Les pressions sur le secteur de la publicité pour qu’il entre en transition écologique s’accentuent, à travers deux rapports rendus publics récemment.
Le premier rapport a été publié par Les Amis de la Terre France, Résistance à l’agression publicitaire (RAP) et Communication sans frontières (CSF), en partenariat avec l’ Observatoire des multinationales. Il s’intitule : « Big Corpo. Encadrer la pub et l’influence des multinationales : un impératif écologique et démocratique »
« Décortiquant le rôle central de la publicité et la communication des multinationales dans la surconsommation, ce rapport contient des recommandations concrètes pour réguler ces activités d’influence des entreprises et donner, dans le monde d’après, plus de place aux discours citoyens », explique Résistance à l’agression publicitaire sur son site internet. « Élaboré en lien avec des experts universitaires et avec les apports des 22 associations ayant contribué, ce rapport pionnier sur les enjeux de communication des multinationales montre : que les plus de 30 milliards d’euros annuels de dépenses de communication commerciale en France engendrent directement des phénomènes de surconsommation de produits controversés comme certains véhicules ou produits alimentaires ; que les campagnes de communication dites corporate de certaines industries sur leur responsabilité sociétale contribuent à façonner une image trompeuse dans l’opinion, pour protéger leur valeur financière et influencer les décideurs politiques ; qu’au-delà de son omniprésence dans l’espace public, le marché publicitaire permet aux annonceurs d’exercer une influence éditoriale réelle sur les médias et, par la publicité ciblée sur internet, d’organiser une surveillance de masse. »
Le rapport formule plus de 20 propositions concrètes qui se structurent en quatre grands axes : lutter contre la pollution directe des activités publicitaires, instaurer des mécanismes de régulation indépendante des discours des entreprises, engager des réformes économiques pour réduire la pression commerciale et enfin, soutenir l’indépendance des médias et les discours des associations citoyennes.
La date de publication de ce premier rapport n’est pas anodine : elle est intervenue à quelques jours de la remise du deuxième rapport « Publicité et transition écologique ». Ce dernier a été commandé par le ministère de la Transition écologique en septembre 2019 à Thierry Libaert, conseiller au Comité économique et social européen, et Géraud Guibert, président de la Fabrique écologique. Ils ont auditionné une centaine de personnes.
Le rapport consiste en un « état des lieux des impacts du modèle publicitaire français dans ses aspects économiques, sociaux et environnementaux ; une analyse des avancées les plus significatives à l’échelle européenne et internationale ; des recommandations d’évolution du dispositif actuel afin de l’insérer dans la logique de la transition écologique. »
Les auteurs en tirent une vingtaine de mesures visant à aboutir à la neutralité carbone dans le
secteur. Les mesures préconisées sont souvent plus incitatives que coercitives, tel un système de bonus-malus en fonction du caractère écologique de la publicité. Le rapport appelle aussi à un meilleur encadrement de la publicité dans l’espace public et l’organisation d’États généraux de la publicité.
(Photo C.Everard)
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