est certain, très très nettement et c'est une interpellation à nous-mêmes en tant qu'africains, pour que nous puissions tenir le rythme. Il faut qu'il y ait des changements au sein de l'Union Africaine, qu'il y ait les pouvoir, qu'il y ait les moyens, sinon, cela ne sera pas un partenariat équitable. C'est moins de la faute de nos partenaires que de nous-mêmes ; que nous ayons les pouvoirs, que nos structures soient en place avec les moyens pour pouvoir tenir !

"Monsieur Premier Ministre, c'est cela que je tenais à dire, en vous remerciant pour ce grand succès, parce qu'il s'agit d'un départ où il nous faut, main dans la main, résoudre les problèmes.

"Je sais que nous pouvons compter aussi sur le leadership du Président Kufuor.

Merci beaucoup."


Propos recueillis par :

Kuami WOWOGNO - Lisbonne, 9 décembre 2007.

[SAE2007]
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