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Monts Bamboutos et Bana-Bangangté-Bangou : Les parties prenantes tablent sur les options de conservation et de gestion durable


Dans l’optique de mieux préserver les 7600 hectares de biodiversité que représentent les monts Bamboutos (département du même nom) et les monts Bana-Bangangté-Bangou (départements du Haut-Nkam, du Ndé et des Hauts-Plateaux), le cabinet Rainbow Environment Consult (REC) a été retenu pour réaliser une étude sur les options de conservation et de gestion durable de ces deux paysages situés dans la région de l’Ouest-Cameroun.

Les études commises par l’Ong américaine Rainforest Alliance, à travers un co-financement du Fonds pour l’environnement mondial (GEF), du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Union européenne (UE), sont adossées à la composante 2 du projet consistant à éliminer les obstacles à la conservation de la biodiversité, à la conservation de la biodiversité, à la restauration des terres et à la gestion des durable des forêts à travers une gestion communautaire des paysages (COBALAM). Ledit projet vise à réduire la pression sur les ressources naturelles, en élaborant des plans de gestion participative et intégrée du paysage, d’après le ccordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans les hautes terres de l’Ouest, Jacques Waouo.

Les activités anthropiques menacent les ressources

Au cours du mois de mai, le cabinet Rainbow Environmental Consult a ainsi réalisé des descentes sur le terrain en mai dernier dans les bassins versants des deux hotspots de biodiversité. Le diagnostic de dix jours de terrain a révélé une surexploitation des ressources en eau, des sols et de la faune/flore. D’après Darling Wado Djoumene, chef de mission de REC, le diagnostic réalisé dans six communes des monts Bamboutos (Santa, Babadjou, Mbouda, Batcham, Nkong-Zem et Fongo-Tongo) a fait état des vastes étendues de terres appartenant à des personnes privées, les tensions communautaires pour l’accès à la terre, les conflits dans les bas-fonds marécageux où l’on pratique l’agriculture de contre-saison, de l’utilisation abusive des produits chimiques et de la disparition de certaines espèces fauniques à part quelques reliques de primates, entre autres.

Les réalités sont presqu’identiques dans le paysage des monts Bana-Bangangté-Bangou avec en plus la disparition du raphia, le planting de l’eucalyptus à des fins commerciales, l’exploitation anarchique et abusive des carrières, la démographie galopante et l’urbanisation qui réduit les espaces arables…, fait observer le Pr. Etienne Pamo Tedonkeng, consultant indépendant. Jacques Waouo ajoute l’inexistence d’un système de gouvernance permettant de gérer durablement la ressource en eau, ainsi que l’attribution de titres fonciers à certaines personnes. Dans l’un ou l’autre paysage, la récurrence des activités anthropiques perturbe la stabilité de ces réservoirs de biodiversité.

Propositions concertées et inclusives pour préserver l’eau, les sols et la biodiversité

Considérant le fait que ces paysages sont des zones clés de biodiversité, Rainforest Alliance met un point d’honneur sur leur préservation, afin qu’ils bénéficient aux générations présentes et futures. Pour minimiser la détérioration accélérée de ces paysages, les experts proposent, sous la base des consultations menées auprès des communautés, des sectorielles et de la société civile, des actions durables d’envergure. Il s’agit notamment de la préservation des sources d’eau à la promotion de l’agriculture biologique qui épuise moins les sols et dont les itinéraires techniques visent à mieux conserver les nutriments, du planting des arbres fruitiers (avocatier, manguier, safoutier, oranger, mandarinier) en association avec les produits saisonniers comme la pomme de terre, la carotte, le chou.

Après la situation de base sur le terrain, les propositions d’actions prioritaires au niveau des communes vont davantage dans le sens de la promotion de la production du compost dont une initiative des jeunes a démarré à Bapouh, l’utilisation des semences améliorées et à fort rendement pour améliorer les rendements agricoles, l’intensification des cultures fourragères et la mise en place des points d’eau pour résoudre les conflits entre agriculteurs et éleveurs et limiter les mouvements de transhumance ainsi que le développement de l’élevage des espèces non conventionnelles pour réduire le braconnage. « En dépit des problèmes, il y a énormément de potentialités. Il est possible qu’à la suite de ce diagnostic, les actions concrètes que l’on peut mener sur le terrain soient porteuses, afin qu’on restaure fondamentalement ce paysage tout en arrivant à préserver le bien-être des populations riveraines ou éloignées du paysage », confie le Pr. Etienne Pamo Tedonkeng.

Les populations locales ont en outre encouragé des essences comme le raphia qui, en plus de protéger l’eau, procure un ensemble de services comme le bambou, la fibre qui permet de fabriquer les nattes, le vin blanc et d’autres sous-produits du raphia. A certains endroits, les populations ont recommandé le bambou de Chine qui entre dans l’artisanat avec la fabrication du mobilier entre autres. L’espèce garantit aussi une certaine humidité autour des sources d’eau. Il en va de même du prunier d’Afrique (prunus africana) qui est une essence très prisée en médecine traditionnelle et proposée pour restaurer les forêts sacrées. Certaines espèces végétales à croissance rapide sont également proposées pour délimiter le foncier, à travers le système de bocage.  

Des initiatives en lien avec les ODD

Les propositions faites visent à améliorer les moyens de subsistance des communautés riveraines des paysages des hautes terres de l’Ouest, tout en préservant dans une logique de durabilité les ressources en biodiversité, en eau et des sols. Toutes choses qui cadrent avec la réalisation des objectifs de développement durable 1 (réduction de la pauvreté) et 2 (faim zéro), à en croire William Mala, Senior Manager Landscape and Community à Rainforest Alliance.

Après les récents ateliers de restitution de Babeté et Bangou, les consultants devront intégrer les différentes propositions issues des discussions pour peaufiner leurs rapports. Ils vont également présenter ces rapports au groupe technique de travail du ministère en charge de l’environnement mis en place dans le cadre du projet COBALAM. Le projet s’étend sur la période 2020-2025, pour un coût global du projet est de 3,1 millions de dollars.

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